Généralités
Nous avons prédit aux rebelles syriens ce qui les attendait si leur « Sainte-Révolution » triomphait : un pourboire et des coups de pied.
Nous nous sommes trompés. Le conflit n’a pas encore pris une tournure décisive que les rebelles syriens reçoivent des coups de pied de l’armée syrienne, sans en recevoir de pourboire de leurs patrons atlantiques et arabiques.
En ce qui concerne les coups de pied, la « Grande bataille de Damas » s’est finie en une grande défaite des rebelles, alors que des milliers parmi eux ont péri dans les derniers affrontements, et l’armée syrienne s’est avancée vers leurs bastions à Daria et a détruit leurs arrière-rangs, sécurisant ainsi la capitale Damas.
Quant au pourboire, le président américain Barack Obama a avoué, récemment, une certaine hésitation quant à savoir si les États-Unis doivent, ou non, intervenir en Syrie. Il a expliqué être "aux prises" avec cette décision ; sans donner de réponse [1] !
Les différents discours sur le conflit syrien
Dès le premier jour de la crise syrienne, la propagande atlantique impérialiste et celle arabique réactionnaire présentaient le conflit en Syrie comme conflit entre régime et opposition, ou comme conflit de pouvoir. Beaucoup d’écrivains, d’intellectuels, d’artistes et de journalistes se précipitèrent délibérément pour réserver leur place dans le train de la campagne médiatique contre la Syrie. Parmi eux, nous trouvions des noms célèbres de l’intelligentsia arabe et occidentale. Des poètes, des romanciers, des artistes, des chanteurs, des musiciens, des académiques, des professeurs, des hommes de droit, mais aussi des médiums, des charlatans, des clairvoyants, des faquirs, des prophètes, des derviches et des ensorceleurs, tout eut écrit des milliers d’analyses et de critiques, d’enquêtes et de reportages sur la prétendue « révolution syrienne » ; ceci entraîna d’abord la métamorphose de la soi disant « révolution » en la Sainte-Révolution syrienne, puis son élévation au rang des Archanges, enfin son apothéose pour ainsi dire en l’à‚me éternelle de toutes les révolutions sociales de l’histoire humaine, depuis la Révolte des Esclaves de Spartacus, en 109 - 71 (av. àˆ.C.), jusqu’à la Révolution des Roses de monsieur Saakachvili, en 2003 (É.C.) !
Quelle farce ! Quelle misère !
Parmi ce groupe de faquirs et de derviches, nous trouvions des noms célèbres tels que Christophe Barbier, Alain Gresh et Bernard-Henri Lévi, des figures héroïques dans le Sefer [2] de la campagne médiatique contre la Syrie.
Parallèlement à ce groupe, se formait un autre dont les membres, étant tombés victimes de la propagande impérialiste contre la Syrie, se furent mis à l’écart et eurent observé le silence et la neutralité. Parmi ceux-ci, nous distinguions deux sous-groupes : ceux qui préférèrent la neutralité parce qu’ils étaient éblouis et brouillés par la propagande impérialiste, et ceux qui la choisirent parce qu’ils attendaient que la poussière des combats entre l’armée syrienne et les groupes armés s’écartât.
Face à ces deux groupes, se démarquaient ceux qui, dès le début de la guerre impérialiste, se précipitèrent pour défendre la Syrie, pour décortiquer et contrecarrer la propagande atlantique et arabique réactionnaire, pour redresser la vision de l’opinion publique vers la boussole qu’est toujours la résistance face à l’impérialisme, pour démasquer enfin ces loups qui se prenaient et que l’on prenait pour des moutons ; pour montrer que leurs bêlements ne faisaient que répéter, dans un langage de « démocratie » et de « droits de l’homme », le discours idéologique des puissances impérialistes ; pour montrer aussi, dans un autre domaine, que les fanfaronnades des hâbleurs du prétendu « Printemps arabe », réduits en une bande de « vicaires » aux grands salons de la Sainte-Alliance, ne faisaient que refléter des actes dérisoires des échecs continus de la guerre impérialiste contre la Syrie. Il était du devoir des membres de ce groupe de montrer que le conflit fut en effet « entre la patrie et ses ennemis, entre le peuple et les tueurs criminels, entre le citoyen, son pain, son eau, son réchauffement, et celui qui les en privait, et entre la sécurité et la peur [3] », comme l’expliqua bien le président Assad.
Les sortilèges de Jean-Baptiste Jeangène Vilmer
Dans un de ses numéros, Le Devoir, un journal prestigieux au Québec, publia un article écrit par monsieur Jean-Baptiste Jeangène Vilmer [4], dénonçant, comme il nous fit croire au début, les crimes contre l’humanité commis, selon lui, par les deux parties du conflit syrien, les « insurgés » et le régime. Jusqu’à ce point, nous demeurâmes affriolés par les bonnes intentions de monsieur Vilmer ainsi que par sa bienséance ; et il ne nous resta qu’à réclamer, avec monsieur Pangloss, que « tout allait bien dans le meilleur des mondes possibles [5] ».
Or, en dépit de cet optimisme candide au départ, il fallut, à la fin, ajouter le nom de monsieur Vilmer au premier groupe mentionné ci-devant, car monsieur Vilmer eut fabriqué dans son article intitulée « Lutter avec des monstres sans en devenir un soi-même » [6], grâce à une formule alchimique, une certaine justification sous-entendue des actes de barbarie et de terreur, des massacres et des carnages systématiques menés par les mousquetaires de la Sainte-Révolution syrienne contre leurs adversaires, civils ou militaires ; et cela sous prétexte qu’ « en Syrie, malgré leurs crimes, les insurgés sont un moindre mal, et il faut les aider [7] ».
Quel argument ! Quelle synthèse !
ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! [8]
Pourtant, cette formule alchimique inventée par monsieur Vilmer ne fut en effet qu’un sortilège qui servit à ouvrir une séance de sorcellerie tout au long de son parchemin en alchimie politique. Plus loin, il jeta un sortilège et transforma en un clin d’oeil les jihadistes d’al-Qaïda en des saints révolutionnaires « motivés » par le « droit légitime » de « l’autodétermination » ; et le président Assad, qui profite du support de la majorité du peuple syrien, en un « dictateur » assoiffé de sang.
Voyons comment monsieur Vilmer charlatana à ce propos.
D’abord, il ouvre son grandissime article par une citation de Nietzsche : « Quand on lutte avec des monstres, on doit veiller à ne pas devenir soi-même un monstre. Quand tu fixes longtemps ton regard dans l’abîme, l’abîme fixe aussi son regard en toi ». Cette citation sert, comme le souhaita bien l’auteur de l’article, à donner une légitimité et une valeur académique à ce qu’il dirait plus loin dans le texte. C’est la Fatiha de son discours, l’abracadabra de son parchemin, le sortilège de sa nouvelle invention. Puis, il se précipite à conclure a priori, sans argumentation aucune, sans documentation aucune ni référence de sources, que l’autre partie de l’équation du conflit syrien, c’est-à -dire le gouvernement syrien, est « un adversaire pire que soi ». Ensuite, il se jette dans l’affirmation des crimes atroces commis par les « insurgés » syriens, il en narre quelques uns, référés à l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) :
C’est le défi auquel font face les rebelles syriens, pour l’instant avec relativement peu de succès comme en témoigne l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) en diffusant à deux jours d’intervalle des vidéos montrant des exactions commises par les deux camps. La première, tournée et mise en ligne le 1er novembre, montre un groupe d’une dizaine de soldats de l’armée régulière, capturés, allongés sur le sol, roués de coups de pieds puis exécutés sommairement à la mitrailleuse par les rebelles [9].
Arrivant à ce que l’on croyait être argumentation, nous ne trouvâmes que la rhétorique, voire la déception ; et la thèse de monsieur Vilmer, qui commença par un « tu quoque » [10] se finit ironiquement en une synthèse de sorte de « bene dicendi scientia » [11] avec le paragraphe suivant :
Ce constat récurrent, qu’une guerre est toujours sale et que des crimes sont commis des deux côtés, ne doit pas pour autant nous faire sombrer dans un relativisme cynique qui égaliserait toujours les deux parties. Car les crimes commis par les insurgés libyens et syriens ne sont pas comparables à ceux commis par Kadhafi et Assad, ni dans leur ampleur ni dans leur raison d’être, puisqu’ils sont motivés par le droit légitime d’un peuple à s’autodéterminer, non par le désir d’un dictateur de se maintenir au pouvoir. Ces différences ne les excusent pas pour autant : il faut les condamner avec la même fermeté. Mais elles expliquent que l’on doive malgré tout soutenir les insurgés [12].
Premièrement, en jetant ses sortilèges à propos de Kadhafi et du président Assad, comme il le fit dans cette phrase « … non par le désir d’un dictateur de se maintenir au pouvoir », monsieur Vilmer n’ajouta rien de nouveau, n’inventa rien d’authentique, car tout eut été déjà dit, tout eut été déjà inventé à propos des dictateurs et des despotes du monde arabe, de leurs désirs bestiaux et de leurs passions mondaines, de leur soif de sang, de leur harem et de leurs grands sérails, tout eut été imaginé et fantasmé par le discours de l’Église au Moyen-âge, le discours orientaliste au XIXe siècle, et le discours colonialiste et impérialiste aux XXe et XXIe siècles ; rien de nouveau, rien d’originel, depuis La Chanson de Roland jusqu’au dernier parchemin de monsieur Vilmer, ni même cette attitude qu’il se donne, dans son article, à condamner, à punir, à pardonner, à psalmodier, à offrir sa clémence lorsqu’il hurla du haut du ciel : « … il faut les condamner avec la même fermeté. Mais elles expliquent que l’on doive malgré tout soutenir les insurgés ».
O Éternel ! quand tu sortis de Séir, quand tu t’avanças des champs d’Édom, la terre trembla, et les cieux se fondirent, et les nuées se fondirent en eaux [13].
Cependant, il nous reste à nous demander de quel « droit légitime » parla-t-il, notre bourgeois gentilhomme [14] ? A quelle époque vivait-il lorsqu’il transcrit son parchemin, si ce n’était pas à celle de José Arcadio Buendia [15] ? Dans quel grenier inventa-t-il ses formules jurisprido-politico-philolo-alchimico-nigologiques [16], si ce ne fut pas dans celui de Melquiades [17] ? N’eut-il pas lu les reportages publiés par les médias monopoles sur l’omniprésence croissante des combattants d’al-Qaïda en Syrie, surtout le Front al-Nosra [18], avant qu’il ne nous eût ensorcelés par son sortilège ?
Examinons ce que l’agence Reuters a publié apaisante et pertinente :
The rise of al Qaeda’s affiliate in Syria, al-Nusra Front, which the United States designated a terrorist organisation last week, could usher in a long and deadly confrontation with the West, and perhaps Israel [19].
La montée du Front al-Nusra en Syrie, un groupe affilié à al-Qaïda et libellé terroriste la semaine dernière par les États-Unis, pourrait ouvrir la voie à une longue confrontation meurtrière avec l’Occident, et peut-être avec Israël (t.d.a).
Pourtant, monsieur Vilmer décida, tout en référant encore à Nietzsche, de choisir « entre le préférable et le détestable », et il avoua qu’ « une guerre était toujours sale », et cela dans le but de justifier, volontairement ou naïvement - peu importe -, le financement et l’armement des « insurgés » syriens par les pays atlantiques et arabiques ; ces mêmes « insurgés » qui commettent des carnages et des actes de terreur, qui tuent des enfants, égorgent des femmes, enlèvent des hommes et les liquident, sous prétexte qu’ils « collaborent » avec le régime ! Peu importe que l’on tue, que l’on égorge, que l’on enlève et que l’on torture, tout cela peu importe, car « une guerre est toujours sale », il faut toujours choisir le « préférable » et non pas le « détestable » ! Écoutons, monsieur Vilmer psalmodier :
La structure de l’évaluation humaine, expliquait aussi Nietzsche, est toujours différentielle : choisir A est toujours choisir A plutôt que B, dans un certain contexte. « Ce n’est jamais la lutte entre le bien et le mal, disait également Aron, c’est le préférable contre le détestable. Il en est toujours ainsi, en particulier en politique étrangère. » Cette éthique réaliste est celle du moindre mal. Aujourd’hui en Syrie, et en dépit de leurs crimes, les insurgés sont ce moindre mal [20].
Ainsi, les groupes affiliés à al-Qaida en Syrie deviennent pratiquement, et dans la réalité objective, les « préférables », et le régime syrien qui les confronte devient le « détestable » !
Aie pitié de moi, Seigneur, car je suis abattu ;
Guéris-moi, Eternel, car mes membres sont en désarroi,
Mon âme est bien troublée [21].
Quant à nous, si le choix est ainsi limité entre le « préférable » et le « détestable », selon les calculs et les équations de monsieur Vilmer, nous choisissons, sans hésitation aucune, le « détestable » contre le « préférable » !
Ce que monsieur Vilmer ignore naïvement ou volontairement
Je me demandais si monsieur Vilmer eut pris la peine de feuilleter les journaux, non ceux libellés alternatifs et résistants, mais bien plutôt ceux libellés monopoles, voire les porte-parole de la guerre impérialiste contre la Syrie, avant qu’il nous eût ensorcelés avec ses sortilèges sur la Syrie.
primo, le journal américain The New York Times a indiqué la croissance des jihadistes en Syrie, qui est devenue un aimant attirant tous les islamistes d’al-Qaïda :
"The evidence is mounting that Syria has become a magnet for Sunni extremists, including those operating under the banner of Al Qaeda. An important border crossing with Turkey that fell into Syrian rebels’hands last week, Bab al-Hawa, has quickly become a jihadist congregating point [22].
Les preuves que la Syrie est devenue un aimant pour les extrémistes sunnites s’accumulent, y compris ceux qui opèrent sous la bannière d’al-Qaïda. Un important passage de frontière avec la Turquie, Bab al-Hawa, qui fut tombé dans les mains des rebelles syriens, la semaine dernière, devint rapidement un point de rassemblement pour les jihadistes (t.d.a.).
secundo, dans un reportage du journal britannique The Guardian la réalité sur le terrain devient plus obscure, lorsque le lecteur se rend compte que les soi disant « manifestations pacifiques », n’étaient, en effet, qu’une fabrication médiatique, et que la Syrie est gravement infestée par des milliers de combattants d’al-Qaïda :
"… But these were not average members of the Free Syrian Army. Abu Khuder and his men fight for al-Qaida. They call themselves the ghuraba’a, or "strangers" , after a famous jihadi poem celebrating Osama bin Laden’s time with his followers in the Afghan mountains, and they are one of a number of jihadi organisations establishing a foothold in the east of the country now that the conflict in Syria has stretched well into its second bloody year" ;
"Almost every rebel brigade has adopted a Sunni religious name with rhetoric exalting jihad and martyrdom" ;
"Religion is a major rallying force in this revolution [23]" ;
"Abu Omar gave an order in Arabic, which was translated into a babble of different languages - Chechen, Tajik, Turkish, French, Saudi dialect, Urdu [24]" .
… Mais ceux-ci n’étaient pas de combattants moyens de l’Armée syrienne libre. Abu Khuder et ses hommes guerroient pour al-Qaïda. Ils se font appeler les ghuraba’a, ou les « étrangers », d’après un poème jihadiste célèbre, qui fait l’éloge des jours qu’avait passés Oussama Bin Laden avec ses partisans dans les montagnes afghanes ; ils font aussi partie de nombreuses organisations jihadistes qui ont déjà établi un point d’appui à l’Est du pays, maintenant que le conflit en Syrie entre sa deuxième année sanglante.
Presque chaque brigade rebelle sunnite a adopté un nom religieux de la rhétorique exaltant le djihad et le martyre ;
La religion est une force importante de ralliement dans cette révolution.
Abou Omar a donné un ordre en arabe qui fut traduit en un babillage de différentes langues - en tchétchène, en tadjike, en turc, en français, en dialecte saoudite et en ourdou (t.d.a.).
tertio, le journal étatsunien The Independent a publié un reportage sur le rôle du califat turc et des émirats et sultanats arabiques dans la transportation massive d’armes vers le territoire syrien. Évidemment, ceux qui bénéficient de cet arsenal sont des combattants d’al-Qaïda et non pas des moines aux robes blanches :
"Syrian rebels are being armed by Saudi Arabia and Qatar, The Independent has learnt, in a development that threatens to inflame a regional power struggle provoked by the 15-month-old uprising against the Assad regime.
Rebel fighters from the Free Syrian Army (FSA) have received weapons from the two Gulf countries, which were transported into Syria via Turkey with the implicit support of the country’s intelligence agency, MIT, according to a Western diplomat in Ankara [25]" .
The Independent a appris que les rebelles syriens sont armés par l’Arabie saoudite et le Qatar, ce qui entraine en effet un développement menaçant d’incendier un conflit de pouvoir régional, provoqué depuis 15 mois par le soulèvement contre le régime Assad.
Les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) ont reçu, de deux pays arabes du Golfe, des armes qui ont été transportées vers la Syrie à travers la Turquie dont les services de renseignement, MIT, appuient implicitement de telles opérations, selon un diplomate occidental à Ankara (t.d.a.).
Un reportage publié dans le journal allemand Der Spiegel a indiqué que des milliers de Syriens s’étaient enfuis vers le Liban, pas nécessairement par peur de l’armée syrienne, mais bien plutôt dû aux attaques menées par les troupes rebelles de la soi disant « révolution » syrienne. Le reportage a aussi souligné comment la minorité chrétienne de la Syrie souffre des attaques des groupes armés rebelles :
"… the women described what happened to their husbands, brothers and nephews back in their hometown of Qusayr in Syria. They were killed by Syrian rebel fighters, the women said " murdered because they were Christians, people who in the eyes of radical Islamist freedom fighters have no place in the new Syria [26]" .
… les femmes ont décrit ce qui est arrivé à leurs maris, frères et neveux dans leur ville natale de Qusayr en Syrie. Ils ont été tués par des combattants rebelles syriens, disent-elles, ils ont été assassinés parce qu’ils étaient chrétiens, et parce que, selon les combattants islamistes radicaux de la liberté, ils n’ont pas de place dans la nouvelle Syrie (T. d. A.).
Tout ce que nous indiquons ci-devant, monsieur Vilmer ne le nie pas ; au contraire, il l’affirme, comme il écrit :
« Ce n’est ni la première ni la seule occurrence de crimes commis par les rebelles. Cela fait des mois que les organisations de défense des droits de la personne mettent en évidence que des crimes de guerre sont commis des deux côtés. Comme c’était déjà le cas en Libye [27] ».
Ainsi, monsieur Vilmer « avouait qu’il avait toujours horriblement souffert ; mais ayant soutenu une fois que tout allait à merveille, il le soutenait toujours, et n’en croyait rien [28] ».
Le discours de M. Vilmer ou Misère de la misère
Dans une série d’articles, libellée « Discours de la misère » et publiée par le Centre de recherche sur la mondialisation [29], nous avons décortiqué le discours philanthrope de Christophe Barbier [30] et d’Alain Gresh [31] sur le prétendu « Printemps arabe » et le conflit syrien. Cette série a été suivie d’une autre, libellée « Misère du discours », où nous avons contrecarré les fantaisies militaires de BHL [32] à propos de la guerre en Syrie, ainsi que la parodie du Conseil national syrien (CNS) [33]. Or, il nous semble ici qu’une nécessité se présente à initier, avec l’article de monsieur Vilmer, une nouvelle série libellée cette fois-ci « Misère de la misère », car la misère discursive atteint, ici, son summum avec l’appel qu’avait lancé monsieur Vilmer à armer les « insurgés », ce qui entraîne à armer effectivement le Front al-Nusra, affilié à al-Qaïda, dont les combattants constituent seuls, et seulement seuls, la majorité des groupes armés en Syrie. Voici ce que monsieur Vilmer réclame avec un ton héroïque, plus héroïque que celui de Hector devant les murailles de Troie :
« Il faut donc les soutenir, et même le faire de manière plus décisive, en leur livrant des armes lourdes pour hâter l’issue de ce qui est en train de devenir une guerre d’usure (…) Reconnaître que la nouvelle coalition de l’opposition syrienne est « la seule représentante du peuple syrien » et lui livrer rapidement des armes - clandestinement s’il le faut - est la seule manière de précipiter la fin de cette guerre qui, en vingt mois, a déjà fait près de 40 000 victimes [34] ».
Bravo Vilmer ! Félicitations al-Qaïda !
Sois transportée d’allégresse, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; Il est juste et victorieux, Il est humble et monté sur un âne, sur un âne, le petit d’une ânesse [35].
En guise de conclusion, nous rappelons monsieur Vilmer que la nouvelle coalition de l’opposition ne contrôle rien sur le terrain, et que le Front al-Nusra constitue le fer de lance de l’opposition armée ; cela se confirme jour après jour ; ce développement dramatique de la situation en Syrie a poussé le président américain Barack Obama à avouer, comme nous l’avons indiqué au début, une certaine hésitation quant à savoir si les États-Unis doivent, ou pas, intervenir en Syrie. M. Obama a expliqué être "aux prises" avec cette décision ; sans donner de réponse [36], car parfois, il vaut mieux se taire que de dire n’importe quoi !
Cet article a été publié initialement sur Mondialisation.ca
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Fida Dakroub, Ph.D
Docteur en Études françaises (The University of Western Ontario, 2010), Fida Dakroub est écrivain et chercheur en théorie bakhtinienne. Elle est aussi militante pour la paix et les droits civiques.