Ce qui suit est la transcription du discours d’ouverture de Simon Korner à la conférence annuelle du Socialist Correspondent qui s’est tenue au Conway Hall à Londres le 26 octobre 2024.
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Depuis la conférence du Socialist Correspondent de l’année dernière, les dangers d’un conflit direct entre les grandes puissances se sont multipliés. Le refus des États-Unis d’accepter le déclin de leur suprématie, de faire des compromis ou de négocier, signifie que les conflits en cours en Ukraine et au Moyen-Orient risquent d’atteindre un point de non-retour. Cet « aventurisme extrême » et cette « croyance en leur propre impunité », comme l’a averti le président Poutine en juillet, pourraient « se transformer en tragédie ». (1)
Signes d’une guerre qui approche
Historiquement, l’imminence d’un conflit international a été signalée par au moins trois facteurs : premièrement, une course aux armements majeure ; deuxièmement, la formation de blocs armés rivaux ; et troisièmement, une série de guerres plus petites et incitatives menant à une conflagration générale.
Avant la Première Guerre mondiale, une énorme accumulation d’armes navales a commencé entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne, suivie de la formation d’alliances ennemies – la Grande-Bretagne, la France et la Russie tsariste contre l’Autriche-Hongrie, l’Allemagne et l’Italie – puis d’une série d’incidents armés, au Maroc en 1911 entre l’Allemagne et la France au sujet des possessions coloniales, et dans les Balkans où une guerre régionale a rapidement engendré le déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Avant la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne nazie, le Japon impérial et l’Italie fasciste se sont tous réarmés massivement, tout comme la Grande-Bretagne et la France – souvenez-vous de la ligne Maginot française supposément imprenable. Le pacte anti-Komintern de 1936 des puissances de l’Axe contre l’Union soviétique a cimenté le bloc fasciste. Les efforts soviétiques pour former une alliance antifasciste opposée ont été repoussés à plusieurs reprises par la Grande-Bretagne et la France.
Les guerres subsidiaires qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale comprenaient l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie en 1935, la guerre de Franco contre le gouvernement républicain espagnol à partir de 1936 et l’invasion de la Chine par le Japon un an plus tard. Chacune de ces mesures n’a pas suffi à provoquer un conflit mondial, mais a poussé le monde vers la guerre.
Des signes similaires d’une guerre internationale imminente sont visibles aujourd’hui. Tout d’abord, une course aux armements a lieu entre les pays de l’OTAN : l’Allemagne, la France et le Japon ont doublé leurs budgets militaires. Les dépenses d’armement des États-Unis approchent les 1 000 milliards de dollars par an. Les dépenses de la Grande-Bretagne ont atteint 2,5 % du PIB, celles de la Pologne 3,5 %, ce qui lui permet de disposer de la plus grande armée terrestre d’Europe. La ruée de l’Occident vers la militarisation a poussé la Chine, qui est encore un pays en développement, à réorienter des investissements nationaux indispensables vers la défense – l’an dernier près de 300 milliards de dollars – tandis que la Russie a augmenté ses dépenses à un peu plus de 100 milliards de dollars par an. (2) C’est la course aux armements de l’Occident pendant la guerre froide, forçant l’URSS à donner la priorité à la défense par rapport à d’autres investissements cruciaux, qui a contribué à la disparition du socialisme ; la même stratégie de « marche forcée » est en jeu aujourd’hui contre la Russie capitaliste et la Chine dirigée par les communistes. Et, bien sûr, des profits sans précédent affluent pour des entreprises d’armement comme l’allemand Rheinmetall, dont les actions valent 245 % de plus qu’en 2022, et pour le britannique BAE Systems, en hausse de 101 %.
En ce qui concerne le deuxième signe de guerre potentielle, la formation de blocs, l’alliance de l’OTAN s’est élargie pour inclure la Suède et la Finlande, et la puissance occidentale s’étend dans le Pacifique, notamment en augmentant le nombre de missiles de croisière étasuniens dans ses bases japonaises et philippines et en Corée du Sud ; des milliards dépensés pour armer Taïwan ainsi que pour entraîner des troupes taïwanaises aux États-Unis ; et l’énorme contrat de sous-marins nucléaires AUKUS (Australia, United Kingdom, United States) entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni qui vise à étouffer le commerce maritime de la Chine – et scelle le sort de l’Australie en tant que subalterne des États-Unis.
Jusqu’à présent, aucun bloc opposé ne s’est formé, mais la Russie et la Chine sont devenues « des alliées dans tous les sens du terme », selon Poutine, coopérant stratégiquement sur tous les plans. Les relations sino-russes sont plus étroites qu’elles ne l’ont jamais été, avec des échanges commerciaux record et l’utilisation de leurs monnaies nationales plutôt que du dollar. La langue russe est de plus en plus populaire en Chine, comme le mandarin l’est en Russie. Les deux pays ont également mené leurs premières patrouilles conjointes près de l’Arctique.
Entre-temps, l’Iran s’est rapproché des deux pays, tout comme d’autres pays sanctionnés qui représentent désormais 30 % de la population mondiale. La Russie et l’Iran se sont engagés à une défense mutuelle globale et la Chine a signé avec l’Iran un partenariat stratégique de 25 ans d’une valeur de 400 milliards de dollars, en violation des sanctions unilatérales étasuniennes. Les trois pays ont mené un exercice naval conjoint plus tôt cette année dans le golfe d’Oman, le cinquième du genre. (3)
Plus généralement, la croissance des BRICS, qui incluent désormais l’Iran, laisse entrevoir un rééquilibrage potentiel à long terme de la puissance mondiale.
En ce qui concerne le troisième indicateur de conflit mondial, les guerres régionales, le génocide des Palestiniens par les États-Unis, Israël et la Grande-Bretagne et la guerre contre l’Iran et ses forces de résistance alliées, sont devenues aussi dangereuses que la guerre en Ukraine en termes de potentiel d’expansion incontrôlée. Pendant ce temps, les provocations des canonnières occidentales près des côtes chinoises, au nom de la « liberté de navigation », se multiplient.
Ces trois fronts constituent les lignes de fracture actuelles sur lesquelles les États-Unis se battent pour maintenir leur hégémonie mondiale. Tous trois sont interconnectés et, de ce fait, tous sont des catalyseurs potentiels d’une guerre mondiale.
Les trois fronts de guerre, potentiel d’expansion
Si l’on considère d’abord le front ukrainien, la guerre vise non seulement à affaiblir le principal adversaire nucléaire des États-Unis, pour finalement le démembrer, mais aussi à créer des conditions plus favorables à la guerre à venir avec la Chine en immobilisant et en neutralisant son principal partenaire.
Si l’OTAN ignore l’avertissement de la Russie contre les armes à longue portée, la guerre hybride actuelle utilisant la chair à canon ukrainienne pour combattre l’OTAN se transformerait en une guerre occidentale directe avec la Russie en raison de l’incapacité technique de l’Ukraine à utiliser les armes étrangères de haute technologie. La guerre en Ukraine est au bord de quelque chose de plus grand. La belligérance du Premier ministre Keir Starmer place la Grande-Bretagne en première ligne. Utiliser les aérodromes polonais pour lancer des raids de bombardement sur la Russie aurait le même effet sur la Pologne. Le fait que l’Allemagne construise sa première base militaire à l’étranger depuis 1945, près de la frontière entre la Lituanie et la Biélorussie, et qu’elle héberge 4 000 soldats, rapproche également l’Allemagne du conflit. Pendant ce temps, la Moldavie, à la frontière sud-ouest de l’Ukraine, est systématiquement déstabilisée pour être préparée à la guerre.
De même, le front du Moyen-Orient est vulnérable à l’expansion – non seulement en raison de l’expansion constante d’Israël et de ses tentatives d’écraser l’Iran, qui fait obstacle au contrôle total des États-Unis sur l’énergie de la région, mais aussi en raison de l’objectif plus vaste des États-Unis d’étouffer les importations énergétiques vitales de la Chine.
L’implication directe des États-Unis (et de la Grande-Bretagne) – de l’assassinat du général iranien Suleimani en 2020 à l’occupation des champs pétroliers syriens, en passant par le ciblage de Gaza, le bombardement du Yémen et de l’Iran et la gestion du nouveau système de défense antimissile THAAD en Israël – pourrait également déclencher un conflit avec la Russie, dont la base aérienne syrienne a déjà dû utiliser ses défenses aériennes contre les attaques israéliennes à proximité. La fourniture par l’Ukraine de drones et de conseillers à Al-Nosra, la branche d’Al-Qaïda en Syrie, pour les utiliser contre les bases russes, illustre une fois de plus l’interconnexion des différents fronts de guerre, tout comme l’utilisation de la base britannique à Chypre pour transporter du matériel de guerre vers Israël pourrait entraîner ce pays dans la guerre.
La violence étasunienne, le principal danger
Sur le troisième front en Extrême-Orient, le réarmement du Japon, qui a révisé sa constitution orientée vers la paix, est hautement provocateur. La guerre pourrait éclater dans les îles chinoises et russes que le Japon revendique désormais pour lui-même, en violation de ses conditions de reddition à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Russie et la Chine s’inquiètent également de la prolifération des missiles étasuniens à leur portée sur terre – au Japon, en Corée du Sud, à Taiwan et aux Philippines – et en mer.
L’ancien Premier ministre gaulliste français, Dominique de Villepin, commente : « Le monde a rarement été aussi combustible et dangereux qu’aujourd’hui... Dans le passé, les barrières de distance, les communications lentes et les échanges limités contenaient naturellement les conflits. Aujourd’hui, en revanche, l’humanité est totalement interconnectée et interdépendante ». (4)
Sur ces trois fronts, ce sont les États-Unis, « le pays le plus violent du monde depuis 1950 » – selon le professeur Jeffrey Sachs, autrefois membre de l’establishment des EU – qui poussent le monde au bord du gouffre. Le président Biden s’est vanté de la capacité des États-Unis à mener plusieurs guerres simultanément : « Non seulement les États-Unis « ont la capacité de le faire », a-t-il déclaré, « mais nous avons l’obligation de le faire. Nous sommes la « nation essentielle ».
Kamala Harris promet également de renforcer la suprématie militaire étasunienne et accuse Donald Trump de faiblesse militaire. Ce qui ne signifie pas que Trump est une meilleure option : plus belliqueux envers la Chine, il est encore plus militant pro-sioniste. Laissez Israël « finir le travail » est son slogan sur la Palestine.
Le journaliste du Financial Times Gideon Rachman a rapporté depuis Washington en 2023 « à quel point les discussions sur la guerre entre les États-Unis et la Chine sont devenues monnaie courante. De nombreuses personnes influentes semblent penser qu’une guerre entre les États-Unis et la Chine est non seulement possible mais probable ». (5). Parmi eux, le chef d’état-major interarmées américain Charles Q. Brown, qui a déclaré en juillet qu’il était « pleinement confiant » dans la capacité des États-Unis à gagner une guerre contre la Chine au sujet de Taïwan, tandis que la cheffe de la marine des EU, l’amiral Lisa Franchetti, a prédit qu’une telle guerre éclaterait d’ici 2027 (6).
Les États-Unis ont développé un nouveau système de guidage ou « super-fusée » pour leurs ogives nucléaires, doublant ainsi leur capacité de destruction. Selon le bimensuel National Interest, les États-Unis peuvent désormais détruire tous les silos de missiles intercontinentaux ennemis en utilisant seulement environ 20 % de leurs ogives – un avantage qui leur donne la capacité de frappe en premier. (7)
Ce développement sous-estimé a forcé la Russie à attaquer l’Ukraine pour devancer une action de l’OTAN dans le Donbass, en Crimée et en Russie elle-même. Pour arriver à cette décision, la Russie tenait également compte du déploiement d’armes nucléaires étasuniennes en Roumanie et en Pologne, du retrait des États-Unis du Traité sur les missiles anti-balistiques en 2001 et du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire en 2019, ainsi que de la menace formulée par Zelensky en 2022 d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Même le complaisant Boris Eltsine avait mis en garde le président Clinton contre l’expansion de l’OTAN vers l’est. En poursuivant l’escalade de la guerre, Biden s’assure que les objectifs de guerre des États-Unis visant à infliger une défaite stratégique à la Russie se poursuivent, quel que soit son successeur. [8]
Le bellicisme étasunien trouve un écho en Europe. Andrius Kubilius, ancien Premier ministre lituanien et aujourd’hui premier commissaire européen à la défense, a déclaré que l’Europe doit être prête à combattre la Russie d’ici 6 à 8 ans. L’OTAN masse déjà des troupes en Europe de l’Est et prépare de nouveaux « couloirs terrestres » pour les transporter jusqu’au front contre la Russie. Un récent vote au Parlement européen en faveur de l’utilisation d’armes à longue portée contre la Russie a montré l’imprudence ambiante, sous l’égide d’Ursula von der Leyen, dont la mission est de garantir le respect absolu de la politique des EU et la poursuite des dépenses européennes massives pour l’Ukraine par les pays de l’UE – 110 milliards d’euros à ce jour, dépassant de loin les 75 milliards d’euros des États-Unis.
En attendant, le même engagement inébranlable en faveur de la guerre se fait entendre dans les déclarations publiques d’Israël. Un responsable israélien a déclaré sur NBC : « Nous avons décidé de tuer Nasrallah après avoir conclu qu’il n’accepterait aucune solution qui ne soit pas liée à la fin de la guerre à Gaza ». Cette insistance sur la guerre, sur la violence, est une mise en œuvre délibérée de la politique des EU.
La Chine et la Russie bloquent les actions des EU
Contre ces forces de destruction, la Russie et la Chine imposent des limites à la marge de manœuvre de l’Occident. L’avertissement sévère de la Russie à l’OTAN selon lequel l’utilisation de roquettes à longue portée signifierait une entrée en guerre directe a forcé le Pentagone à au moins faire une pause, tandis que le plan de paix de la Chine pour l’Ukraine, avec le Brésil, est soutenu par plus de 110 pays – ignoré pour l’instant, mais exerçant potentiellement une pression diplomatique importante à long terme.
Les liens de la Chine et de la Russie avec l’Iran, associés à la capacité de l’Iran à percer le « Dôme de fer » d’Israël, ont jusqu’à présent limité l’attaque anticipée contre l’Iran par Israël, aidé par les États-Unis, bien que le génocide à Gaza et au Liban n’ait pas été empêché.
L’an dernier, la diplomatie chinoise visant à rapprocher l’Iran et l’Arabie saoudite a porté ses fruits dans la mesure où les Saoudiens, quelques jours seulement après la frappe de missiles iranienne contre Israël le 1er octobre, ont publiquement renforcé les relations amicales entre les « États frères », selon les informations de Xinhua. Plus important encore, les Saoudiens, les Émirats arabes unis et le Qatar ont apparemment refusé à Israël l’accès à leur espace aérien pour bombarder l’Iran, après avoir subi des attaques yéménites dommageables contre leur production pétrolière dans le passé. La normalisation semble être en suspens.
La Chine a également contribué à rapprocher les partis palestiniens, en particulier le Hamas et le Fatah, lors d’une importante réunion à Pékin au début de l’année.
En Asie de l’Est, la Chine a résisté aux tentatives étasuniennes de l’inciter à utiliser la force pour récupérer sa province, Taiwan. Elle a également contribué à apaiser les tensions avec le Vietnam au sujet des eaux contestées, le président vietnamien Tô Lâm ayant souligné lors de sa récente visite d’État en Chine le soutien total du Vietnam à la politique d’une seule Chine. La Chine a également désamorcé son conflit frontalier avec l’Inde dans l’Himalaya.
Avec l’appui de la Russie, un processus de paix et de décolonisation a commencé au Sahel, en Afrique, avec l’appui de l’Algérie. Le Burkina Faso, le Niger et le Mali s’unissent au sein de l’Alliance du Sahel pour prendre le contrôle de leurs propres mines – d’or et, dans le cas du Niger, d’immenses mines d’uranium – et pour s’attaquer aux milices islamistes violentes issues de la destruction de la Libye par l’Ouest et contrôlées par la Légion étrangère française.
Le Niger a fermé l’immense base de drones étasunienne située près de sa capitale. Le Burkina Faso a forcé la France à fermer sa base militaire. Le Tchad a expulsé les troupes étasuniennes. Le fait que les Bérets verts se déplacent probablement vers la Côte d’Ivoire ou le Bénin, pays pro-occidentaux, n’enlève rien à la réussite de l’opération. Comme le soutient Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, « la Russie défend un ordre mondial multipolaire ». L’héritage de la solidarité soviétique avec l’Afrique perdure encore aujourd’hui – des milliers d’Africains étudient dans les universités russes chaque année.
Dans l’ensemble, les pays du Sud affirment leur place sur la scène mondiale. L’affaire de l’Afrique du Sud contre le génocide israélien devant la Cour internationale de Justice a conduit, pour la première fois en 42 ans, l’Assemblée générale des Nations Unies à voter à une écrasante majorité en faveur de sanctions contre Israël.
Entre-temps, « le drapeau palestinien est devenu le symbole mondial de la liberté et de la libération », selon Husam Zomlot, ambassadeur de Palestine au Royaume-Uni. Le génocide israélien et son agression effrénée ont créé une nouvelle unité entre les anciens ennemis, le Hamas et le Hezbollah, dont le prestige a augmenté après avoir défié Israël et être restés invaincus. Le Hezbollah est considéré par la plupart des Libanais comme la seule force capable de défendre le Liban contre Israël.
Difficultés pour les dirigeants occidentaux
Le dégoût croissant envers le génocide supervisé par l’Occident met la pression sur les gouvernements occidentaux. Malte a refusé l’accès aux navires transportant des armes à destination d’Israël. L’Irlande a refusé d’évacuer sa force de maintien de la paix du Liban – malgré les menaces israéliennes. L’Italie a condamné Israël pour avoir pris pour cible ses soldats de la paix libanais et a annoncé une suspension totale des livraisons d’armes à Israël. C’est devenu un enjeu électoral aux États-Unis.
En Europe, le pessimisme quant à la défaite de la Russie, qui repousse régulièrement les forces ukrainiennes, a imposé un certain réalisme dans certains cercles dirigeants. Ces classes dirigeantes nationales considèrent que leur subordination aux États-Unis va à l’encontre de leurs intérêts, avec une désindustrialisation forcée due au sabotage étasunien de Nordstream et à l’énorme augmentation des coûts de l’énergie qui en résulte.
Comme l’a récemment déclaré le commentateur français Emmanuel Todd : « Si la Russie est vaincue en Ukraine, la soumission européenne aux Américains durera un siècle ». C’est un assouplissement que des millions d’Allemands, d’Autrichiens, de Hongrois, de Slovaques et de nombreux Français rejettent, tout comme ils rejettent la guerre, comme l’a révélé un récent sondage en Allemagne – 59 % sont favorables à des négociations de paix avec la Russie, atteignant 68 % en Allemagne de l’Est.
Aux États-Unis, la tendance isolationniste veut régler la guerre avec la Russie, et on craint de perdre des parts de marché mondiales en raison des sanctions.
La Grande-Bretagne défend ses intérêts impérialistes
Pendant ce temps, la Grande-Bretagne continue de servir fidèlement la puissance étasunienne, en promouvant avec une vigueur exceptionnelle les massacres en Ukraine et au Moyen-Orient et en se préparant à accueillir des missiles nucléaires EU sur la base aérienne de Lakenheath. La belligérance de la Grande-Bretagne « sert de renforcement historique de la puissance britannique » (selon l’analyste Sumantra Maitra du think tank Responsible Statecraft), augmentant sa capacité à exercer une influence sur ses rivaux européens dans la sphère militaire et garantissant que l’UE ne gagne jamais son autonomie vis-à-vis des États-Unis.
La Grande-Bretagne se considère également comme le défenseur du système impérialiste en général, en tant que puissance mondiale, deuxième après les États-Unis en termes de nombre de bases militaires à l’étranger. (9, 10).
Notre réponse
Les dirigeants de notre pays sont unis pour la guerre, ce qui rend notre tâche à la fois difficile et importante. Le congrès du TUC (Trades Union Congress) a soutenu cette année la Palestine et appelé à la paix au Moyen-Orient.
Nous devons pousser plus loin cette compréhension positive – et faire valoir que ce sont les mêmes fauteurs de guerre qui détruisent Gaza, le Liban et l’Iran qui détruisent l’Ukraine et attaquent la Russie.
Nous vivons une période où les classes dirigeantes mondiales ne peuvent plus gouverner comme avant – l’emprise de l’impérialisme et sa violence débridée sont devenues visibles pour beaucoup. L’appétit croissant pour le changement – pour s’éloigner de la guerre, de la paupérisation, de la démocratie factice, de la catastrophe climatique – signifie que des millions de personnes sont désillusionnées par le système actuel.
Les dangers aigus – y compris l’exploitation de l’extrême droite – rendent notre travail essentiel pour promouvoir le socialisme comme la seule voie pacifique et rationnelle. Nous devons souligner l’histoire vibrante de l’URSS, de la RDA et d’autres sociétés socialistes passées, ainsi que ces exemples vivants de pays qui luttent courageusement pour maintenir la souveraineté nationale et défendre le socialisme. Et nous devons mettre en avant la Chine, quelle que soit la manière dont nous décrivons son système actuel, dont les réalisations tangibles représentent une alternative claire à la barbarie.