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Les ravages de la LRU (suite)

Dans Le Monde Diplomatique de janvier 2010, Denis Perrais, syndiqué à SUD, apporte sa réflexion à un article publié en décembre 2009 : "Comment vendre à la découpe le service public".

En quelques lignes magistrales, il synthétise tous les problèmes passés, présents et à venir :

[Ne pas oublier] un élément déterminant intervenu le 3 août 2009, à savoir la promulgation de la loi sur la mobilité et le parcours professionnel des fonctionnaires, qui légalise des pratiques jusque-là illégales en matière de recrutement de personnel non-statutaire […], tout en élargissant la possibilité d’utilisation de contractuels ou, nouveau, d’intérimaires.

Cette loi complète celle du 2 février 2007 relative à la modernisation de la Fonction publique, et du 19 février 2007, concernant la fonction publique territoriale, qui rendaient déjà beaucoup plus simples les mobilités interfonctions publiques mais aussi vers le privé, tout en assouplissant les règles de cumul d’activités. Rappelons que le contenu de ces lois figurait dans le rapport Attali, qui affirmait qu’il fallait organiser la mobilité au sein des trois fonctions publiques et multiplier les passerelles afin de permettre des passages professionnels constants entre le secteur public et le secteur privé.

[…] La clé de voûte du dispositif de laminage du statut de la Fonction publique est l’évaluation individuelle des agents instaurée (dans la Fonction publique d’État) par décret du 29 avril 2002, par le gouvernement Jospin, entre les deux tours de la présidentielle. Cette introduction, appelée aujourd’hui, entretien professionnel, […] est terrible : mise en concurrence des agents, management par objectifs individuels et collectifs, et modulation salariale en fonction de l’atteinte ou non des objectifs. Bref, la logique du privé et du profit. Un puissant instrument de sabrage des solidarités collectives.

[…] Les contre-réformes passent avec la complicité des agents. […] En effet, en faisant le taf, les agents permettent la mise en place des contre-réformes, notamment la dernière, la révision générale des politiques publiques (RGPP). Ce qui est terrible dans cette affaire, c’est que les quelques agents qui refusent de se plier à la règle, notamment statistique, finissent souvent par être mal vus de leur collègues car ils empêchent de tenir les objectifs de service. Cette situation est difficile à supporter pour ceux qui s’y collent. De la capacité des syndicats, notamment, à trouver les moyens d’action susceptibles d’empêcher le développement de cette concurrence entre agents aux résultats catastrophiques, pour lui substituer la nécessaire solidarité collective, dépendra l’issue de l’affrontement en cours sur le démantèlement définitif de l’État social tel qu’il avait été conçu après la Seconde Guerre Mondiale. "

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Nelson Mandela

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