Dans le n° 23 du Sarkophage, Paul Ariès s’insurge contre la "juste adaptation" à la barbarie. Il critique "le choix des grandes firmes de privilégier l’adaptation aux changements climatiques critique qui dissimulent des enjeux techno-scientistes qui sont autant de façons de faire des affaires tout en faisant payer la crise aux pauvres." Pourquoi cache-t-on, demande-t-il, que l’un des trois groupes de travail du GIECV est composé majoritairement d’économistes libéraux ne retenant que des approches fondées sur la notion d’efficience-coût ?
Hans Krammisch rappelle qu’il faut tout faire pour "résister au stress du travail". Les "progrès" technologiques et informatiques pourraient rendre le travail plus humain. C’est le contraire qui se produit. Les troubles musculo-squelettiques affectent un travailleur européen sur trois. Sans parler des perturbations du biorythme liés aux horaires de plus en plus irréguliers et au travail de nuit.
Cédric Biagini et Guillaume Carnino estiment que, parfois, il faut "arrêter le progrès" : actions anti-OGM, anti-irradiation des aliments. Ce combat ne serait-il pas, selon eux, la continuation du luddisme du XIXe siècle ? Alors, "nous devons créer les conditions intellectuelles et matérielles d’une véritable bifurcation philosophique et politique, fondée sur une critique anti-industrielle, plutôt que fuir toujours plus avant dans la destruction généralisée des solidarités humaines, du lien social et des éco-systèmes."
Toujours excellents, les Pinçon-Charlot : "Les riches ont-ils la belle vie ?" Les riches s’organisent beaucoup mieux que les pauvres. Ainsi, les auteurs nous informent-ils de l’existence de ce site merveilleux, La Demeure historique (http://www.demeure-historique.org/) qui regroupe les propriétaires privés de monuments historiques classés. A noter cet important rappel : "La richesse n’est jamais purement matérielle. Elle implique des éléments symboliques qui légitiment les privilèges attachés à la richesse. Tout d’abord l’illusion chez les autres que le riche est d’une autre nature que le quidam ordinaire. Mais aussi le pouvoir sur le temps, par le recours aux services les plus divers, et le pouvoir sur l’espace, qui permet de tenir à distance tous les importuns. Ces pouvoirs donnent une assurance qui autorise une grande sérénité.
Le Sarkophage nous invite à soutenir Christian Jacquiau, poursuivi par Max Havelaar France, le célèbre torréfacteur équitable. Jacquiau risque d’avoir à débourser 150000 euros, frais d’avocats compris, tout de même !
Aurore Martin, elle aussi, a des problèmes avec la justice (article de Jean-Claude Paye). Cette militante basque française devrait être remise aux autorités espagnoles sur la base d’un mandat d’arrêt européen. Elle a choisi la clandestinité. C’est la première fois que la France a décidé de remettre à la justice espagnole un de ses ressortisssants pour des raisons politiques.
André Bouny évoque longuement les méfaits de l’Agent Orange. Il fut répandu pendant la guerre du Viet Nam. Chaque jour naissent de nouvelles victimes de la plus grande guerre chimique de l’histoire de l’humanité. 4 millions de personnes sont actuellement contaminées.
Un entretien enrichissant entre Paul Ariès et Sophie Heine (une parente de l’auteur des Gedichte ?) sur la manière de refonder la gauche. Les deux politologues se retrouvent au nom d’une même visée émancipatrice.
La montagne de Jean Ferrat est toujours aussi belle (Marie Cellier, Bernard Bruyat) mais les terres ne sont plus considéres comme nourricières par les responsables de la gestion du territoire.
Laurent Paillard ("le coin de sophistes") rappelle que "lutter contre l’insécurité" est un bon moyen d’oublier la délinquance en col blanc, "peu impressionnante maéis très grave".
Serge Latouche voit en Cornélius Castoriadis un "penseur de la démocratie écologique et précurseur de la décroissance". Pour le philosophe, "l’écologie est subversive car elle met en question l’imaginaire capitaliste qui domine la planète. Elle en récuse le motif central, selon lequel notre destin est d’augmenter sans cesse la production et la consommation. Elle montre l’impact catastrophique de la logique capitaliste sur l’environnement naturel et la vie des êtres humains ;" Consommateurs ou citoyens ?
Pour Marie-Louise Duboin, il faut "changer la monnaie pour changer la vie" : "Habitué à s’entendre dire que l’État n’a pas les moyens de financer une mesure socialement utile, le contribuable a été stupéfait par la rapidité avec laquelle les gouvernements ont trouvé des centaines de milliards pour venir au secours des banques."
Selon Damien Harnay, la Corée du Sud est "le laboratoire du néolibéralisme total". Les universités sont sponsorisées par les grandes entreprises, avec des bâtiments à leur nom au sein même du campus, ainsi que des banques et autres centres commerciaux. Mieux encore, chez Samsung les syndicats sont interdits et les travailleurs ont cinq jours de congé par an.
Philippe Canals s’est mis à l’écoute du blues des artistes-musiciens. Aujourd’hui, l’enjeu n’est plus de vivre de son art mais bien de ne pas en crever.
Le Sarkophage soutient sans faille Alain Refalo dans son juste combat contre le pouvoir dans l’Éducation nationale et les initiatives aberrantes, mais ô combien de classe, qui sont prises presque quotidiennement. Face à lui, un Inspecteur d’Académie qui ne tient pas compte de l’avis de la Commission de Recours de la Fonction publique. Un vrai hussard du sarkozysme.
Pour les banlieues, Hassène Belmessous envisage le pire : le péril militaire. Scénario de l’inacceptable, interventions militaires en banlieue décidée par Sarkozy. A Saint-Astier, les gendarmes mobiles ne sont pas entraînés à lutter contre les violences urbaines mais à opérer dans la perspective d’une guerre urbaine. 10000 soldats sont prêts à intervenir face à une "situation grave".
En dernière page, Le Sarkophage laisse la parole à Alain Refalo, l’instituteur de Colomiers qui résiste et désobéit pour défendre l’école publique.