Des déclarations récentes de l’Administration de Bush et des initiatives de sécurité nationale mises en place pendant l’ère Reagan pourraient permettre l’établissement de camps d’internement et de la loi martiale aux Etats-Unis.
Quand le président Ronald Reagan envisageait d’envahir le Nicaragua, il avait signé une série de décrets présidentiel qui donnaient de larges pouvoirs à l’Agence de Gestion Fédérale de Secours (FEMA) en cas "de crise" telle que "une dissension interne violente et répandue ou une opposition nationale à une invasion militaire américaine à l’étranger". Ces pouvoirs n’ont jamais été utilisés.
Mais depuis que la possibilité d’une invasion américaine de l’Irak se dessine, des déclarations récentes de Tom Ridge, conseiller du Président George Bush, pour la sécurité intérieure et d’un fonctionnaire de la Commission de Droits civils des USA risquent d’éveiller les inquiétudes sur l’usage qui sera fait de ces pouvoirs ou d’une possible dérive de facto que leur déploiement pourrait entraîner.
Le 20 juillet le Detroit Free Press a publié un article intitulé « les arabes aux Etats unis pourraient être détenus, avertit un fonctionnaire". L’histoire cite un membre de la Commission de Droits civils des EU qui envisage la possibilité de camps d’internement pour les arabes Américains.
La FEMA est prête pour une telle possibilité. Si son rôle principal est de répondre aux situations de désastre, elle est aussi responsable de la gestion des troubles domestiques. De 1982 à 1984, le Colonel Olivier North a d’ailleurs aidé la FEMA à élaborer ses préparatifs de défense passive.
Les détails de ces plans ont été divulgués pendant le scandale de l’Iran Contra en 1987. Ils incluent des décrets présidentiel prévoyant la suspension de la constitution, l’imposition de loi martiale, des camps d’internement et la dévolution des pouvoirs gouvernementaux au président et à l a FEMA.
Un article du Miami Herald le 5 juillet 1987, a annoncé que John Brinkerhoff, adjoint de l’ancien Directeur de la FEMA Louis GUIFFRIDA, s’est occupé de la rédaction de la section loi martiale du plan. Le plan serait similaire à un autre que M. Giuffrida a rédigé dans le passé pour lutter contre "un soulèvement national des militants noirs". Ce dernier prévoyait la détention "d’au moins 21million de Noirs américains" ’ dans "des centres d’assemblée ou des camps de relocalisation".
Aujourd’hui M. Brinkerhoff fait partie du très influent Institut Anser pour la sécurité intérieure [Homeland security]. A la suite d’une requête émise par le Pentagone en janvier sur la possibilité de déployer des troupes militaires dans les rues américaines, l’institut a publié en février un article de M. Brinkerhoff discutant la légalité de la demande.
M. Brinkerhoff prétend que le Posse Comitatus Act de 1878, dont on a longtemps reconnu qu’il interdisait de tels déploiements, avait simplement été mal compris et mal appliqué.
La préface à l’article apporte aussi la révélation que le plan national sur lequel il avait travaillé sous la direction de M. Giuffrida, avait été "approuvé par Reagan et des actions avaient été entreprises pour le mettre en place".
Avant le mois d’avril, l’armée américaine a créé un Commandement de la zone Nord pour faciliter la défense de la Patrie. L’agence Reuters a annoncé que l’on "attend principalement du Commandement de la zone Nord un rôle de soutien aux autorités locales".
Cependant, M. Ridge, le Directeur de Sécurité de Patrie, vient de préconiser une révision de la loi AMÉRICAINE quant à l’utilisation des militaires pour des tâches d’application de la loi.
De manière inquiétante les véritables faits et le contenu final du plan national de M. Reagan restent incertains. Ceci est du en partie au fait que le Président Bush a ordonné, fait peu commun, le scellé des archives du président Reagan en novembre dernier. Cependant, beaucoup des personnages-clés de l’ère Reagan font partie de l’administration actuelle, y compris John Poindexter, dont Olivier North plus tard a dépendu.
A l’époque des initiatives de Reagan, le Procureur Général, William French Smith a écrit au conseiller sur la sécurité nationale, Robert McFarlane : "je crois que le rôle assigné à l’Agence de Gestion Fédérale de Secours (FEMA) dans le cadre du Décret présidentiel révisé excède sa fonction appropriée en tant qu’agence de coordination pour la préparation des secours ... ce service et d’autres ont à plusieurs reprises fait part d’objections politiques et légales sérieuses au rôle de « tsar des secours » dévolu à la FEMA."
Les critiques portant sur la réponse apportée par l’Administration Bush aux évenements du 11 September font écho à l’avertissement de M. Smith. Le 7 juin l’ancien conseiller présidentiel John Dean a parlé du glissement de l’Amérique dans « la dictature constitutionnelle » et la loi martiale.