Je vous conseille le film "capitalisme a love story" de M.Moore, en le voyant dernièrement j’ai été très marqué par une scène interpellante : un homme a été poussé par le système à hypothéquer la maison familiale, les petites clauses parfaitement légales en bas du contrat font que la somme qu’il remboursait est multipliée et atteint 3000$. Il ne peut plus rembourser, et la banque va saisir sa maison. La banque veut la maison parfaitement vide pour la mettre directement en vente. Comme il ne peut pas tout emporter, la banque le paye 1000$ pour brûler lui-même ses affaires. Il accepte en râlant devant la caméra : "c’est scandaleux, sont pas sympa,..." Arrive ce qui me chipote : dans les affaires qu’il emporte, il range 3 flingues ! Donc, attends, c’est un américain, le peuple qui a massacré les peaux-rouges, le peuple dont pas mal d’États ont encore la peine de mort, le peuple qui considère qu’avoir une arme à la maison, c’est tout à fait normale pour se défendre des méchants. Le gars n’a pas vraiment l’air subtil, saint, adepte de Gandhi, peace&love, hippie. Alors pourquoi ne fait-il pas comme dans les filmes qu’il voit continuellement à la TV où un justicier prend les armes et combat violemment l’injustice ? Pourquoi ne fait-il pas un carton sur le banquier qui est là , alors qu’il a les armes à la main ?
J’ai trouvé une explication.
Il ne tire pas sur le banquier parce qu’il voudrait bien être à sa place, il voudrait bien être riche. Il ne va quand même pas détruire le mythe après lequel il court. Alors il se laisse tondre comme un petit mouton et pense que sa chance viendra une autre fois, qu’il pourra lui aussi tondre les autres.
Je ne suis pas pour tuer les banquiers, si on s’intéressait au banquier de cette histoire, on s’apercevrait que dans le fond, c’est autant un brave type que sa victime. Il croit aussi que tout ça est normale. Il pourrait ouvrir les yeux et changer d’avis.
Par contre, il y a des tas de façon pacifiques de faire écrouler un système injuste, et la vérité est que nous n’essayons pas assez fort. Je crois que c’est pour les mêmes raisons que notre américain qui ne tire pas sur son banquier. Nous n’avons pas abandonné l’idée de devenir riche un jour.
Demandez à des ados ce qu’ils veulent faire plus tard, une proportion importante dira qu’ils veulent être riche, rentier, gagner beaucoup en travaillant peu, avoir plein de.... je parie aussi qu’il y aura plus d’ados voulant être riche dans les écoles défavorisées.
Être riche serait coooooooool !?
Bof-Bof, j’ai connu un homme assez riche, ça n’avait pas l’air d’être cool.
Pourquoi vouloir être riche ?
1) Par peur de manquer.
2) Par manque d’imagination
3) Pour pouvoir faire ce qu’on veut
4) Pour pouvoir se la couler douce
5) Pour impressionner, être admiré par les autres, être respecté, en vue...
J’avais un ami qui avait peu de besoins mais s’entendait assez bien pour gagner de l’argent en tant qu’ingénieur expartiable dans les 3 jours, parlant couramment 4 langues. La dernière fois que je l’ai vu, il vivait en transit dans un appart-hôtel sur 20 m2 avec un bar bien fournit. Il m’a dit qu’il accumulait l’argent pour pouvoir faire ce qu’il voulait plus tard. En fait il manquait d’imagination, n’avait pas besoin d’argent et n’avait aucune idée de la manière de dépenser tout ce qu’il amassait. A mon avis, il a depuis rencontré une femme vénale qui a su résoudre son problème.
Je connais aussi des gens, et il y en a beaucoup, qui ont accumulé toute leur vie pour la pension et ont tout perdu lors d’un des derniers crash.
J’ai aussi connu un type qui n’avait pas besoin de travailler pour vivre. Pourtant, je l’ai connu dans le cadre du boulot. Il avait créé une entreprise produisant des bio-burger, ça marchait fort, si bien qu’un géant de l’agro-alimentaire lui a proposé (imposé) de le racheter. Il a donc vendu, est devenu riche. Il est parti 6 mois avec sa famille faire le tour du monde en hôtel de luxe, puis ils en ont eu marre, ils sont revenus, il s’ennuyait tellement qu’il a repris un boulot.
L’homme assez riche dont je parle au début m’a fait comprendre à quel point être riche n’est pas cool : une fortune peut être vite perdue, il faut sans cesse travailler à la conserver, à la développer. Être riche peut donner l’impression trompeuse que tout s’achète, ça ne facilite pas les relations humaines. Quand on est riche, lorsque quelqu’un vient vers vous ou entre dans la vie de vos proches, vous n’êtes jamais sûr de ce qui l’intéresse vraiment : le nouvel ami de votre fille, le copain d’enfance qui refait surface, le collaborateur fidèle,...
Dans le fond de leur coeur, les gens qui vous font des sourires vous détestent, vous jalousent, veulent vous abuser.
Lorsque les conditions sociales se dégradent, il peut vite devenir très dangereux d’être riche, au Brésil on vend beaucoup de voitures avec des vitres pare-balle, au Kenya à Nairobi, les gens des beaux quartiers doivent s’abonner à des sociétés de gardiennages armées pouvant intervenir dans les 5 minutes, rappelons-nous qu’à la révolution française il ne faisait pas bon être aristocrate...
Donc, après réflexion, finalement, je ne veut surtout pas devenir riche.
Ne pas vouloir être riche permet de consacrer une partie de son temps à donner aux autres plutôt qu’acheter des merdes écoeurantes produites loin de chez nous.
Ne pas vouloir être riche évite de devoir gérer et se faire trop de soucis pour son argent.
Ne pas vouloir être riche permet de n’accepter que les jobs utiles, auxquels on croit, dans lesquels on se sent bien, qui laissent du temps pour la famille et les amis.
Ne pas vouloir être riche évite de devoir trop se plier aux règles absurdes du système.
Ne pas vouloir être riche permet de retirer son argent d’un placement censé rapporter du 7% (dixit banquier avant la crise), ayant réellement fait - 8% en 3 ans en contribuant au réchauffement de la planète et à la destruction massive de l’environnement.
Ne pas vouloir être riche permet de placer cet argent à du 1% sur un compte d’épargne Triodos en attendant de l’investir dans des projets coopératifs pouvant rapporter du 6% en promouvant une agriculture locale et durable, les énergies renouvelables,...