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Le pouvoir est à la rue

Deux millions de Français encore, ce 28 octobre 2010, tous ensemble
sur tout le territoire, à clamer leur exigence du retrait de cette loi
inique qui a fusillé leurs retraites. C’est énorme, tout simplement.

Après la loi, après le matraquage médiatique et policier, après un
nombre d’appels à mobilisation record, les Français étaient
toujours présents. Des tréfonds de leur citoyenneté, de leur
dignité, de leur indépendance et de leurs valeurs les plus
enracinées, les français se sont encore mobilisés pour dire NON.

Qui pourra dire qu’il n’y a pas là -dedans quelque chose de noble
 ?...Qui pourra oser le dénigrement de cette lutte acharnée contre la
résolution têtue d’un pouvoir qui emploie tous les moyens pour ne
pas entendre, pour refuser l’évidence du rejet de sa régression et
pratiquer un actif déni contre des Français de tous âges qui ne
demandaient finalement, au départ, qu’une véritable négociation sur
un projet dont les objectifs, les modalités et les résultats leur
paraissent inacceptables ?...

C’est évidemment quelque chose d’autre qui se joue dans le coeur
des Français, aujourd’hui. L’intransigeance d’un pouvoir au-delà 
de toute raison et de toute justice mène les esprits à des conclusions
amères autant que plus générales.

Placés devant une réforme qu’il n’acceptent décidément pas, les
Français sont absolument conduits à regarder les responsables sur la
durée. Une durée qui n’accorde aucun répit aux yeux dessillés.

Les réformes aussi bien économiques que politiques n’ont été
qu’une succession d’échecs. Echecs que des rapports entérinent,
les uns après les autres. Sur le front de l’emploi, du social, de la
justice, de la santé, de la sécurité, de l’énergie, de la
citoyenneté et de la répartition des richesses, le pouvoir sarkozyste
advenu en 2007 a failli, complètement et irrémédiablement failli.
Mieux, les prétendues réformes ont aggravé la situation, conduisant
le pays dans une spirale d’inégalité, de chômage et de disparition
du filet social sans précédent.

chômeur 64 ans

Se pose aujourd’hui tout simplement la question de la conduite
générale des affaires, par un pouvoir aussi manifestement incapable
non seulement de proposer des solutions à la mesures des enjeux, mais
totalement déterminé à poursuivre dans la voie d’un
ultra-libéralisme dont les conséquences chaque jour apparaissent aux
fançais dans toute leur horreur.

La France, dans sa très grande majorité, refuse l’équipe comme les
dirigeants, jette le bébé avec l’eau du bain. Les sondages, leur
direction univoque compensant leur fiabilité relative, l’indiquent
sans ambiguïté.

Deux conclusions sautent aux yeux, si l’on suit ce fil qui conduit
l’amertume d’une réforme imposée à la détestation d’une
politique et des individus l’imposant pour une conduite générale du
pays tout à fait néfaste.

Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa incarne la dérive que nous subissons. Il
l’a pensée, conduite et imposée. Celle des équipes qui ont
appliqué successivement et avec un même zèle ses directives est tout
à fait majeure.

A l’institution parlementaire incombe un rôle déterminant dans
cette déroute. Elle a permis que le processus se prolonge, inchangé,
conforté par des années d’acquiescement. En ignorant, en acceptant
l’existence de procédures de contrôle inexistantes, d’élus à la
volonté captive, de moyens de riposte citoyenne absents ou empêchés.

Cette situation a dû clairement apparaître aux yeux des hommes, au
coeur de l’appareil, qui nous ont dépossédé de notre pouvoir,
qu’ils soient du côté de la majorité ou de l’opposition. Rien de
significatif n’a pourtant été fait par les personnels élus et
responsables divers, tant au plan de la dénonciation forte et globale
d’une crise de gouvernement majeure - s’ajoutant à une crise
économique mondiale également considérable -, que des actions pouvant
amener à un changement rapide, profond et déterminé de la direction
prise par le système.

Les Français sont bien obligés maintenant, dans l’urgence d’un
appauvrissement général et annoncé par certaines voix marginalisées,
de constater que le pays est en proie à une triple crise.

Crise du leadership, crise des réformes, crise des structures
institutionnelles, tout cela débouchant actuellement sur une crise
morale qui n’est que la traduction instantanée et humaine d’une
perception obscure mais certaine de la triple défaillance pointée.

Il faut lucidement ajouter à ce constat terrible que les chiffres des
salaires, revenus et mobilité sociale ascendante marquent une nette
progression pour une minorité de personnes. Lesquelles possèdent
déjà situations, biens et réseaux leur assurant la possession et la
domination de tous les leviers du pays, avec une assurance que rien ni
personne ne semble vouloir contester réellement.

En conséquence, il serait fort aventureux de penser que la
détermination et le nombre, la volonté et le refus exprimés dans les
multiples manifestations qui ont marqué les derniers mois, dans les
grèves qui persistent partout, dans les opérations coups de poing que
lancent les salariés à tout moment, vont soudainement s’évanouir.

Il serait même risible de croire que la prise de conscience taillée
dans les exigences foulées aux pieds va laisser place à une
acceptation tranquille, une résignation bon enfant qui demandera juste
le retour à une espèce de normalité, pour attendre paisiblement le
point de non retour.

TAIMOIN.

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Viktor DEDAJ

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