Le Département d’État a notifié au Congrès des États-Unis, ce 12 mai, que l’Iran, la Corée du Nord, la Syrie, le Venezuela et Cuba avaient été classés sous la Section 40A (a) de la Loi sur le contrôle des exportations d’armes pour « n’avoir pas totalement coopéré aux efforts antiterroristes des États-Unis en 2019 ».
La notification figure sur le site web officiel de Département d’État, et précise que c’est la première fois que Cuba est réintroduite dans cette liste, dont elle avait été retirée en 2015, après le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays sous les présidences de Barack Obama et de Raul Castro.
Ce que ne dit pas l’annonce, c’est que cette classification se produit le même jour où le ministre des Relations extérieures, Bruno Rodriguez Parrilla, a interpellé en conférence de presse internationale, le gouvernement étasunien pour son silence après l’attaque contre l’ambassade cubaine dans ce pays.
L’inclusion de Cuba sur la liste noire des pays qui ne coopèrent pas avec la lutte antiterroriste signifie qu’il lui est interdit la vente ou le permis pour les exportations d’articles et de services de défense et elle informe la communauté publique étasunienne et internationale que ces pays ne coopèrent pas totalement aux efforts antiterroristes des États-Unis.
Sur la base de cette réglementation, la vente ou le permis d’exportation d’articles et de services de défense à Cuba est interdit, ainsi qu’aux autres pays inclus sur cette liste noire des États-Unis, dans laquelle Cuba est accusée de ne pas « appuyer le efforts de la Colombie pour assurer une paix, une sécurité et une opportunité juste pour sa population », signale le document.
Il est sciemment ignoré que Cuba a soutenu et parrainé les négociations entre les Forces armées révolutionnaires de Colombie et le gouvernement dans le but de parvenir à un accord de paix entre les deux parties.
Par ailleurs, le Département d’État signale parmi ses accusations que Cuba abrite plusieurs fugitifs de la justice étasunienne, alors que le ministère cubain des Relations extérieures avait déjà clairement souligné dans une déclaration publiée en avril 2014 qu’aucun de ces « fugitifs » n’a été accusé de terrorisme.
« Certains de ces citoyens ont légitimement obtenu l’asile, tandis que d’autres ayant commis des crimes aux États-Unis ont été dûment jugés et sanctionnés, et ont décidé de résider à Cuba après avoir purgé leur peine ».
Dans cette déclaration rendue publique la dernière fois que les États-Unis ont approuvé l’inclusion de Cuba sur cette liste noire, le Minrex a déclaré :
« Le territoire national n’a jamais été et ne sera jamais utilisé pour accueillir des terroristes de n’importe quelle origine, ni pour organiser, financer ou perpétrer des actes de terrorisme contre n’importe quel pays du monde que ce soit, y compris les États-Unis. De la même façon, il rejette et condamne sans équivoque tout acte de terrorisme, où que ce soit, dans quelques circonstances que ce soit ou quelles que soient les motivations alléguées. »
« C’est le Gouvernement des États-Unis qui emploie le terrorisme d’État comme une arme contre des pays qui s’opposent à sa domination, utilise des méthodes condamnables comme la torture et emploie une technologie militaire avancée, y compris des avions sans pilote pour exécuter de façon extrajudiciaire de soi-disant terroristes, y compris des citoyens étasuniens, et qui ont causé, de plus, de nombreuses morts d’innocents dans la population civile. »
LA SORTIE DE CUBA DE LA LISTE NOIRE EN 2015
Cuba a dû attendre 33 ans pour que justice lui soit rendue en mai 2015, lorsque le Département d’État étasunien a officialisé le retrait de notre pays de la liste des États qui parrainent le terrorisme international.
En 1982, le président de l’époque, Ronald Reagan, avait arbitrairement inclus Cuba dans cette liste unilatérale en raison de son soutien à la cause révolutionnaire en Amérique latine et dans le monde.
Dans un communiqué publié par notre quotidien en 2015, il était signalé qu’au cours des trois dernières décennies, il importe peu que l’État cubain ait ratifié toutes les conventions et protocoles en la matière qui ont été promus par les Nations Unies, qu’il ait proposé au gouvernement des États-Unis de coopérer dans la lutte contre le terrorisme, qu’il ait montré la preuve que Cuba a été victime de centaines d’attaques terroristes qui ont causé la mort de près de quatre mille personnes.
QUE SIGNIFIE LE FAIT D’ÊTRE RÉINSCRIT SUR CETTE LISTE ÉTASUNIENNE SÉLECTIVE ET INJUSTE ?
En 2015, Granma a publié le texte « Qu’implique le fait d’être accusé de soutenir le terrorisme ? », qui précise que le fait d’être inscrit sur cette liste a plusieurs implications juridiques en termes de restrictions aux exportations, de commerce, d’aide au développement, de crédits et autres.
Les banques de pays tiers sont réticentes à effectuer les transactions de personnes figurant sur la liste par crainte des sanctions de Washington. Rappelons, par exemple, qu’en 2013 la banque française BNP Paribas avait été condamnée à verser une amende de plus de huit milliards de dollars pour avoir effectué des transactions avec le Soudan, l’Iran et Cuba.
Dans le cas de Cuba, la quasi-totalité du coût économique de se trouver sur cette liste a été absorbée par le blocus, puisque rien de ce qui est interdit par la liste n’est autorisé par le reste des sanctions. Cependant, la présence injuste de Cuba sur cette liste a servi en d’autres occasions à durcir l’application des mesures financières découlant du blocus.
Cela a entraîné l’intensification du harcèlement et de la traque de toutes nos transactions financières dans le monde, ce qui se traduit par le refus des banques d’opérer avec Cuba et l’imposition d’amendes de plusieurs millions de dollars à ces dernières, ce qui constitue une application extraterritoriale des dispositions réglementaires étasuniennes.
Yisell Rodríguez Milán