Avant cela, un long éditorial de Paul Ariès sur la toxicité du FN. Article très argumenté dont je livre simplement cette réflexion qui remet bien des pendules à l’heure : « Les électeurs du FN ne sont pas des enfants perdus de la gauche mais les bâtards des gauches perdues. »
Dans Le profilage des populations (livre récent dont Les Zindigné(e)s offre des extraits, Armand Mattelart et André Vitalis rappelle que le livret ouvrier date de Napoléon, à l’époque du triomphe du libre échange. Aujourd’hui, expliquent les auteurs, il est inutile de convoquer Big Brother, 1984 décrivant une société totalitaire, alors que la surveillance de masse aujourd’hui s’exerce sur des populations de pays en principe démocratique. Une surveillance qui dans les faits, est incapable, et ne sert pas à prévenir, comme l’a récemment montré, malgré les milliers de caméras situées sur la Cote d’Azur, de la deuxième (ou première ?) fortune de Monaco. Quant au monde d’internet, c’est théoriquement un monde de liberté, mais sous le regard des puissances économiques et policières.
Mattelart et Vitalis pensent qu’il faut rapidement restaurer l’autorité de la CNIL dont les prérogatives n’ont cessé d’être rognées.
Thierry Brugvin explique en quoi les services secrets sont, in fine, au service des élites capitalistes, ceux des industries de l’armement en particulier.
Michel Lepesant pense que « la croissance, c’est fini » : « Le train fou de la croissance va peut-être s’arrêter mais depuis trop longtemps il a dépassé le plafond de la soutenabilité écologique. »
Florent Bussy réfléchit sur la voiture, fantasme ou liberté. Elle alimente nos rêves, mais, pour beaucoup, elle est indispensable à une vie de qualité. Pourquoi sommes-nous dépendants ?
Aurélien Bernier (“ Pour un protectionnisme écologique et social ”) met en pièce le postulat du socialiste bien connu Pascal Lamy selon lequel « L’ouverture commerciale crée de la concurrence, qui crée de la spécialisation, qui crée de l’efficience, qui crée de la croissance ».
Frédéric Viale (ATTAC) explique que les négociations sur les accords de libre échange n’ont rien à voir avec l’abaissement des droits de douane mais avec la fin définitive des normes intérieures des États.
Vincent Liégey se demande s’il est possible de relocaliser. Ce ne sera possible que si l’on redonne un sens social et environnemental à la production.
Boris Bilia et Hadrien Toucel (le PG) estime qu’il faut mettre rapidement en place un contrôle des capitaux et introduire des contraintes de relocalisation dans la commande publique.
Thierry Brugvin demande comment concilier commerce équitable et relocalisation écosocialiste. Le commerce équitable pourrait être majoritairement Sud-Sud et Nord-Nord.
Samir Amin (“ Émergence ou lumpen développement ” pense que « l’émergence ne se mesure ni par un taux de croissance du PIB élevé sur une période longue, ni par le fait que la société concernée ait atteint un niveau élevé de son PIB per capita. L’émergence implique bien davantage. Un pays n’est émergent que dans la mesure où la logique mise en œuvre par le pouvoir s’assigne l’objectif de construire et de renforcer une économie autocentrée (fut-elle ouverte sur l’extérieur) et d’affirmer par là même sa souveraineté économique nationale. L’émergence est aussi un projet politique et pas seulement économique. » Attention au « maldéveloppement », au lumpen développement. S. Amin estime que la Turquie, l’Iran et l’Égypte font désormais partie du groupe des pays non-émergents.
Pour la grammairienne Viviane Point, le succès du discours de M. Le Pen s’explique en priorité par son aptitude à évacuer toute idéologie. Elle utilise par ailleurs un discours de la terreur, un discours de l’émotion, non rationnel.
La philosophe Véronique Bergen est une spécialiste de la mode. Elle explique pourquoi la mode est un laboratoire du social.
Pour Nicolas Desbois, c’est dans l’osmose entre l’homme et la consommation que l’idéologie dominante trouve une de ses portes d’entrée favorites pour venir nous habiter.
Cela n’empêcge pas, selon Yann Fiévet, la « grande distrib’ » (comme il faut dire) de prospérer : « L’économie est en panne, au grand dam des fanas de la Croissance providentielle qui ne cessent d’annoncer son retour prochain.
En attendant le miracle l’argent manque, nous dit-on, pour financer ce qui devrait demeurer l’essentiel : la construction de logements sociaux ou le financements de projets économiques plus doux à l’environnement et moins gourmands en énergie. Il est au moins un domaine qui rompt avec ce constat de l’investissement défaillant : la Grande distrib ». Partout en France des centres commerciaux toujours plus vastes continuent de sortir de terre, d’une terre. »