Monsieur le Président Obama
Le premier mai 2013
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500
USA
Monsieur le Président,
Voilà plus de quatorze ans que votre pays retient prisonniers les cinq cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino, et René González. Vous le savez, monsieur le Président, ces cinq patriotes sont parfaitement innocents, et l ‘astuce pour les condamner a consisté à leur attribuer des accusations de type « conspiration en vue de… », ne nécessitant aucune preuve. Comme dit le proverbe, qui veut tuer son chien, l’accuse de la rage !
Attardons-nous ce mois-ci sur leur accusation de « conspiration en vue d’espionner ».
Des sommités de différents domaines de l’intelligence des Etats-Unis tels le colonel George Bucker, l’amiral Eugène Carroll, les généraux Edward Atkeson ou Charles Wilhelm ont déclaré que ces cinq Cubains n’avaient eu accès, ni de près, ni de loin à une quelconque information à caractère stratégique. Aucun document relevant d’un secret d’Etat n’a jamais été en leur possession ! Pourtant ces cinq hommes ont été condamnés à de très lourdes peines pour avoir eu l’intention d’espionner.
De véritables espions qui eux ont été pris avec des documents considérables, n’ont eu par contre que des condamnations relativement légères, voire des libérations sous caution. Voici trois exemples parmi d’autres, qui ont eu lieu sous la présidence de votre prédécesseur.
Pour commencer, le cas ahurissant de Leandro Aragoncillo, ancien Marine de l’armée U.S., arrêté le 5 octobre 2005 dans le New Jersey. Il avait en sa possession la bagatelle de 733 documents secrets en provenance de la Maison Blanche, du Pentagone, et du Département de la Défense. Il espionnait tout en travaillant d’abord pour Al Gore, puis pour Dick Cheney. Il a été condamné à dix ans de prison.
Un des cas les plus spectaculaires est celui de l’agent Donald W. Keyser de l’Agence Centrale d’Intelligence, qui, le 12 décembre 2005, a avoué au juge T. S. Ellis de Washington, avoir volé 28 documents classés « top secret », 1976 documents classés « secret », 1655 documents classés « confidentiel ». Ces documents avaient été remis à Isabelle Cheng, agent des services de l’Intelligence de Taiwan.
Keiser a été laissé en liberté moyennant 500000 dollars de caution et le port d’un bracelet électronique. Il a été condamné le 22 janvier 2007 à un an et un jour de prison et à une amende de 25000 dollars, sans avoir été accusé ni d’espionnage, ni de conspiration en vue d’espionnage ! Il avait déjà été pris la main dans le sac en 2000, pour le vol de l’ordinateur portable de la secrétaire d‘Etat Madeleine Albright, ce qui ne l’avait pas empêché d’être nommé à la Direction Générale des Services Extérieurs.
Pour terminer, l’exemple de l’espion Lawrence A. Franklin. Ce collaborateur de Donald Rumsfeld a espionné pendant des années pour le compte d’Israël. Il a remis aux agents d’Israël Steve Rosen, Keith Weissman et Naor Gilon une quantité impressionnante de renseignements du Pentagone concernant l’Iran. Les deux premiers agents avaient pour couverture un travail à « l’American Israël Political Comittee », le plus grand groupe de lobby israélien à Washington, le troisième était conseiller politique à l’ambassade de Tel Aviv à Washington.
Lawrence A. Franklin a été condamné à un an de prison en 2006 avant d’être libéré sous caution.
Vous le voyez, Monsieur le Président, les cinq Cubains qui eux ne sont pas des espions sont des enfants de chœur à côté de ces grosses pointures de l’espionnage. Ils avaient pour mission d’infiltrer les groupes mafieux de Miami, ce qui n’est pas du tout la même chose. Les Cinq ont permis en juin 1998 la remise au F.B.I. d’un nombre considérable de documents, et ont évité bien des attentats.
En attendant leur libération qui tôt ou tard arrivera car la justice vaincra, ces cinq hommes sont toujours privés de liberté.
Ramón Labañino et Gerardo Hernández ont eu la douleur de perdre leur mère durant leur détention.
René González qui est en liberté surveillée aux Etats-Unis depuis 2011, alors qu’il a purgé complètement sa peine, ne peut regagner Cuba avant 2014. En 2012 il a perdu son frère Roberto. Il vient de perdre son père, sans avoir pu par sa présence, adoucir sa fin de vie.
Depuis leur arrestation en septembre 1998, l’espoir s’amenuise chaque jour pour Gerardo Hernández, Fernando González, et leurs épouses, d’avoir des enfants.
Votre pays continue de refuser le visa d’entrée aux Etats-Unis aux épouses de Gerardo Hernández et de René González, situation inhumaine pour ces deux couples.
A ces injustices s’ajoutent souvent des brimades, surtout pour Gerardo Hernández qui est toujours dans une prison de haute sécurité. Par exemple le 7 avril dernier, l’acteur Danny Glover est allé dans sa prison de Californie lui rendre visite. Il a malheureusement dû repartir sans l’avoir vu, la visite lui ayant été refusée. Danny Glover fait pourtant partie des personnes autorisées à rendre visite à Gerardo Hernández.
Comme vous le voyez, Monsieur le président, votre administration se livre à un véritable acharnement contre ces cinq patriotes. Nous souhaitons vraiment un retour de votre part à des valeurs dignes du prix Nobel qui vous a été attribué. Vous avez la possibilité de mettre fin à une telle injustice envers les Cinq, agissez vite !
Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.
Jacqueline Roussie
xxxx (France)
Copies envoyées à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Kathryn Ruemmler, Janet Napolitano, à Messieurs. Joe Biden, John F. Kerry, Harry Reid, Eric Holder, Denis MacDonough, Pete Rouse, Rick Scott, et Charles Rivkin, ambassadeur des Etats-Unis en France.