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Les dinosaures s’obstinent,

Les dinosaures s’obstinent, par Hervé Kempf

Ce devait être - ce doit être - un projet exemplaire, enthousiasmant, prometteur : sur un terrain de 175 hectares, situé à côté des usines Renault de Flins, trois jeunes paysans s’installent, en agriculture biologique. Ils ont été choisis au terme d’un appel d’offres rigoureux - plus de 60 candidats ! -, entrepris par plusieurs agences et administrations, et dans le cadre du schéma directeur régional prévoyant le maintien de terres agricoles. Le tout sur une zone de captage d’eau alimentant près de 400 000 Franciliens. Ainsi donc, il serait possible de réinventer un avenir, de préserver des terres cultivées d’une urbanisation incontrôlée, de donner le feu vert à l’agriculture de demain ? Il serait possible de traduire une utopie modeste dans la réalité ? Oui ?

Non. Les dinosaures, les hommes du passé, les bétonneurs de toujours, les nostalgiques des gaz d’échappement veillent au grain : en octobre 2008, la préfète des Yvelines prend des arrêtés changeant la destination des terres, afin de permettre au conseil général d’y lancer un projet de circuit de formule 1 visant à accueillir le Grand Prix de France. Sur son site Internet, le conseil précise sans rire : "Notre démarche est développement durable."

Formule 1 : activité consistant à faire tourner des voitures le plus vite possible sur un circuit clos. Bruit, pollution, consommation d’essence, gaz carbonique, gros moteurs, machisme de base, fascination des foules mâles, télévision, droits télévisés, argent, beaucoup d’argent.

Mais, interrogent les ignorants, il y avait un circuit, à Magny-Cours (Nièvre), qui a accueilli ledit Grand Prix pendant dix-sept ans. Pourquoi couler du béton nouveau ? Pourquoi ? Parce que Bernie Ecclestone, président d’un organisme qui distribue les licences de Grand Prix et capte avec le génie des cupides les droits télévisés, ne veut plus de Magny-Cours.

L’amour du sport a conduit M. Ecclestone à accumuler une fortune de 2,4 milliards de livres. L’amour du sport conduit les hommes politiques des différents pays à se coucher devant ce monsieur. Les vaillants édiles des Yvelines - encouragés par divers ministres, comme Bernard Laporte, secrétaire d’Etat aux sports et homme d’affaires - sont donc prêts à débourser 112 millions d’euros pour leur piste de béton. Cent douze millions pour commencer, car ce genre de sauterie coûte toujours plus cher que prévu. Les contribuables paieront... La place manque pour détailler le dossier, qui ne tient pas debout. On ne peut qu’espérer que les décideurs ultimes sauront raison garder.

Au fait : une formule 1 consomme environ 1 l d’essence au kilomètre. Le véhicule mis au point par des étudiants de l’université de Laval, au Québec, qui a remporté le Shell Eco Marathon d’Amérique le 18 avril, a roulé 1 172 km avec... 1 litre ! Soit une consommation mille fois moindre. A votre avis, de quel côté est l’avenir ? Que périssent les dinosaures, vive Homo sapiens !

Hervé Kempf

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/04/25/les-dinosaures-s-obstinent-par-herve-kempf_1185370_3232.html

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« Cuba mi amor », un roman sur le Che de Kristian Marciniak (Rebelion)
Leyde E. Rodri­guez HERNANDEZ
Publié chez Publibook, une maison d’édition française, le roman de Kristian Marciniak : « Cuba mi amor » circule dans Paris ces jours-ci. Dans un message personnel adressé au chroniqueur de ce papier, l’auteur avoue que Cuba a été le pays qui lui a apporté, de toute sa vie, le plus de bonheur, les plus grandes joies et les plus belles émotions, et entre autres l’orgueil d’avoir connu et travaillé aux côtés du Che, au Ministère de l’Industrie. Le roman « Cuba mi amor » est un livre (…)
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Je n’ai aucune idée à quoi pourrait ressembler une information de masse et de qualité, plus ou moins objective, plus ou moins professionnelle, plus ou moins intelligente. Je n’en ai jamais connue, sinon à de très faibles doses. D’ailleurs, je pense que nous en avons tellement perdu l’habitude que nous réagirions comme un aveugle qui retrouverait soudainement la vue : notre premier réflexe serait probablement de fermer les yeux de douleur, tant cela nous paraîtrait insupportable.

Viktor Dedaj

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