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Le virage islamique de la Turquie

Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République de Turquie et père de la laïcité qui caractérise depuis un siècle le système politique turc, doit aujourd’hui se retourner dans sa tombe. La série de mesures entreprises récemment par le premier ministre Recep Tayyip Erdogan reflètent clairement un virage dans sa perception de la religion en Turquie, se démarquant de l’État laïque en vigueur depuis les réformes kémaliste des années 30.

Erdogan, ancien frère musulman converti au laïcisme pour les besoins de ses ambitions politiciennes, n’a jamais caché son attachement aux principes de la confrérie. Encore moins son soutien aux "frères" qui ont récemment pris le pouvoir dans les pays arabes, et son soutien à l’Egyptien Mohamed Morsi en particulier. La renaissance des Frères musulmans et le poids que ces derniers ont récemment pris en Tunisie, en Libye, au Maroc, où ils sont toujours au pouvoir, ainsi qu’en Egypte jusqu’au renversement de Mohamed Morsi en juillet dernier ; ont permis au chef du gouvernement turc de ne plus se cacher. Les Frères musulmans étant désormais davantage considérés comme des alliés par Washington, il n’y avait plus de raison de ne pas affirmer sa connivence avec la confrérie.

C’est ainsi qu’après la loi restreignant la vente et la consommation d’alcool qui a participé au soulèvement turc en juin dernier ; après la suspension il y a un mois de l’interdiction du port du voile au parlement ; Recep Tayyip Erdogan a promis le 3 novembre dernier de s’attaquer à la mixité dans les résidences étudiantes. Un calendrier rompant avec le principe de laïcité si chère à la Turquie moderne, mais dénotant également un virage politique évident, qui contraste avec la politique entreprise depuis sa prise de fonctions en 2003.

En réalité, Erdogan est redevenu un "frère" en 2011, lors du Printemps arabe, lorsqu’il a pris conscience des opportunités offertes par la réhabilitation des Frères musulmans par Washington, et l’accord entre les deux parties qui a conduit la confrérie à prendre le pouvoir dans quasiment toute l’Afrique du Nord. Depuis, le chef du gouvernement turc, ainsi qu’ Hakan Fidan, le chef du MIT, principal service secret turc, se sont attelés à exécuter le plan du département d’Etat US, coordonné au cabinet d’Hillary Clinton par la « soeur » Huma Abedin et à la Fondation William J. Clinton par le « frère » Gehad El-Haddad, responsable par ailleurs de la communication du parti de M. Erdoğan.

Erdogan s’est donc retourné contre le colonel Khadafi en Libye, de qui il avait reçu quelques mois auparavant le prix Khadafi des Droits de l’Homme, et ne cesse de clamer son soutien aux "frères" nord-africains depuis les révolutions arabes. Aujourd’hui encore, et ce même après l’accord Russo-US sur les armes chimiques qui a débouché sur l’abandon de l’ingérence US en Syrie, Ankara n’en démord pas et continue d’envoyer, d’après le Wall Street Journal, des milliers de combattants en soutien aux rebelles syriens.

par Lahcen Senhaji

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