Travailleurs réjouissez vous : « Le chômage baisse depuis 2006 » !
C’est l’INSEE qui l’affirme, dans son bulletin (désormais mensuel) n° 1164 de novembre 2007. « Le chômage s’établit en moyenne, de 2004 à 2006 à 8,8 % de la population active, soit 2,4 millions de personnes, et serait de 8,1 % au 2ème trimestre 2007 ». On connaît la supercherie consistant à ne prendre en compte qu’une seule des 8 catégories de travailleurs en demande d’emploi, et par exemple ne pas comptabiliser les personnes en stage. On sait par ailleurs les effets de la politique de radiation par les ANPE, ainsi que la disparition dans les chiffres, des travailleurs non indemnisés, de plus de 55 ans, dispensés de recherche d’emploi ! Cela ne devait pas suffire à masquer la réelle augmentation du chômage, ou le quasi chômage que sont les temps partiels et autres boulots précarisés. Dorénavant, au nom « d’améliorations méthodologiques, l’INSEE s’est rapprochée de l’interprétation communautaire, celle de l’office statistique des communautés européennes (EUROSTAT) ». Ainsi, et c’est l’INSEE qui l’écrit : « La définition de la recherche d’emploi est devenue plus restrictive. En particulier, le simple renouvellement de l’inscription à l’ANPE n’est plus considéré comme une démarche d’emploi ». Par ailleurs : « La population mesurée par l’enquête emploi (mensuelle) n’inclut plus les personnes vivant en communautés (foyers, internats, hôpitaux et prisons), parce que non représentatives ». C’est bien connu, un taulard, un malade hospitalisé, une femme et son enfant seul en foyer d’urgence, n’existent pas dans les comptes ! Circulez, il n’y a rien à voir ! Cette « amélioration méthodologique » fait ainsi disparaître des chiffres 0,9 % de demandeurs d’emploi : après tout, en période électorale, 8,8 % de taux de chômage, c’est toujours mieux que 9,7 % ! Le miracle de la méthodologie est là , et on comprend mieux le retard dans la parution des vrais chiffres au moment des présidentielles, et le silence actuel d’avant municipales ! Il fallait revoir cette sacro sainte méthodologie ! Cela étant, à la lecture attentive du bulletin, l’INSEE a du mal à cacher certaines réalités contredisant totalement ses propres analyses :
Page 2, « Le chômage est en hausse chez les peu ou pas diplômés, il est passé de 12,9 % à 14% de 2004 à 2006 ».
Page 2, « le taux de chômage des femmes recule en 2006, sauf pour les jeunes femmes ».
Page 3, « La part des chômeurs de longue durée augmente, et est passée de 40,8% à 42,3% ». On comprend mieux les politiques de radiation, de dispenses de recherche d’emploi sans parler bien sûr de la non prise en compte du travail précaire, à temps très partiel, en particulier pour les femmes ! Les chiffres sont encore là , page 4 :
« Le chômage des 15/24 ans est passé de 20,4 %à 22,2% ».
« Celui des sans diplômes ou avec CEP de 12,9% à 14% ».
« Le taux des chômeurs de plus d’un an de 40,8% à 42,3% ».
« La part du travail à temps partiel de 16,7% à 17,2% ».
« Le sous emploi (ceux qui voudraient bien travailler plus !) concerne aujourd’hui 1,3 millions de travailleurs, soit 5,3% ».
« Les salariés intérimaires passent de 1,9% à 2,2%, et les CDD de 8,2% à 8% »…Pendant que les CDI tombent de « 78,2% à 77,1% ». En conclusion, mais on le savait, chômage et précarité du travail ne cessent d’augmenter, et toutes les manipulations, tous les trucages statistiques n’y changeront rien ! Le capitalisme et l’Etat à sa solde essaient de masquer les effets de leurs politiques barbares, les médias récitent les ordres élyséens… A force d’en faire trop, il y a d’autres chiffres qui pourraient bien apparaître, ceux des révoltés, des grévistes ! Dans 3 mois, 1968 aura 40 ans ! ! !
Pierre noire
le vendredi 8 février 2008 à 19h07