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Nous ne saurons sans doute jamais quelles sont les causes réelles de l’accident

Les suites de l’accident de l’Airbus russe : recomposition multipolaire du Moyen-Orient

« Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Albert Einstein

Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2015 un avion affrété par une compagnie russe qui devait relier la station balnéaire de Charm El Cheikh à Saint-Petersbourg tombait dans le Sinaï avec 224 passagers à bord dont aucun n’est sorti vivant. Le drame porte un nouveau coup dur au tourisme en Egypte, un pays déjà affecté par des années d’instabilité depuis la chute de Moubarak à l’issue d’une révolte populaire en 2011. La Russie, d’abord restée prudente face à la thèse d’un attentat, a ordonné la suspension de ses vols civils vers l’Egypte.

« Le gouvernement égyptien a déclaré que l’enquête n’avait pas encore permis de dégager une explication. Le dépistage des boîtes noires permet pourtant de « privilégier fortement » l’hypothèse de l’explosion d’une bombe, selon une source proche du dossier. (...) La veille, une source proche du dossier a pourtant indiqué que l’analyse des deux boîtes noires, croisée avec des relevés sur les lieux de l’accident, permettait pourtant de « privilégier fortement » l’hypothèse d’un attentat à la bombe. Pourtant, une autre source proche du dossier a expliqué que l’analyse d’une boîte noire confirmait le caractère « brutal » et « soudain » de l’événement ayant précipité la chute de l’appareil, précisant que des photos montrant certains débris criblés d’impacts allant de l’intérieur vers l’extérieur « accréditent plutôt la thèse d’un engin pyrotechnique ».(1) Aux dernières nouvelles, les enquêteurs n’ont trouvé aucune trace de matière explosive soit parmi les débris de l’avion soit sur les corps des passagers, selon le journal égyptien Almasry Alyoum. Le fait que l’enquête soit effectuée par des équipes de plusieurs pays balayera toute tentative visant à altérer les conclusions de l’enquête.

Les causes possibles de la chute de l’avion

Valentin Vasilescu décrypte les causes possibles : elles peuvent être dues soit à quelque chose qui a touché la structure ou les installations de l’avion, soit à des causes externes. La première cause invoquée par la presse à la suite de la rupture apparente dans les airs, a été la dépressurisation de l’avion (...) Seulement, les fissures auraient conduit à une dépressurisation dès 4000 m, ce qui aurait été signalé par les capteurs à bord (...) La chaîne NBC a cité des sources du Pentagone qui prétendent qu’un satellite militaire étasunien aurait détecté sur le lieu de l’accident et au moment où celui-ci s’est produit, un dégagement de chaleur et de lumière. Si les Etasuniens disent la vérité, ce pourrait être l’explosion d’un moteur ou d’un réservoir de carburant ou une collision avec un autre avion, une attaque d’un missile sol-air ou air-air ou une bombe à bord. L’explosion d’un réservoir de carburant est possible, (...) Même un accident en raison de l’explosion de l’un des deux moteurs est hautement improbable, car, en raison de la vitesse de vol, les rejets des turboréacteurs se produisent derrière l’avion. Même avec un seul moteur l’avion aurait été capable de se maintenir en l’air. Une collision accidentelle avec un autre avion commercial est extrêmement rare (...) Une collision de l’avion A321 avec un drone israélien est très peu probable, car, pour les missions de surveillance des islamistes, les drones Eitan ne dépassent pas 4000 m. En outre, la collision aurait laissé une grande partie du drone sur le site de l’accident de l’avion A321. » (2)

« L’hypothèse d’une attaque par un missile sol-air. est basée sur les déclarations des dirigeants de l’EI qui prétendent avoir abattu l’avion russe, en réponse au bombardement de l’aviation russe en Syrie. Les autorités égyptiennes ont saisi plusieurs lance-missiles SA-7 Grail venant de Libye. Le 28 Janvier 2014, un hélicoptère égyptien Mi-17 a été abattu avec un de ces missiles. Mais l’A321 ne peut pas avoir été abattu par des Manpads, étant donné que l’altitude maximale que peuvent atteindre ces missiles est de 5000-6000 m ». (2)

« Une hypothèse poursuit l’auteur, qui tombe dans le conspirationnisme circule sur Internet et se réfère à la prise de contrôle de l’extérieur de l’avion A 321. Cette hypothèse est alimentée par la disparition « radar » de l’avion A 321 à 06h14, 3 minutes avant qu’il ne percute le sol, qui correspond au début de l’évolution chaotique de l’avion (...) Le mystère s’épaissit encore plus puisque les organes de trafic aérien égyptiens n’ont reçu aucun message vocal d’alerte par radio de la part de l’équipage de l’avion A 321. Ce qui pourrait signifier que soit la station de radio de l’avion a été éteinte, ou qu’elle a été brouillée par quelqu’un. (...) Une intervention sur le logiciel du pilote automatique de l’avion 321 par un programme précédemment introduit, ou par émission à partir du sol, peut engendrer une manoeuvre à laquelle l’équipage ne peut remédier. La technologie permet ce qui a été illustré par le drone « invisible » étasunien RQ-170 Sentinel, exploité par la CIA et qui a été envoyé, le 4 décembre 2011, en mission d’espionnage dans le nord-est de l’Iran. Il a été brouillé sur ses deux canaux qui le reliaient à son pilote. Les Iraniens ont pris le contrôle à distance du RQ-170 Sentinel, le faisant atterrir en bon état sur un aérodrome militaire iranien près de Kashmar. » (2)

« Il y a eu des discussions sur Internet au sujet de l’Unité 8200 de l’armée israélienne, stationnée au Kibboutz Urim, à 80 km au nord-nord-est du site de l’accident de l’avion. L’Unité 8200 peut agir en brouillant les systèmes de communication entre les avions et les points de contrôle au sol, et les systèmes de navigation aérienne utilisés par les ennemis d’Israël. Personnellement, je crois que l’unité 8200 peut avoir de telles capacités, mais je pense qu’aucun général israélien ne peut donner un ordre dans ce sens. Je ne crois pas à l’hypothèse d’une bombe à bord (...) Une horloge est exclue, puisque l’avion A321 peut avoir un retard imprévu et les bagages pourraient exploser dans l’aire des bagages sur la plateforme de Charm el-Cheikh.(..) Une détonation déclenchée par appel sur un téléphone mobile est totalement improbable, car il est nécessaire qu’il ne soit pas brouillé par les équipements électroniques à bord et que quelqu’un connaisse la route suivie par l’avion A321. »(2)

La piste saoudienne

Une source au sein du renseignement russe vient de confirmer que le gouvernement russe n’allait pas communiquer ses conclusions préliminaires sur l’accident du A321 dans le Sinaï. « Cependant, leur service de renseignement désigne clairement l’Arabie saoudite comme le responsable de l’attentat à la bombe qui a tué 244 personnes.
Le renseignement égyptien a été pleinement complice de l’attentat terroriste. Les sources ont déclaré : « La moitié des Égyptiens travaillent pour Israël, l’autre moitié pour l’Arabie saoudite de toute façon, l’Égypte n’a pas de services de sécurité, seulement des espions payés par l’étranger. » (3)

« Le fait d’abattre un avion de ligne russe était-il destiné à pousser Poutine à la faute, peut-être de saborder les négociations de Vienne et les accords de Minsk, et peut-être même l’accord sur le nucléaire iranien ? (...) Ceci ne nous laisse que l’hypothèse d’une bombe placée à bord à l’aéroport de Charm el-Cheikh, d’un modèle dont l’explosion pouvait être précisément prévue, non seulement en fonction de l’heure et de l’altitude, mais des deux facteurs combinés et peut-être même de la vitesse ou qui pouvait être déclenchée à distance en piratant un des systèmes de communication de l’avion. Cela exige un haut degré de sophistication pour déclencher une bombe directement au-dessus d’une équipe de prise de vues. La clé de notre enquête a été la localisation de la position de l’équipe vidéo. (...) pour faire la vidéo de l’explosion de l’avion, il fallait savoir quand la bombe allait se déclencher et à peu près où, pour être en mesure de réaliser les prises de vue vidéo. C’est forcément l’oeuvre d’un grand service de renseignement (ou de plusieurs). La vidéo a également exclu la possibilité d’une frappe de missile, car on ne voit pas de traînée.(...) Cela ne nous laisse que l’hypothèse de la bombe embarquée. (3)

Serait-ce un false flag ?

Nous ne saurons sans doute jamais quelles sont les causes réelles du crash de l’avion de ligne russe dans le Sinaï, mais une chose est sûre : il ne s’agit pas d’un attentat terroriste perpétré par l’Etat islamique. (...) Le plus risible dans cette dernière revendication, c’est que l’Etat islamique ne savait pas encore comment l’avion s’était écrasé. (...) Les terroristes apprendront comment ils ont procédé grâce à Londres et Washington. Ce n’est plus un missile, mais une bombe à bord. (...) Généralement, les terroristes, qu’ils soient de vrais ou de faux terroristes, se battent et risquent leurs vies pour des raisons précises.(...) » (4)

La conclusion que l’on pourrait tirer de tout cela, c’est que les terroristes du Sinaï ne sont pas des Frères musulmans et n’ont pas pour ennemi Israël, mais l’Egypte, quel que soit son gouvernement. Ils n’ont aucune idéologie qui les anime et n’ont d’autres objectifs dans la région que d’être une source permanente de déstabilisation non loin des frontières israéliennes. (...) S’ils ne sont ni Frères musulmans ni wahhabites, qui peuvent-ils bien être, sinon des mercenaires ou des commandos d’un pays étranger ? (...) Ce serait donc ces mercenaires ou commandos, ou les deux à la fois, qui seraient responsables des actes de subversion au Sinaï, qu’ils font passer ensuite pour des attaques terroristes. Dès lors, la bombe posée à Charm El Cheikh par des terroristes n’a plus aucun sens. Si bombe il y avait, ce qui est tout à fait possible, il faudrait alors en chercher le commanditaire plutôt à Londres, Washington ou Tel-Aviv, et non à Raqqa ou Mossoul. Dans cette hypothèse, il s’agirait ni plus ni moins que d’un false flag. (...) Un false flag ayant toujours un objectif, la question qui reste posée es t : quel est cet objectif ? En tout cas, tout est en train d’être ficelé pour donner du poids à la thèse de la bombe. » (4)

Intense guerre souterraine autour de l’accident

Une guerre se produit et des alliances se nouent pour une cause commune. On apprend que l’élimination du dirigeant de la branche égyptienne de Daesh au Caire serait peut-être l’oeuvre d’une unité des SAS britanniques ou une unité Alpha des Spetsnaz russes. « La police égyptienne a officiellement lit-on, sur cette contribution, confirmé la mort de Ashraf Ali Hassanein Gharabli dans une fusillade hier au Caire où il a tenté de riposter avec une arme de poing. Mais diverses sources indiquent que les renseignements britanniques et leurs homologues russes seraient derrière cette élimination dans le cadre d’une gigantesque chasse à l’homme à l’encontre de l’ensemble des réseaux impliqués de près ou de loin dans la destruction de l’Airbus A321. Inutile de préciser la nature de cette étrange cohabitation forcée entre deux ennemis jurés et la relation fort méfiante qu’entretiennent ces deux derniers avec le renseignement égyptien, accusé par les Russes de rouler pour l’Arabie saoudite ou Israël selon la loi de l’offre la plus élevée. (...) Les Russes et les Egyptiens ont totalement exclu toute participation américaine à l’enquête. Moscou et Le Caire ont rejeté l’aide du FBI. » (5)

Comment se fait-il que les rapports entre les différents belligérants (non déclarés) soient à ce point mauvais qu’on s’en prenne à de pauvres victimes innocentes ? Les décisions de Poutine de porter assistance à Al Assad et de combattre efficacement Daesh ne sont pas étrangères à cela. Les pays occidentaux qui ont toujours deux fers au feu ont combattu mollement Daech depuis un an. On dit même que les Etasuniens ont créé et conforté Daesh. Selon USA Today : « Le Pentagone a dépensé 384 millions de dollars pour armer Daesh ». Il y a donc à n’en point doter un repositionnement au Moyen-Orient et l’Otan donne l’impression de perdre du terrain. « L’Otan a perdu contre la Russie dans la course aux armements », a écrit un journal étasunien.. L’Otan a été prise au dépourvu par de nouvelles performances de l’armée russe. Le Huffington Post en a cité quatre preuves. Avant tout, c’est la rapidité et la bonne organisation de l’armée russe qui entre en jeu. La Russie est capable d’entamer en un clin d’oeil des exercices militaires de grande envergure avec la participation de dizaines de milliers de soldats. Les pays de l’Otan, par contre, y prennent deux ans de préparatifs. A titre d’exemple, l’édition cite les manoeuvres Trident Juncture-2015, organisées par l’Otan du 28 septembre au 6 novembre, dont la préparation a duré deux ans et demi. Viennent ensuite les performances techniques de l’armée russe. Ainsi, le général de la Bundeswehr (armée allemande) Hans-Lothar Domröse les a qualifiées d’ « inattendues ». Il a mentionné « Kalibr » système de missiles multirôles avec lequel la Russie opère depuis la mer Caspienne. (...) Mentionnons également les désaccords au sein de l’Otan, les points de vue des 28 pays sur certaines questions. « Les Russes agissent de manière plus décisive, flexible et coordonnée. » (6)

Les reniements de l’Europe

Analysant le basculement spectaculaire au Moyen-Orient, Olivier Zajec écrit : « Coup double pour le président russe, qui vient de faire irruption sur le champ de bataille syrien. M.Vladimir Poutine a fait savoir qu’il avait reçu au Kremlin le président Bachar Al-Assad ; dans la foulée, il a organisé une réunion quadripartite (Etats-Unis, Russie, Arabie saoudite, Turquie) sur le « processus politique » censé succéder aux frappes militaires. Une fois de plus, la France semble hors-jeu. Est-il temps de faire de l’Iran notre ami et de l’Arabie saoudite notre ennemie ? » Sous ce titre provocateur, le chroniqueur britannique Michael Axworthy notait en janvier 2015 que « l’idée selon laquelle l’Iran est devenu une force de stabilité dans la région du Golfe relève désormais de l’évidence acceptée ». On est bien loin de la rhétorique de l’« axe du mal ». (...) Ni le discours enflammé du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou devant le Congrès des Etats-Unis, le 3 mars 2015, ni les combats d’arrière-garde des disciples néoconservateurs de Thérèse Delpech au Quai d’Orsay ne sont parvenus à prévenir ce renversement des mentalités. L’Iran n’est plus un exemple isolé. Les retournements de perception de ce type se multiplient. De la dangerosité de l’Iran des mollahs au devoir moral de « punir » M.Bachar Al-Assad, de l’impossibilité d’un califat djihadiste au destin européen du « modèle démocratique turc », de la nécessité de faire chuter M.Vladimir Poutine à l’urgence d’un partenariat gagnant-gagnant avec le hub mondialisé des Emirats du Golfe, de la solidité du couple franco-allemand aux réjouissances obscènes qui ont suivi la pendaison en direct de Saddam Hussein, les certitudes ont fait place aux atermoiements, les rengorgements aux louvoiements, les rodomontades aux reniements. » (7)

Tout est dit pour cette Europe vassale qui a perdu son âme et notamment pour la France qui a hypothéqué durablement l’esprit d’indépendance de De Gaulle et de sa position pondérée dans cet Orient compliqué qu’il analysait avec des idées simples.

Chems Eddine CHITOUR

12 Novembre 2015

1.http://www.lefigaro.fr/international/2015/11/07/01003-20151107ARTFIG00070-crash-en-egypte-le-caire-refuse-de-parler-d-attentat.php ?
2.Valentin Vasilescu http://reseauinternational. net/les-causes-possibles-de-laccident-dairbus-321-dans-le-sinai/ 10 novembre 2015
3.http://www.veteranstoday.com/2015/11/03/exclusive-breaking-story-bombing-of-russian-plane-highly-probable/ Gordon Duff et Jim Dean, Nahed al Husaini 3 novembre 2015
4.http://reseauinternational.net/le-crash-de-lavion-russe-en-egypte-ca-sent-de-plus-en-plus-le-false-flag/
5.https://strategika51.wordpress.com/2015/11/10/intense-guerre-souterraine-autour-du-crach-de-lairbus-russe-au-sinai/
6.http://fr.sputniknews.com/international/20151106/1019340146/russie-otan-course-armements.html#ixzz3qn10Uvlu
7.Olivier Zajec : http://www.monde-diplomatique.fr/2015/11/ZAJEC/54129


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RÉSISTANCES AU TRAVAIL
BOUQUIN, Stephen
Stephen Bouquin (coordination) Louis-Marie Barnier, José Calderón, Pascal Depoorter, Isabelle Farcy, Djordje Kuzmanovic, Emmanuelle Lada, Thomas Rothé, Mélanie Roussel, Bruno Scacciatelli, Paul Stewart Rares sont les romans, même de science-fiction, fondés sur l’invraisemblance. Il en est de même avec les enquêtes en sciences sociales. Il existe néanmoins des vraisemblances négligées. Les résistances au travail en font partie. Le management contemporain a beau exalter l’individualisme, (…)
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Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières sur le pied de guerre. Si le peuple américain permet un jour aux banques privées de contrôler le devenir de leur monnaie, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, les banques et les compagnies qui fleuriront autour des banques priveront le peuple de tous ses biens jusqu’au jour où ses enfants se retrouveront sans toit sur la terre que leurs parents ont conquise.

Thomas Jefferson 1802

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