Délicieuse livraison du Plan B automnal.
Un peu comme Le Monde Diplomatique, Le Plan B s’interroge sur sa stratégie éditoriale à venir. Comment être plus efficace pour lutter contre le petit groupe d’éditorialistes qui « impose à un parti politique sa stratégie (personnalisation au NPA), son style (le ton de chaisière éplorée à l’idée de paraître communiste adopté par les responsables du PCF) ou le mode de désignation de ses candidats (les primaires au PS, qui transfèrent aux médias la sélection des candidats à la place des militants et leur offre l’occasion d’une mise en scène juteuse) ? » Le Plan B dénonce « le libre-service électoral où l’électeur-consommateur compose un menu dont les promesses s’annulent. »
Le Plan B décortique la manière dont le New York Times et Libération ont rendu compte de deux coups d’État, l’un par la fraude en Iran, l’autre par les militaires au Honduras. Point n’est besoin de se demander où sont allées leurs préférences.
Un article très topique sur France Télécom : « le silence assassin de ces journaliste qui après avoir célébré la privatisation de ce grand service public s’émeuvent du sort des salariés menés à la cravache. » Déjà en 2002, le « programme d’amélioration des performances opérationnelles » [quelle langue de bois !], concocté par Thierry Breton, n’avait pas inquiété les médias. Et pourtant, il s’agissait ni plus ni moins de 15 milliards d’euros d’économies au prix de 22000 licenciements. Merci à Jospin d’avoir fait entrer FT en bourse deux ans après avoir signé la pétition de SUD contre la transformation de ce fleuron en S.A.
Le Plan B nous emmène dans le quartier Beausoleil de Montauban, où une dizaine de jeunes d’une cité HLM « a envahi un local municipal pour créer un lieu de vie autogéré ». Devinez quelle fut la réaction de la municipalité UMP ?
Le Plan B attribue sa laisse d’or à Aude Lancelin, finaude caution contestataire au Nouvel Observateur. Dans la même page, Le Plan B s’émeut de l’émerveillement du petit garçon Manuel Valls à Marrakech. En visite dans le palace de Strauss-Kahn et Sinclair, il a « les yeux écarquillés. Immense ? le mot est faible. Vous croyez être arrivé dans le salon, et vous êtes juste dans l’entrée. Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau. »
L’article " Médias et Front National : les petits lapins et le grand méchant loup " est très alarmant. Exemples précis à l’appui, Le Plan B démontre à quel point les grandes figures des médias ont, en quelques années, repris à leur compte le fond et la forme du discours de Le Pen, dans les domaines social et économique en particulier, au point que celui-ci a pu déclarer, dès 2002 : « Je suis normalisé, tout le monde parle comme moi. »
A propos des luttes récentes et passée à SKF, Le Plan B met en porte-à -faux la direction de la CGT, très modérée face à une entreprise qui licencie alors qu’elle fait des bénéfices scandaleux, qui s’endette pour payer ses actionnaires, mais pas pour se développer en France ou pour mieux rétribuer les travailleurs. Quand, comme Thibaut, on suscite « la plus grande admiration » d’Alain Minc, on devrait se méfier…
Le Plan B se demande (dans " Du Zan dans la Barbiche " ) combien de temps il faudra à Laurent Joffrin pour couler Libération. La dernière campagne de promo du quotidien de Rothschild comportait ce type de question : « Tutoyer le président, c’est être plus proche de l’information ou plus proche du pouvoir ? Pour gagner, faut-il être de gauche ou avoir un programme ? » Du grand journalisme. Nous sommes en pleine rupture épistémologique.
Enfin, Le Plan B s’en prend au conseiller multi-cartes Daniel Cohen : proche de Strauss-Kahn, de Fillon, de Royal, admirateur de la gauche quand elle libéralise les marchés financiers, quand elle pratique la désinflation compétitive, quand elle ouvre le capital de France Télécom.