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Les Indignés de la République

Fascinante hypocrisie. A peine Gérard Depardieu avait-il fait savoir qu’il franchissait la frontière et installait sa fortune en Belgique que des torrents d’indignation ont déferlé, en particulier du côté de l’actuelle majorité et de ses idéologues attitrés. Ceux-là même qui ne cessent de professer que les Etats sont trop petits, et les frontières de dangereux stigmates du passé, ont rappelé l’acteur à ses devoirs… « patriotiques ». On croit rêver.

Chacun pense ce qu’il veut de l’artiste, et de l’homme. La seule question qui vaille présentement est : a-t-il enfreint la loi ? La réponse étant connue de tous, force est de constater que les leçons de morale, pardon, d’éthique, ne sont rien d’autre qu’un voile opportun pour dissimuler l’impuissance délibérément organisée de la politique. Car pourquoi les Indignés de la République, au pouvoir, n’ont-ils pas annoncé séance tenante le rétablissement du contrôle des capitaux, afin que de tels agissements ne puissent se reproduire ? Il est vrai que si - par hypothèse d’école - une telle idée leur avait effleuré l’esprit, Bruxelles les eût séance tenante rappelé aux règles de base.

Car le contribuable Depardieu n’a pas profité d’une faille obscure repérée par quelque fiscaliste retors. Il a, très banalement, mis en pratique la liberté de circulation des personnes et des capitaux. Cette liberté qui est au fondement même de l’intégration européenne, et en constituait le socle ontologique dès le traité fondateur. L’acteur ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Dans son texte publié par le JDD (16/12/12), il se justifie ainsi : « je suis un vrai Européen, un citoyen du monde ». Bien vu Gérard, c’est exactement cela.

Quelques partisans d’une « autre Europe » ne manqueront pas d’ânonner leur couplet sur la nécessaire « harmonisation fiscale ». Mais en attendant que les actuels dirigeants européens, toutes couleurs politiques confondues, s’écartent de leur bréviaire - dumping et cadeaux fiscaux - le petit village belge de Néchin sera devenu une mégalopole.

Un autre vrai Européen - il est établi à Londres - et citoyen du monde a pour nom Lakshmi Mittal. C’est précisément de cette même liberté sacrée de placer et de retirer ses billes - en l’occurrence, le droit de fermer ou de délocaliser d’un coup de plume des sites industriels entiers - que celui-ci s’est prévalu pour estimer caducs ses engagements passés. Pourquoi se gênerait-il ? Cette liberté de circulation des capitaux n’est-elle pas la clé de voûte, et pour tout dire l’essence même de cette mondialisation que, de gauche à droite de l’hémicycle, on considère comme naturelle et irréversible - même si on prétend vouloir la « réguler » ? Précisons en outre que M. Mittal n’a pas hérité de la sidérurgie du Vieux continent par l’opération du Saint-Esprit. En 2001, les dirigeants européens n’étaient pas peu fiers d’avoir liquidé les sidérurgies nationales (en France Usinor, jadis publique…) en vue de donner naissance à ce « géant européen », Arcelor, qui devait « enfin tenir tête » à ses rivaux mondiaux. Cinq ans plus tard, le magnat de l’acier jouait de la liberté des marchés pour mettre la main sur cette industrie stratégique qui lui avait été rassemblée sur un plateau.

Pendant que la Lorraine apprenait le véritable massacre industriel en instance, le Gotha européen se pressait à Oslo le 10 décembre pour savourer le bonheur de voir l’UE gratifiée du Nobel de la paix. Ces messieurs-dames en habit, à l’air ému, ont offert le pathétique spectacle des autocongratulations mutuelles sur le thème de la fantastique idée européenne. Dans quelques mois, c’est la présidente lituanienne, ex-commissaire européen, qui se verra décerner le prix Charlemagne. En attendant, son ancien collègue à Bruxelles, Mario Monti, vient d’empocher le Grand Prix de l’Economie, lui qui dirige une Italie plongeant chaque jour un peu plus dans la récession.

Ces gens font décidément montre d’un remarquable sens de l’humour - involontaire. Jusqu’au jour où les peuples n’auront vraiment plus envie de rire.

Pierre Lévy

Editorial paru dans l’édition du 26/12/12 du mensuel Bastille-République-Nations
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Pierre Lévy est par ailleurs l’auteur d’un roman politique d’anticipation paru récemment : L’Insurrection

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Le système bancaire moderne fabrique de l’argent à partir de rien. Ce processus est peut-être le tour de dextérité le plus étonnant qui fut jamais inventé. La banque fut conçue dans l’iniquité et est née dans le pêché. Les banquiers possèdent la Terre. Prenez la leur, mais laissez-leur le pouvoir de créer l’argent et, en un tour de mains, ils créeront assez d’argent pour la racheter. ôtez-leur ce pouvoir, et toutes les grandes fortunes comme la mienne disparaîtront et ce serait bénéfique car nous aurions alors un monde meilleur et plus heureux. Mais, si vous voulez continuer à être les esclaves des banques et à payer le prix de votre propre esclavage laissez donc les banquiers continuer à créer l’argent et à contrôler les crédits.

Sir Josiah Stamp,
Directeur de la Banque d’Angleterre 1928-1941,
2ème fortune d’Angleterre.

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