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Les 12 tournevis des américanos

J’étais en train de fouiller ici et là dans la maison, quand je me suis rendu compte que j’avais au moins 12 tournevis. Il manquait des pièces à chacun. Douze : des blancs, des jaunes, des noirs… Amputés. Il n’y a jamais le tournevis étoile…

Peut-être que posséder 12 tournevis est un signe de vieillesse. Il doit bien y avoir un crétin dans une université pour élaborer une théorie entre la vie humaine et le nombre de tournevis, établissant ainsi une équation qui pourrait évaluer l’âge d’un américanos avec ce qu’il possède.

Douze tournevis. Comme le Christ avait douze apôtres. On cherche tous des signes de concomitances entre ce qui ne semble pas l’être à prime abord.

C’est du domaine du délire humain. Les fils emmêlés de la « raison » ne trouvent plus de solution : il s’adresse d’abord à son « dieu intérieur », l’intuition.

On cherche un sens aux événements, aux choses, aux « raisons » de l’état d’être de cette planète : la misère, la faim, les gens qui gobent leurs antidépresseurs chaque matin pour faire face à ce « monde ». On le cherche de par des « signes », comme dans le film avec Mel Gibson, Sign

L’enfer sur Terre

La crise politique que le Yémen a connue en 2011 a provoqué une progression de la faim dans le pays avec la flambée des prix des produits alimentaires et du carburant. Le nombre de personnes souffrant de la faim a doublé depuis 2009 : plus de 10 millions de personnes, soit 44 % de la population du Yémen, n’ont pas suffisamment à manger aujourd’hui. Selon l’ONU, les taux de malnutrition sont alarmants, un enfant sur trois souffrant de malnutrition sévère dans certaines régions du pays. Des millions de personnes ont épuisé leurs moyens de subsistance et n’ont plus de quoi acheter suffisamment de nourriture pour leurs familles, se retrouvant dans des situations extrêmement précaires.

Dans le même temps, dans le nord et le sud du pays, quelque 465 000 personnes sont toujours déplacées à cause du conflit qui oppose les forces gouvernementales à des groupes tribaux. Oxfam

Quel rapport entre les tournevis et le Yémen ?

Il y en a un : le syndrome du congélateur.

Heaven & Earth

Dans une des scènes du film, la jeune vietnamienne ouvre un congélateur rempli de jambon, de steaks, de viandes gardés au froid. La caméra, de par la porte du frigo, s’ouvre sous ce mélange de chair congelé et d’une américaine souffrant d’embonpoint, avec un oeil aussi visqueux que celui d’un poisson « éternisé » dans un bloc de glace.

Chacun à sa vision du ciel…

La vietnamienne ne comprend pas cette manière de garder les aliments… Sans doute, pour elle, les aliments sont simples mais vivants.

Des tournevis et du reste

Ouvrons un peu notre « esprit » sur notre mode de vie : chacun a un frigo et un congélateur.

Comme s’il se préparait à une guerre nucléaire.

Si vous vous amusez, comme moi, ahuri, à faire l’inventaire de tout ce qui est congelé - en terme de métaux, de viande, de légumes, dans nos maisons,- imaginez tout l’arsenal « poussé » dans nos demeures et dans nos esprits par les vendeurs qui vident leurs entrepôts pour éparpiller le contenu dans chacune de nos maisons.

La technique des vendeurs est de vous faire croire que le produit -EN SPÉCIAL - doit être acheté - EN SPÉCIAL.

Bref, à un prix le plus bas, selon la foi de l’acheteur.

En fait, nous ne connaissons pas les techniques qui font qu’une boîte de café coûte 18$ dans un supermarché, et 13$ dans un autre. Toute la « politique » des prix est basée sur une arnaque qui consiste à faire valser les prix de façon à retirer 30% de profit.

Nous sommes devenus des entrepôts de grandes chaînes, autant alimentaire que celles vendant des tournevis.

Le clou et le marteau

Bref, tout cet art de vendre, cette peur, nous a été inoculé, depuis des décennies : nous sommes devenus comme eux.

EuX. Cette partie de NOUS pour laquelle nous votons.

EuX , ils engrangent l’argent. Nous, nous engrangeons des avoirs futiles, faciles à obtenir, complètement déconnectés de l’essentiel.

Le plus grand entrepôt a été scindé, découpé, tranché, passé aux pompeuses pubs.

Nous sommes les clous, et eux, les marteaux.

Sur le plan planétaire, nous participons tous à cet affreux carnage, rivés, enfoncés dans notre foi en l’État qui établit toutes les règles de la démocratie sans aucun consentement de chacun de ce « nous ».

Si les battements d’aile d’un papillon peut créer un remous à l’autre bout du monde, notre « action » est de croire que la faim au Yémen est normale.

C’est un pays pauvre…

C’est là l’apparition d’une nouvelle forme de racisme : le racisme de la couleur de la richesse.

Les noirs sont pauvres, les blancs sont riches.

C’est le crétin de Sarko qui a dit que les africains ne voulaient pas entrer dans le « monde moderne ».

La richesse morte

Nous vivons une ère où l’offre dépasse largement la demande. On se débarrasse des vieux stocks par les « spéciaux de la semaine », pour pouvoir en produire plus, pour… plus d’argent.

La richesse morte n’est pas qu’à Wall-Street où dans les comptes en banque en Suisse. Comme ce serait le cas de Romney…

A force de frapper à coups de slogans - que nous payons - , nous sommes devenus aussi monstrueux que ceux sur lesquels nous maugréons.

En fait, nous avons cette seule puissance : maugréer.

Nous avons affaire à un horrible crédo qui va avaler la planète entière.

Si le Yémen crève de faim, c’est que c’est en Afrique et que les africains sont déjà pauvres. Et ils sont illettrés, ne savent pas s’organiser, etc.

Ce « slogan-crédo » est-il supérieur à ce que nous faisons dans nos vies : voter pour le « moins pire pareil » qui ne changera rien ?

Il est grand temps qu’on guillotine nos « représentants -vendeurs-néolibéraux » qui contrôlent notre cerveau et coupent les têtes de la race humaine.

Si on pouvait représenter la pauvreté d’esprit des pauvres que nous sommes, ce serait plus horrible que celle d’un enfant mourant de faim.

Il n’y a pas d’appareil photo pour l’imbécillité et la langueur humaine.

Au fond, c’est nous qui sommes dans le frigo…

C’est rassurant d’être congelé.

La Vie, elle, ne l’est pas.

La Terre est un mouroir de miroirs.

Narcisse n’aura sans doute bientôt plus d’eau…

Mais il s’éteindra avec 12 tournevis.

Gaëtan Pelletier

17 juillet 2012

La Vidure

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La rose assassinée
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"Au Salvador, les escadrons de la mort ne tuent pas simplement les gens. On les décapite, on place leurs têtes sur des piques et on garnit ainsi le paysage. La police salvadorienne ne tuait pas seulement les hommes, elle coupait leurs parties génitales et les fourrait dans leurs bouches. Non seulement la Garde nationale violait les femmes salvadoriennes, mais elle arrachait leur utérus et leur en recouvrait le visage. Il ne suffisait pas d’assassiner leurs enfants, on les accrochait à des barbelés jusqu’à ce que la chair se sépare des os, et les parents étaient forcés de garder."

Daniel Santiago,prêtre salvadorien
cité dans "What Uncle Sam Really Wants", Noam Chomsky, 1993

Commandos supervisés par Steve Casteel, ancien fonctionnaire de la DEA qui fut ensuite envoyé en Irak pour recommencer le travail.

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