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The Guardian

Le véritable but est la saisie du pétrole saoudien

Mo Mowlam

Je continue à écouter les mots de l’administration de Bush sur l’Irak et cela m’alarme de plus en plus. Il semble y avoir une telle confusion, mais au-delà transparaît la sinistre résolution qu’ils sont, jusqu’à un certain point, prêt à entreprendre une attaque militaire. La réponse du gouvernement britannique semble également embarrassée, mais j’espère seulement que la détermination d’en fin avec l’Irak ne constitue pas le fondement de leur politique. Il est peu probable de voir George Bush peut revenir sur ses propos belliqueux et tout en sauvant la face, mais j’espère que cela reste possible. Autrement je crains énormément pour le Moyen-Orient, mais aussi pour le reste du monde.

Le plus terrifiant est que les faucons dans l’administration de Bush doivent connaître les risques que cela implique. Ils doivent être conscients des sentiments anti-Américains partout dans le Moyen-Orient. Ils doivent être conscients des craintes Egyptiennes et Saoudiennes qu’une guerre contre l’Irak puisse enclencher des révolutions, renversant les gouvernements pro-occidentaux et les remplaçant par des régimes d’anti-Américains populistes et musulmans fondamentalistes. Nous devons tous nous rappeler la révolution islamiste en Iran. Le Shah a était soutenu par les Américains, mais il ne pouvait pas résister à la volonté des peuples. Et c’est parce que je suis sûr qu’ils connaissent pleinement les conséquences de leurs actions, que j’ai peur. Cela me conduit à la conclusion qu’ils doivent vouloir créer un tel grabuge.

Les nombreuses affirmations sur le fait que Saddam Hussein aurait des armes de destruction massive, qui n’ont jamais été soutenus par aucune preuve sérieuse, signifient très peu. Même si Saddam avait de telles armes, pourquoi voudrait-il les employer ? Il sait que s’il cherche à saisir les gisements de pétrole dans des pays voisins le monde occidental tout entier se retournerait contre lui. Il sait que s’il attaque l’Israël le même destin l’attend. Les comparaisons avec Hitler sont stupides - Hitler a cru qu’il pourrait gagner ; Saddam sait qu’il ne peut pas. Même s’il a des armes nucléaires il ne peut pas gagner une guerre contre l’Amérique. Les Etats-Unis peuvent facilement le contenir. Ils ne doivent pas le tenter et le forcer à l’irrationalité.

Mais c’est ce que Bush semble vouloir faire. Pourquoi est-il si décidé à en prendre le risque ? Le pays clef dans le Moyen-Orient, pour les Américains, est l’Arabie Saoudite : le pays qui dispose des plus grandes réserves pétrolières dans le monde, le pays qui est prêt à calmer les marchés pétroliers, produisant plus quand les prix sont trop hauts et moins quand en situation de surabondance. En récompense pour sa coopération, la famille royale Saoudienne détient le statut de meilleur ami de l’Ouest. On s’est peu inquiété du fait que le gouvernement n’est pas démocratique et contrevient aux droits de l’homme, pas plus du fait qu’il est entre les mains d’une d’une forme extrême de l’Islam. Avec l’appui américain on a cru que le régime pouvait être protégé et ferait ce qu’il est nécessaire pour garantir à l’Ouest des ravitaillements en pétrole à des prix raisonnablement stables.

Depuis le 11 septembre, cependant, il est devenu de plus en plus manifeste pour l’administration des Etats Unis que le régime Saoudien est vulnérable. On entend des voix de plus en plus anti-occidentales aussi bien dans les rues que dans les principales familles, y compris la famille royale. Oussama Ben Laden n’en est qu’un exemple en vue. La liaison amoureuse avec l’Amérique s’est achevée. Les rapports sur le fait que des milliards des dollars d’investissement Saoudien ont quitté les Etats-Unis peuvent être difficiles à évaluer quantitativement, mais ils sont vrais. L’éventualité que les plus grandes réserves pétrolières du monde tombent entre les mains d’un gouvernement de militants islamistes anti-Américains, devient plus que jamais probable - et c’est inacceptable.

Les Américains savent qu’ils ne peuvent pas empêcher une telle révolution. Ils doivent donc espérer qu’ils peuvent contrôler les gisements de pétrole Saoudiens, à défaut de contrôler le gouvernement. Et quelle meilleure façon de le faire que d’avoir une puissante force militaire dans la région au moment d’une telle rupture. Au nom du secours porté à l’ouest, ces actifs essentiels pourraient être saisis et contrôlés. Les Etats-Unis n’auront plus à dépendre d’une famille royale corrompue et impopulaire pour continuer à être approvisionné en pétrole bon marché. Si le chaos advient dans la région, les forces armées américaines seront considérées comme un sauveur mondial. La guerre pour assurer des provisions pétrolières peut être menée au nom de la lutte contre le terrorisme.

Cette affaire n’a aucun rapport avec une menace de l’Irak - il n’y en a pas. Cela n’a rien à voir avec la guerre contre le terrorisme ou avec la moralité. Saddam Hussein est évidemment un mauvais homme, mais quand nous lui vendions des armes pour maintenir les Iraniens sous contrôle, il était le même mauvais homme qu’aujourd’hui. Il était un pion à l’époque et il l’est maintenant. De la même manière qu’il a alors servi les intérêts occidentaux, il permet de détourner l’attention du tour de passe-passe qui vise à protéger les ressources de pétrole de l’Ouest. Et où cela mène-t-il le gouvernement britannique ? Ont-ils une part dans le plan ou servent-ils juste à alimenter le rideau de fumée ? Le gouvernement parle de moralité et de menace posée par les armes de destruction massive, mais peuvent-ils vraiment y croire ?

Article à lire en anglais sur The Guardian : The real goal is the seizure of Saudi oil

Mo Mowlam était membre du cabinet de Tony Blair, 1997-2001

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Rumeurs de palais en Arabie Saoudite : Affaire à suivre


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