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Libérer Julian Assange : Deuxième partie (ContraSpin)

Le mythe qui est devenu l’affaire Russiagate a mis sept ans à voir le jour. Dans cet article, nous examinons jusqu’où remonte la véritable conspiration.

Plus le mensonge est gros...

Le public a été amené à croire que l’élection de 2016 et le rapport Mueller qui en a résulté sont la preuve définitive que WikiLeaks était en quelque sorte de mèche avec la Russie, renforçant la prémisse qu’ils étaient dans une alliance politique avec Donald Trump et sa campagne électorale présidentielle.

D’éminents sceptiques du Russiagate soulignent depuis longtemps la multitude de trous béants inhérents à cette théorie, dont le groupe de défense des droits Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS) qui a produit un travail crédible en analysant les publications WikiLeaks de 2016, qui démolit de manière retentissante les allégations officielles.

Au cours de mes recherches pour cet article, je suis tombée sur une découverte majeure : l’idée fausse que WikiLeaks serait une façade des services de renseignement russes n’est pas nouvelle - elle est propagée par les médias depuis 2009.

Il s’avère que la circulation du mythe WikiLeaks-Russie était une tactique de diversion et de diffamation éprouvée qui a tout simplement été régurgitée en 2016.

Julian Assange croyait que les agences de renseignement britanniques étaient à l’origine de ce récit, et il le déclarait publiquement à la fin de la dernière décennie.

Il ne fait pas de telles affirmations à la légère, et d’autres faits nouveaux viennent étayer ses soupçons.

Souvenirs, souvenirs...

L’ancien terrain de jeu de Julian, le Chaos Communications Club en Allemagne, organise chaque année des conférences annuelles de pirates au cours desquelles Julian avait fait, pendant plusieurs années consécutives, des apparitions qui sont pas passées inaperçues. Vous pouvez voir celle de 2008 ici. Et celle de 2009 ici.

En décembre 2010, seul le transfuge de WikiLeaks (qui fut licencié) Daniel Domscheit-Berg est apparu, apparemment pour promouvoir l’IMMI, l’initiative médiatique islandaise à laquelle WikiLeaks avait collaboré avec Birgitta Jonsdottir du Parti pirate islandais de l’époque, avec d’autres. Cependant, il a profité de sa présence pour dénigrer Julian, faisant passer le message qu’il fallait séparer le soutien à WikiLeaks et le soutien à Julian, et pour promouvoir sa propre initiative OpenLeaks, une initiative concurrente de WikiLeaks (qui n’a jamais décollé et fut un échec retentissant).

L’un des moments les plus intéressants que j’ai pu voir est un court extrait des questions/réponses à la fin de l’intervention de Julian au CCC en 2009. On lui a posé des questions sur les publications de WikiLeaks qui ont dégénéré dans le célèbre scandale britannique connu sous le nom de Climategate. Sa réponse m’a stupéfaite, et a confirmé quelque chose que je connais depuis des années, mais qui est à l’opposé du récit avancé sur WikiLeaks dans les médias.

Russiagate a commencé en 2009 et a été conçu par les mêmes agences de renseignement maléfiques dont Julian a constamment révélé les activités.

Trump, le changement climatique et la Russie, la Russie, la Russie

La publication par WikiLeaks, le 21 novembre 2009, des courriels, données et modèles de la Climatic Research Unit, provenant d’une base de données qui a fait l’objet d’une fuite sur Internet contenant un important projet de recherche universitaire britannique sur le climat remontant à 1996, a provoqué une énorme agitation.

Les rapports initiaux sur son contenu contenaient des allégations selon lesquelles des scientifiques manipulaient les résultats et les méthodes de recherche, conspiraient ensemble pour modifier les conclusions et se comportaient généralement de façon contraire à l’éthique.

Bien que contestés par les scientifiques impliqués, qui ont déclaré que leurs communications étaient prises hors contexte, et par les conclusions d’une myriade d’enquêtes officielles sur la question, les documents ont été largement considérés par les climato-sceptiques comme une validation de leur scepticisme et de leur propre existence. Par les critiques, WikiLeaks fut décrit comme ayant pris une position climato-sceptique en publiant les documents.

C’est le premier cas que je connais où une publication de WikiLeaks fut jugé par des observateurs comme une prise de position politique de la part de l’organisation.

Dans une tentative d’étouffer ce qui était en train de devenir un tumulte mondial, les médias commerciaux du monde entier, menés par les médias britanniques, transformèrent ClimateGate en une occasion de promouvoir leurs propres intérêts géopolitiques : en chœur, ils décrivirent la publication de WikiLeaks comme étant à la fois perpétré par et au profit de la Russie.

"Les journaux britanniques, qui collaborent étroitement avec les services de renseignement britanniques - de nombreux journalistes ont publiquement admis qu’ils ont des briefings secrets avec des services de renseignement britanniques et qu’ils se rendent mutuellement service - ont déclaré que nous avions reçu ces informations du FSB. Ils l’ont dit seulement 3 jours avant la conférence de Copenhague - donc mon opinion est que probablement, pas certainement, peut-être que les journaux l’ont fait de leur propre initiative, mais probablement que le renseignement britannique a essayé de nous faire passer pour un intermédiaire du FSB parce qu’ils n’aimaient pas la vérité contenue dans ces courriels. - Julian Assange, 2009 [souligné par l’auteure].

La seule "preuve" citée par les médias britanniques à l’appui de la théorie « C’est les Russes » était que les fichiers avaient été téléchargés sur un serveur russe dans la ville de Tomsk.

Un article académique du Dr Athina Karatgozianni pour l’Université de Hull, Royaume-Uni, intitulé "Blame It On The Russians : tracking the portrayal of Russian hackers during cyber conflict incidents" mérite d’être cité en détail. Il y est écrit :

"Les pirates informatiques russes ont été blâmés par des douzaines de médias pour le piratage de Climategate, parce que cela correspondait à la couverture médiatique mondiale des incidents de cybercriminalité qui dépeint les Russes comme des pirates informatiques très puissants responsables de nombreux incidents de piratage. Ce récit était également conforme à la nouvelle rhétorique de la guerre froide, qui s’oppose constamment à ce que la Russie agisse en fonction de ses intérêts géopolitiques...[Climategate] était constamment attribuée à la Russie par les médias mondiaux. Cette attribution est particulièrement évidente après que plusieurs personnalités, comme le professeur Jean-Pascal Ypersele, vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ont soutenu le scénario des pirates informatiques russes. Voici quelques exemples typiques des récits qui ont suivi : Des pirates russes ont illégalement obtenu 10 ans de courriels entre les plus grands scientifiques du monde sur le changement climatique " (Kolasinski, 4 décembre 2009) ; "Les médias britanniques et certaines scientifiques des Nations Unies ont suggéré que les services secrets russes, le FSB, étaient complices du vol" (Snapple, 7 janvier 2010) ; "La main secrète derrière les fuites, selon les allégations, est celle des services secrets russes" (Walker, 7 décembre 2009) ; « La Russie, un grand exportateur de pétrole, tente peut-être de saper les appels à la réduction des émissions de carbone » (Telegraph 6 décembre 2009) ; « Ce n’est pas la première fois que des pirates informatiques russes créent un désarroi mondial sur Internet » (MacNicol 7 décembre 2009) ; « Des pirates informatiques russes sont soupçonnés d’être derrière les courriers volés » (McCarthy et Owen 6 décembre 2009). Une couverture typique dans le Times par Tony Halpin résume toutes les raisons pour lesquelles les pirates russes et la Russie ont été immédiatement accusés : Le désir de la Russie de discréditer le sommet, de pauvres hackers talentueux mais sans emploi, le RBN et l’utilisation de hackers patriotiques par le FSB. Tous ces éléments ont été reliés entre eux, ce qui a permis de blâmer les pirates informatiques russes - une mesure déjà prise par les médias mondiaux (Halpin, 7 décembre 2009)".

Dr Athina Karatgozianni

Selon le Dr Karatgozianni, "En fait, avant Tomsk, les fichiers avaient été téléchargés sur des serveurs turcs et saoudiens."

Sans surprise,l’Arabie saoudite se rallia aux climato-sceptiques dans le débat sur les fuites, et souleva la question lors du sommet de Copenhague sur la science climatique, quelques jours après leur publication. Pourtant, leurs intérêts ont souvent échappé à l’attention des médias britanniques et mondiaux qui en ont parlé. Pour les médias, c’était la faute à la Russie et WikiLeaks avait été utilisé comme outil pour promouvoir les intérêts russes.

M. Karatgozianni soutient que le téléchargement sur le serveur de Tomsk n’était pas du tout une preuve de la participation russe. Dans son article, elle écrit :

"Comme les pirates utilisaient des proxies ouverts pour masquer leur identité, ils pouvaient se trouver n’importe où dans le monde. Et si des pirates russes étaient effectivement impliqués, laisser les fichiers à Tomsk aurait été trop évident... Même s’il y a effectivement des individus en Russie ou ailleurs dans l’espace post-soviétique qui se livrent au cybercrime, l’hypothèse de la culpabilité russe renforce dans le monde occidental l’ancienne représentation des Russes du temps de la guerre froide... Les médias mondiaux ont tendance à chercher une influence russe et des implications géopolitiques dans les histoires relatives aux anciens pays de l’Union soviétique et aux pays qui ont connu une influence soviétique".

L’évidence de la ruse rappelle mon propre travail de démontage du scandale du piratage hollandais-russe de 2018. J’ai minutieusement disséqué une histoire relayée par les grands médias au sujet de responsables américains du renseignement qui avaient invoqué l’existence supposée d’opérations de sécurité menées par leurs homologues néerlandais pour revendiquer des preuves irréfutables de l’implication russe dans le piratage du Parti Démocrate à l’approche des élections de 2016.

Les affirmations relayées par les médias étaient tout à fait absurdes – que le piratage du Parti Démocrate s’était produit dans un bâtiment de l’université de Moscou voisin du Kremlin ; les pirates s’étaient coordonnés par SMS sur leurs téléphones portables ; ils avaient été filmés par des caméras de sécurité. Les partisans du canular (des responsables anonymes du renseignement cités dans les reportages des médias occidentaux) ont affirmé être en possession de photos et d’images vidéo du piratage, mais aucune de ces preuves n’a jamais été rendue publique.

Mon article est devenu viral aux Pays-Bas et dans toute l’Europe, surpassant les articles des médias grand public, attirant l’attention de l’"Alliance for Securing Democracy" alias Hamilton68 (un groupe de réflexion occidental soutenu par le renseignement). Comme on pouvait s’y attendre, ils ont attribué la popularité de mon article aux "trolls russes".

Parce l’étendue de leur créativité semble se limiter à accuser les Russes, lorsque leurs opérations psychologiques sont démolies, et malgré tous les efforts des censeurs, le public accède à la vérité.

Mes reportages ont été fortement contextualisés par les informations tirées des dossiers Snowden. Il s’avère que les dossiers Snowden sont également instructifs en ce qui a trait à la surveillance par les services de renseignements des fonctionnaires et diplomates qui participent aux négociations sur les changements climatiques.

Y compris le Sommet de Copenhague sur le changement climatique de 2009.

Les sites Web d’information et d’opinion sur les changements climatiques (oui, il y en a plusieurs), comme ceux qui précèdent, ont tout de suite compris l’importance de l’espionnage.

"Des documents émanant d’un lanceur d’alerte révèlent une vaste opération de renseignement lors de la réunion COP15 2009 dans la capitale danoise", pouvait-on lire dans Climate Change News. Le journaliste Ed King citait Meena Raman, "une experte en négociations du Third World Network basé en Malaisie" : "Les pourparlers de l’ONU sur le climat sont censés porter sur l’instauration de la confiance, qui est menacée depuis des années en raison de la position rétrograde des États-Unis sur l’action climatique", a-t-elle dit".

Comme c’est souvent le cas avec l’espionnage, il ne s’agissait pas seulement d’une surveillance électronique passive, mais aussi d’espions humains. L’article fait référence à des documents de CableGate publiés par WikiLeaks en 2010 :

"Quelques diplomates ont dit à la RTCC qu’ils croyaient que la plupart des salles des pourparlers de Tianjin 2010 en Chine étaient sur écoute. Un autre a parlé de "pièges à miel" [opération qui consiste à monter une affaire de mœurs contre une personnalité que les services souhaitent discréditer - NdT] tendus aux envoyés influents, et un délégué aurait perdu son téléphone officiel en conséquence. Les documents de Snowden ne sont pas les premiers à identifier les sommets de l’ONU sur le climat comme un lit d’intrigues et de sales tours. En 2010, des câbles diplomatiques américains publiés par le site Wikileaks expliquaient en détail comment les États-Unis avaient lancé une offensive diplomatique secrète pour faire en sorte que l’Accord de Copenhague soit approuvé. Il s’agissait notamment d’une aide financière aux pays en développement en échange d’un soutien, ainsi que de menaces pour ceux qui faisaient pression en faveur d’un accord plus solide et plus complet."

Des pièges à miel. Pour des climatologues et des négociateurs tarifaires. On est loin de James Bond, n’est-ce pas ?

Mais en 2009, d’autres factions, ostensiblement engagés dans le débat sur le changement climatique, mais moins favorables à WikiLeaks, y mettaient leur grain de sel.

Leur version des événements peut être résumée comme suit :

  • Cette version de WikiLeaks n’était pas une exclusivité, car les documents étaient déjà disponibles sur le web depuis 4 jours.
  • Que WikiLeaks a minimisé l’intrigue des médias britanniques Russie-Russie-Russie : "Les tabloïds britanniques se sont brièvement intéressés à l’angle russe, et un article est paru dans le Daily Mail, spéculant que des agents des services secrets russes avaient piraté l’UEA et volé les courriels. Mais personne n’a pris cette histoire au sérieux et elle est tombée aux oubliettes en 48 heures."
  • WikiLeaks avait des motivations politiques : « Ils aiment évidemment les fuites qui embarrassent leurs opposants politiques, mais dans ce cas, ils se sont retrouvés avec une fuite qui avait endommagé le camp qu’ils aimaient ; et comme il semble s’agir davantage d’une guerre politique contre des gouvernements qu’un idéal impartial de transparence et de liberté d’information, ils ont dû se démener pour inventer une histoire sur la façon dont elle avait vraiment servi à quelque but plus noble. »

WikiLeaks n’a jamais prétendu que les fichiers Climategate étaient une exclusivité (et n’étaient pas présentés comme telle sur leur site Web, comme le sont leurs exclusivités) et il était de notoriété publique que les fichiers avaient déjà été publiés sur le Web.

Quant au fait que l’organisation soit politiquement motivée pour choisir un camp - une affirmation qui est constamment et sans fondement faite contre WikiLeaks - la preuve est dans le pudding, non ?

Eh bien voyons voir, qu’avons-nous là ?

Examiner ce que WikiLeaks fait est beaucoup plus révélateur que ce que les gens disent qu’il fait.

Cinq jours après l’investiture du Président Trump, devinez ce que WikiLeaks faisait ?

Solliciter des fuites sur l’administration Trump, dans le but de préserver l’information sur le changement climatique qui est en danger.

Cet acte montre clairement que, loin de faire de la lèche à l’administration Trump, WikiLeaks s’en prenait déjà à elle. Il met également à mal ceux qui, dix ans plus tôt, avaient essayé de présenter WikiLeaks comme étant dans le camp des climato-sceptiques, en publiant des documents destinés à soutenir cette thèse.

En fait, ce que WikiLeaks a fait en 2009, c’est préserver des documents qu’ils jugeaient importants pour le public. En 2017, ils s’efforçaient également d’obtenir et de conserver des documents qu’ils jugeaient importants pour le public. Même si les documents étaient issus de camps opposés.

La publication ClimateGate de WikiLeaks n’était pas politique : il s’agissait de préserver des documents d’importance historique.

Des journaux récemment hostiles à WikiLeaks, tels que Mother Jones, ont imprimé par inadvertance une certaine vérité :

"Le fondateur de [WikiLeaks], Julian Assange, a déclaré à PBS [en 2009] que l’université avait essayé de "supprimer des informations qui auraient pu être obtenues via la loi sur la liberté de l’information".

Malheureusement, le reste de cet article de Mother Jones tente de présenter la publication ClimateGate comme un précurseur de Russiagate, mais pour les mauvaises raisons. Il cite un ancien analyste de la NSA : " Si vous étiez un agent russe [et] que vous deviez lancer des opérations d’influence pour le Parti Démocrate, et que quelqu’un vous disait : "’Euh, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée..." littéralement vous lui rétorqueriez ,"regardez comme ça a bien fonctionnée [avec Climategate]", dit Jake Williams, un spécialiste en cybersécurité et ancien analyste à la NSA. "Je ne dirais pas nécessairement que l’une a influencé l’autre, mais c’est certainement une bonne preuve que c’est une technique qui fonctionne."

Il répète ensuite que WikiLeaks avait adapté son calendrier de publication des courriels de Podesta pour interférer dans la campagne anti-Trump : "Et lorsque la campagne Trump s’enfonça dans le chaos après que le Washington Post eut déterré en 2005 une vidéo de Trump se vantant d’avoir attrapé des femmes "par la chatte", WikiLeaks a commencé à publier les courriels de Podesta moins d’une heure après. WikiLeaks a ensuite publié de nouveaux lots de courriels à un rythme quasi quotidien au cours du mois précédant l’élection. Une fois de plus, le timing fut clairement conçu pour obtenir un impact maximum."

Pourtant, nous savons, grâce à Stefania Maurizi (version française), partenaire média de WikiLeaks, que la notification par l’équipe WikiLeaks de la publication imminente des courriels de Podesta a été faite avant l’émergence de la fameuse bande Access Hollywood.

Le timing ne fut pas du tout un plan pour aider Trump ; ce fut une coïncidence.

Maurizi écrit :

"De nombreux médias continuent de rapporter que les courriels de Podesta ont été diffusés quelques minutes seulement après la diffusion de la vidéo Access Hollywood, faisant allusion à une sorte de coordination entre WikiLeaks et la campagne Trump. (... ) Comme j’ai travaillé sur les courriels de Podesta, je sais que leur publication n’était pas une décision de dernière minute. J’avais été alertée la veille, et leur publication échelonnée était un choix que WikiLeaks a fait après que l’organisation ait été sévèrement critiquée par les médias grand public pour avoir publié les documents du DNC d’un seul coup. Cette fois, la publication des courriels s’échelonnerait pour que le public puisse les digérer plus facilement. Mais cela aussi a été critiqué par les médias américains et les Démocrates comme une tentative de porter un coup à Clinton quelques semaines avant les élections."

La vérité n’est qu’à un click de souris

Pour prospérer, le mensonge dépend de la paresse. Pensez aux centaines de milliers, voire aux millions de messages écrits sur WikiLeaks, Trump et la Russie depuis 2016. Combien d’entre eux vous ont dit que WikiLeaks avait publié 14 531 documents sur Donald Trump ? Ou que WikiLeaks a publié 660179 documents sur la Russie ? Pas beaucoup, s’il y en a eu. Au lieu de cela, on vous a dit "WikiLeaks n’a jamais rien publié sur Trump ! WikiLeaks ne publie rien sur la Russie !"

Le public n’est qu’à un click de souris et une recherche par mot-clé sur wikileaks.org de la vérité. Non seulement nous avons été activement trompés, mais nous avons été trompés par des journalistes qui n’ont même pas pris la peine de vérifier les faits les plus élémentaires de leurs propres allégations.

Ce que les gens oublient souvent dans tous les reportages sur le Russiagate, c’est que les fuites du DNC contiennent aussi toutes les données recueillies par l’opposition anti-Trump. On y trouve des tonnes d’informations préjudiciables à sa campagne. Loin d’être épargné par ces fuites, ce fut plutôt le contraire. Mais c’est uniquement que trop peu de gens, en particulier les journalistes des grands médias, ont pris la peine de les examiner.

Grâce à WikiLeaks, j’ai pu étudier les donateurs SuperPAC [organisations destinées à récolter des fonds pour les candidats – NDT] de Trump en 2016 qui figuraient dans les publications. Grâce à WikiLeaks, je sais que l’ancien dirigeant libyen Mummer Kadhafi a loué à Donald Trump un terrain à New York. Je sais aussi, d’après les documents de WikiLeaks, les #GIFiles, que l’Université Trump avait un compte chez Stratfor Global Intelligence et faisait de la publicité par le biais de leurs données privées.

Ce ne sont là que quelques-uns des morceaux savoureux trouvés dans les fichiers WikiLeaks sur Donald Trump, et j’ai déjà beaucoup écrit sur les informations accablantes sur la Russie contenues dans leurs publications. WikiLeaks a cité à plusieurs reprises mon travail sur le sujet, comme d’autres grands journalistes comme Caitlin Johnstone, mais il a été complètement ignoré par le grand public. Pourquoi ?

Parce qu’ils ne veulent pas enquêter sur la Russie. La Russie n’est qu’un bouc émissaire. Ils ne veulent pas non plus enquêter sur Trump. Il n’est qu’un moyen de distraction, un spectacle - par lequel ils divisent et conquièrent le public US, et de plus en plus le public mondial.

Leur véritable objectif est de salir WikiLeaks. WikiLeaks, la seule publication qui conteste de manière significative la suprématie des agences de renseignement. Les puissances ne voient pas Trump, ou la Russie, mais WikiLeaks comme leur véritable ennemi, et leur cible ultime.

Parce que l’éducation du public et l’accès du public à des informations vraies, vérifiées et non filtrées, sur les méfaits et les entreprises criminelles des puissants, effraie bien plus l’élite que ne fera jamais un mandat présidentiel ou ennemi étranger.

Pour en revenir aux racines

"A la lumière des liens de Joseph Mifsud avec les services de renseignement britanniques, tous les chemins du Russiagate mènent à Londres" écrivit Elizabeth Lea Vos dans un scoop d’avril 2018 qui exposait plus en détail l’implication des agents de renseignement britanniques dans Russiagate.

"Est-ce que tout le récit a commencé avec des groupes de renseignement britanniques dans le but de créer l’apparence d’une collusion russe avec la campagne Trump, tout comme le personnage de Guccifer 2.0 a été utilisé aux Etats-Unis pour discréditer la publication des courriels du DNC par WikiLeaks ?" se demanda Vos en exposant une multitude de raisons pour lesquelles cela semble être le cas.

Mais une phrase particulière de son article m’a vraiment frappé. Une phrase convaincante, qui lie Russiagate à Climategate, et le projet pour dépeindre WikiLeaks comme une façade russe, couvrant la période de 2009 à 2016.

Parce que si Assange avait raison comme il a l’habitude de l’être, que le renseignement britannique était à l’origine du coup monté contre la Russie pour Climategate en 2009, et si Vos a raison comme il est maintenant largement admis, que le renseignement britannique était à l’origine du coup monté contre la Russie en 2016, il existe un nom qui relie ces deux événements.

Devinez qui était à la tête du bureau russe du MI6, le service de renseignement du Royaume-Uni, en 2009 ?

Il s’appelle Christopher Steele. (*)

À suivre.....

Suzie Dawson

Traduction "parfois, je me demande ce qui se serait passé si les médias avait correctement rapporté, disons, ne serait-ce que 10% de cette affaire..." par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

(*) EN COMPLEMENT, Christopher Steele... :

Unipolarité contre multipolarité - La véritable ingérence russe dans la politique américaine

Netanyahou crie encore au loup. Que manigance-t-il cette fois ?

Le silence des Skripal - Le gouvernement anglais censure l’information et les médias refont l’histoire.

»» https://contraspin.co.nz/freeing-julian-assange-part-two/
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"This book shows why the Julian Assange case is one of the most important press freedom cases of this century or any other century."—James C. Goodale, former Vice Chairman and General Counsel of The New York Times. “I think the prosecution of him [Assange] would be a very, very bad precedent for publishers … from everything I know, he’s sort of in a classic publisher’s position and I think the law would have a very hard time drawing a distinction between The New York Times and WikiLeaks.” (…)
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