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L’écologie comme confessionnal au consumérisme…

Les stigmates d’une nouvelle religion ?

photo : pub pour une "Hummer verte" qui roule au gaz naturel, à l’éthanol, au biodiesel...

Suite aux résultats des dernières élections régionales confirmant à quelques choses près les européennes de l’an dernier, force est de constater que l’écologie est « politiquement » en vogue, ne pas confondre d’ailleurs avec l’écologie politique prônant la rupture avec le capitalisme et qui fut étrangement absente des débats.

Tiens ? Pourquoi avons-nous ajouté : « politiquement » ? Et bien tout simplement parce qu’en grattant un peu nous ne pouvons que constater que les politiciens, mais surtout les « politicards » professionnels de tous partis confondus, font de la récupération. C’est devenu comme un leitmotiv : penser à sa planète, essayer de la sauver, l’économiser, ces préoccupations que l’on veut majeures seraient-elles devenues les poncifs d’une mode médiatisée ? Médiatisée ! Le terme est lâché.

Il y a déjà plus de dix ans, on jetait en prison un José Bové soi-disant altermondialiste écologiste qui avec encore un semblant de foi menait une croisade active contre les OGM. Pendant ce même temps, au Mexique, le commandant Marcos devait vivre caché comme un guérillero, lui était aussi un altermondialiste, il était pourtant presque ignoré…

Alors pourquoi, désormais, cette résurgence forte de l’écologie, cette prise de conscience soudaine, et qui se transforme peu à peu en une nouvelle forme de religion ? Car souvenons-nous qu’aux dernières présidentielles les écologistes avaient obtenu seulement 1,57 % des suffrages. La réponse est simple : Nicolas Hulot, Yan Arthus Bertrand et … Daniel Cohn Bendit ! Médiatisation des apparats, quand tu nous tiens. Médiatisation capitaliste qui ne nous montre que la décomposition de la planète, et qui ne nous donne pas la solution. Loin s’en faut, et pour cause…

Ceci dit, il est indéniable que l’on ne peut aller contre le fait d’avoir envie de sauver ce qui nous fait vivre. Mais là où nous ne sommes plus d’accord, c’est sur les méthodes employées.

Des faux-semblants, des caches misère, et la mise à contribution du peuple sous diverses formes que ce soient sont les seuls remèdes que la pensée unique nous propose.

Cela va de l’insistance à la prise de responsabilité personnelle, qui pour beaucoup est la panacée, pourtant ce n’est que soigner superficiellement comme le font aussi un certain nombre d’actions ponctuelles, plus collectives certes mais pas forcement plus efficaces, de surcroit fortement médiatisées en attrape gogos par les tenants de l’écologie spectacle, mais en réalité rien sur le fond, qui est le consumérisme au service du productivisme. Alors, comme pis-aller, on nous propose aussi des taxes, dont la taxe carbone à laquelle nous venons d’échapper provisoirement.

Comme ce n’est que partie remise, alors vous allez nous dire : mais comment gérer dans une société capitaliste l’écologie autrement que par des taxes ? Axiome basé sur un système voulant que la production soit facteur de richesse et que l’on va mettre à contribution lors de la consommation pour reconstruire des richesses à l’instar de la fumeuse croissance verte ! C’est la couleuvre verte qui se mord la queue croyant avoir inventé la ronde perpétuelle…

Voilà , le problème est posé. Bien que la taxe ne soit pas une solution en soi, pourquoi pas, après tout, vu que nos dirigeants ne souhaitent pas instaurer une alternative au capitalisme destructeur, au contraire, ils vont vers encore plus d’ultralibéralisme et que pour faire bonne figure il est de bon ton de taxer les pollueurs, mais lesquels ?

Car là où ça dérange, ce sont les victimes de ces taxes. Car NON, le consommateur n’est pas responsable de la pollution ; et OUI, l’acheteur, devenu consommateur par la force du système, est victime de la productivité et du marketing au service de ce consumérisme qui nous l’emballe pour la présenter en papier cadeau dans les publicités forcées, créant une forme de consentement inconscient à des produits qui ne sont pas forcement utiles pour « l’usage ».

Pour ce faire on prélève ou on va prélever les taxes lors de la distribution, on ponctionne ainsi sans vergogne le prolétaire qui n’est pas le véritable responsable de la pollution, d’autant qu’en plus il en est la principale victime. Il est évident que l’on ne peut pas être d’accord avec cette conception inique de percevoir les écotaxes, taxes carbone, taxes au recyclage, voire à la destruction. Par contre, oui, on pourrait envisager qu’elles fussent perçues à la production. Car en effet, en toute logique pour un produit fini mis sur le marché il ne sert à plus rien de le taxer, la pollution étant produite à sa fabrication ! Taxer à ce niveau revient juste à définir qui va payer ? Alors qu’une taxe à la production, et donc envers les véritables responsables, serait non seulement plus juste, mais aussi plus efficace.

Nous vivons dans une société de consommation, et quoiqu’on essaye de vous faire croire, on nous l’impose. Consommer est devenu, un ordre imposé par l’outil productif, un impératif sociétal incontournable, pour ne pas être largué, mis à l’écart, oublié sur le banc de touche.

On nous force à l’achat, et d’un autre côté, on veut nous faire culpabiliser. Alors oui, on accepte les taxes malgré nous, oui, on gobe le package écolo, et on paye.

On paye le droit de polluer en bon bobo écolo, comme certains vont se repentir dans un confessionnal en faisant pénitence avec trois "je vous salue Marie" et deux "notre père" (transformés en l’occasion en « je vous salue Cécile », et « notre père Dany »), en somme, la reconnaissance éternelle à la croissance verte, avant d’aller, soulagés et lavés, recommencer à pécher.

25/03/2010 : par Michel Mengneau et Chien Guevara

Sources :

L’écologie comme confessionnal au consumérisme

Les stigmates d’une nouvelle religion ?

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