9
L’article en français des deux prestigieux nord-américains qui démontent la fable du « génocide ».

Les allégations de génocide au Xinjiang sont injustifiées

Jeffrey Sachs est un économiste proche de nombreuses administrations démocrates US. Il est considéré comme l’un des cent intellectuels les plus influents au monde. Il a été le conseiller de plusieurs secrétaires généraux des Nations Unies dont Antonio Gutteres.

William Schabas est un professeur de droit de réputation mondiale, un spécialiste écouté aux Nations Unies sur les questions de la torture, de la peine de mort et du génocide.

Le texte ci-dessous est la traduction de leur article « The Xinjiang genocide allegations are unjustified » paru dans l’édition du 20 avril de « PS » (« Project Syndicate »), un réseau de 459 médias dans 150 pays.

Le 21 avril, ce texte a fait l’objet dans LGS d’une analyse de Gaston Monatte : « Ouïghours : un pavé (made in USA) dans la mare » où se lit en filigrane une annonce d’un infléchissement (ou revirement) possible de la propagande étatsunienne sur le sujet.

Dans l’immédiat, tremblons pour nos médias qui se sont acharnés sur un de nos administrateurs qui avait soutenu hier (l’impudent !) ce qui se vérifie aujourd’hui.
LGS

* * *

Les allégations de génocide au Xinjiang sont injustifiées

L’administration du président américain Joe Biden a réitéré l’affirmation selon laquelle la Chine organise un génocide contre le peuple Ouïghour dans la région du Xinjiang. Mais elle n’a fourni aucune preuve et, à moins qu’elle ne le fasse, le département d’État devrait retirer cette accusation et soutenir une enquête de l’ONU sur la situation au Xinjiang.

NEW YORK/LONDRES - Le gouvernement américain a inutilement intensifié sa rhétorique contre la Chine en affirmant qu’un génocide est en cours contre le peuple Ouïghour dans la région du Xinjiang. Une accusation aussi grave a son importance, car le génocide est considéré à juste titre comme "le crime des crimes". De nombreux experts appellent désormais au boycott des Jeux olympiques d’hiver de 2022 à Pékin, qu’ils qualifient de "Jeux olympiques du génocide".

L’accusation de génocide a été lancée le dernier jour de l’administration de Donald Trump par le secrétaire d’État de l’époque, Michael Pompeo, qui ne cachait pas sa conviction que le mensonge était un outil de la politique étrangère américaine. Aujourd’hui, l’administration du président Joe Biden s’est ralliée à l’affirmation peu convaincante de Pompeo, même si les principaux juristes du département d’État partagent notre scepticisme à l’égard de cette accusation. Comme le HRP n’utilise jamais le terme, sauf une fois dans la préface du rapport et une autre fois dans le résumé du chapitre consacré à la Chine, les lecteurs doivent deviner les preuves. Une grande partie du rapport traite de questions telles que la liberté d’expression, la protection des réfugiés et les élections libres, qui ont peu de rapport avec l’accusation de génocide.

Il existe des accusations crédibles de violations des droits de l’homme à l’encontre des Ouïghours, mais elles ne constituent pas en soi un génocide. Et nous devons comprendre le contexte de la répression chinoise au Xinjiang, qui avait essentiellement la même motivation que l’incursion américaine au Moyen-Orient et en Asie centrale après les attentats de septembre 2001 : mettre fin au terrorisme des groupes islamiques militants.

Comme l’a raconté l’homme d’affaires et écrivain Weijian Shan, basé à Hong Kong, la Chine a connu des attaques terroristes répétées au Xinjiang au cours des mêmes années où la réponse imparfaite de l’Amérique au 11 septembre a conduit à des violations répétées du droit international et à des effusions de sang massives. En effet, jusqu’à la fin de l’année 2020, les États-Unis ont classé le Mouvement islamique du Turkestan oriental ouïghour comme un groupe terroriste, ont combattu les combattants Ouïghours en Afghanistan et en ont retenu beaucoup comme prisonniers. En juillet 2020, les Nations unies ont constaté la présence de milliers de combattants Ouïghours en Afghanistan et en Syrie. L’accusation de génocide ne doit jamais être portée à la légère. Une utilisation inappropriée de ce terme peut aggraver les tensions géopolitiques et militaires et dévaloriser la mémoire historique de génocides tels que l’Holocauste, entravant ainsi la capacité à prévenir de futurs génocides. Il incombe au gouvernement américain de porter toute accusation de génocide de manière responsable, ce qu’il n’a pas fait ici.

Le génocide est défini en droit international par la convention des Nations unies sur le génocide (1948). Des décisions judiciaires ultérieures ont clarifié sa signification. La plupart des pays, y compris les États-Unis, ont intégré la définition de la convention dans leur législation nationale sans y apporter de modifications importantes. Au cours des dernières décennies, les principaux tribunaux de l’ONU ont confirmé que la définition exigeait la preuve, selon des critères très stricts, de la destruction physique intentionnelle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux, et que l’un des cinq actes suivants devait être perpétré. De toute évidence, le meurtre figure en tête de liste. Le rapport du département d’État sur la Chine indique qu’il y a eu de "nombreux rapports" de meurtres, mais que "peu ou pas de détails étaient disponibles", et ne cite qu’un seul cas - celui d’un Ouïghour détenu depuis 2017 et mort de causes naturelles, selon les autorités. Le rapport n’explique même pas pourquoi l’explication officielle devrait être remise en question.

Techniquement, un génocide peut être prouvé, même sans preuve que des personnes ont été tuées. Mais comme les tribunaux exigent la preuve de l’intention de détruire physiquement le groupe, il est difficile d’établir cette preuve en l’absence de preuves de meurtres à grande échelle. Cela est particulièrement vrai lorsqu’il n’existe pas de preuves directes de l’intention génocidaire, par exemple sous la forme de déclarations politiques, mais simplement des preuves circonstancielles, ce que les tribunaux internationaux appellent un "modèle de comportement".

Les tribunaux internationaux ont déclaré à plusieurs reprises que lorsque les accusations de génocide ne sont fondées que sur des déductions tirées d’un modèle de comportement, les autres explications doivent être définitivement écartées. C’est pourquoi la Cour internationale de justice a rejeté en 2015 l’accusation de génocide portée contre la Serbie et la contre-accusation portée contre la Croatie, malgré les preuves d’un nettoyage ethnique brutal en Croatie.

Alors, qu’est-ce qui pourrait encore constituer une preuve de génocide en Chine ? Le rapport du Département d’État fait référence à l’internement massif de peut-être un million de Ouïghours. Si cela était prouvé, cela constituerait une violation flagrante des droits de l’homme, mais, encore une fois, ce n’est pas une preuve, en soi, d’une intention d’extermination.

Un autre des cinq actes de génocide reconnus est "l’imposition de mesures destinées à empêcher les naissances au sein du groupe". Le rapport du département d’État fait référence aux politiques de contrôle des naissances notoirement agressives de la Chine. Jusqu’à récemment, la Chine appliquait strictement sa politique de l’enfant unique à la majorité de sa population, mais était plus libérale envers les minorités ethniques, notamment les Ouïghours.

Aujourd’hui, la politique de l’enfant unique n’est plus appliquée à la majorité des Chinois Han, mais des mesures plus strictes ont été imposées à la minorité musulmane du Xinjiang, dont les familles sont traditionnellement plus nombreuses que la moyenne chinoise. Le Xinjiang enregistre néanmoins un taux de croissance démographique global positif, la population ouïghoure ayant augmenté plus rapidement que la population non ouïghoure du Xinjiang entre 2010 et 2018.

L’accusation de génocide est alimentée par des « études » comme le rapport du Newlines Institute qui a récemment fait la une des journaux. Newlines est décrit comme un groupe de réflexion "non partisan" basé à Washington, DC. En y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il s’agit du projet d’une minuscule université de Virginie comptant 153 étudiants, 8 professeurs à temps plein et un programme politique apparemment conservateur. D’autres grandes organisations de défense des droits de l’homme se sont abstenues d’utiliser ce terme.

Les experts de l’ONU demandent à juste titre que l’ONU enquête sur la situation au Xinjiang. Le gouvernement chinois, quant à lui, a récemment déclaré qu’il accueillerait favorablement une mission de l’ONU au Xinjiang basée sur "les échanges et la coopération", et non sur "la culpabilité avant preuve".

À moins que le département d’État ne puisse étayer l’accusation de génocide, il devrait retirer cette accusation. Il devrait également soutenir une enquête menée par l’ONU sur la situation au Xinjiang. Le travail de l’ONU, et notamment des rapporteurs spéciaux sur les droits de l’homme, est essentiel pour promouvoir la lettre et l’esprit de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Jeffrey SACHS et William SCHABAS
20 avril 2021.

Traduction : un lecteur pour le Grand Soir.
(Les illustrations sont des ajouts du Grand Soir)

 https://www.project-syndicate.org/commentary/biden-should-withdraw-unjustified-xinjiang-genocide-allegation-by-jeffrey-d-sachs-and-william-schabas-2021-04?fbclid=IwAR2OQPr1er9PF6q6u7BeAUoMuHeasfdK5E23aZJuqQEw92uHye4f20kDOLo
Print Friendly and PDF

COMMENTAIRES  

26/04/2021 18:19 par Louis St O

Enfin des gens sensés, peut-être va-t’on les croire EUX, pour ceux qui auraient un doute sur la traduction, cet article peut être lu en français sur le site que vous mentionnez.
De plus, presque tous les commentaires (en anglais) de ce texte vont dans le sens des auteurs, et ne croient pas au génocide.

Il faut l’envoyer à Clémentine...

27/04/2021 12:30 par robess73

en espérant que notre clémentitine nationale lise cet excellent article...

27/04/2021 13:52 par Carlos

Pour que cet article soit cru il faut qu’il soit......lu !! Et comme ni Libération ou le Monde n’ont fait d’article de ce type (à ma connaissance) à ce jour, pourquoi serait t’il valide ?
En fait ce qui manque ce sont les lecteurs, les vrais ceux qui aiment le pluralisme et qui butinent les infos et les sources de ces infos....et autour de moi quand je parle de tout ça ou que je donne mon avis sur certains points ou infos mensongers (du moins ceux que je juge ainsi) les mentons se haussent, les sourires fleurissent sur les lêvres et les yeux se plissent de doute, "mais voyons ne commence pas encore avec tes théories de complotiste"...que puis je faire face à un tel blocage ?
Pas grand chose à mon niveau, et puis je fatigue un peu....
Mais c’est bon de lire tout ça, un espoir peut être que l’on regarde enfin un peu plus ce qui risque de se passer chez nous ?.... l’arrivée prochaine au pouvoir d’un état militaire et fasciste ??

27/04/2021 14:28 par Assimbonanga

Avec cet article, on atteint un tournant et c’est à ce tournant qu’on attend Clémentine. Sera-t-elle capable de reconnaître son erreur de discernement, publiquement si possible ?

@Carlos, peut-être aurons-nous le privilège d’innover ! Il est d’usage que les putsch soient militaires. Peut-être aurons-nous en France un putsch policier ? Les flics prennent de telles licences avec leur devoir de réserve qu’ ils deviennent inquiétants. Les forces de l’ordre expriment majoritairement des élans d’extrême-droite. Les télés en continu leur sont favorables. L’atmosphère est saturée.
Et quand un Mélenchon exprime par un cri que la République c’est de préférence un député qu’un simple exécutant fonctionnaire de police, c’est de la gueule de Mélenchon qu’on se fout.

Côté militaires, je n’ai pas encore visionné la conférence de presse relative aux putschistes hors d’âge que voici : Militaires factieux : une alerte pour notre République

28/04/2021 18:40 par Assimbonanga

Les autorités israéliennes commettent les crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport rendu public le mardi 27 avril 2021. Cette conclusion se fonde sur une politique globale du gouvernement israélien qui vise à maintenir la domination des Israéliens juifs sur les Palestiniens, et sur de graves abus commis contre les Palestiniens vivant dans le territoire occupé, y compris Jérusalem-Est.

Le Monde : Human Rights Watch : « Israël commet le crime d’apartheid dans les territoires ». Human Rights Watch est arrivé à la conclusion que les crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution sont commis par le gouvernement israélien contre une partie de la population palestinienne. Nous nous fondons sur deux ans d’enquête et deux décennies de travail en Israël et dans les territoires occupés. En usant du terme « apartheid » nous ne faisons pas une analogie historique, mais nous appliquons le droit international. Ce mot trouve son origine en Afrique du Sud, mais il a un statut en droit international, dans la convention de 1973 sur l’apartheid et dans le statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), tous deux ratifiés par de nombreux Etats. Trois éléments concourent à un tel crime : l’intention par un groupe racial d’en dominer un autre, une oppression systématique et la perpétration de certains actes inhumains. La persécution, c’est l’imposition de sévères violations de ses droits à un groupe spécifique, avec une intention discriminante.

29/04/2021 23:48 par Danael

Et si dorénavant on vous serine sur le sujet, vous pouvez toujours répondre comme Serge Halimi :

Est-ce à dire que la France progressiste pourrait avoir demain la politique chinoise de Tokyo, la politique vénézuélienne de Washington, la politique arabe de Tel-Aviv et la politique russe de Varsovie .
Monde diplomatique mai 2021

PS : Surtout souriez pour la photo de Jadot dans l’article. .

30/04/2021 12:08 par Assimbonanga

Ô imagination sans borne des services secrets ! Les Anglais ont inventé la surveillance au prétexte d’écologie : Les services secrets britanniques veulent surveiller les pays les plus pollueurs.
(J’espère que le magazine Reporterre ne mettra pas trop longtemps à comprendre ce qui se cache sous cette apparence hypocrite.)

02/05/2021 07:14 par CAZA

Bonjour
En lien Han Suyin , Jésus et la caisse d’opium Britannique .

Plein d’autres sur le Net notamment " Le péril Blanc " ou chez B Pivot
Très diserts sur les difficultés rencontrées par le PC Chinois pour sortir leur population de la famine , la féodalité et le colonialisme les occidentaux oublient que ce sont eux qui étaient responsables de la misère du peuple Chinois .

https://fo-fo.facebook.com/lpetitpoete/videos/j%C3%A9sus-nous-a-%C3%A9t%C3%A9-envoy%C3%A9-dans-une-caisse-dopium/427977848285285/

02/05/2021 12:21 par Xiao Pignouf

@CAZA

Il serait injuste et historiquement faux de tout mettre sur le dos des Occidentaux.

Certes, ceux-ci ont pris une part active au déclin de la Chine à partir de la deuxième moitié du 19ème siècle. Mais ils ont profité d’un déclin déjà bien entamé par une fin de dynastie Mandchoue (Qing) corrompue et par les destructions et les famines provoquées par la révolte des Taiping, à laquelle on attribue plusieurs millions de morts.

(Commentaires désactivés)
 Twitter        
« Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »
© CopyLeft : Diffusion du contenu autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
 Contact |   Faire un don