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Le Mouvement de Solidarité avec la Palestine est-il un territoire occupé ? (CounterPunch)

Pour militer dans le Mouvement de Solidarité avec la Palestine, il faut reconnaître que les Juifs sont spéciaux ainsi que leur souffrance. Les Juifs sont différents des autres, leur Holocauste est différent des autres génocides et l’antisémitisme est la pire forme de racisme que le monde ait jamais connue, et ainsi de suite.

Mais en ce qui concerne les Palestiniens, c’est exactement l’inverse. Là on doit penser que les Palestiniens ne sont pas du tout spéciaux -ils sont comme tout le monde. Les Palestiniens ne sont pas les victimes d’un mouvement juif nationaliste, expansionniste et raciste, unique en son genre, au contraire, on doit convenir que, exactement comme les Amérindiens et les Africains, les souffrances des Palestiniens sont la conséquence du colonialisme ordinaire du 19ième siècle -et la suite du même apartheid sans intérêt.

Donc, les Juifs, les Sionistes et les Israéliens sont exceptionnels, différents de tout le monde, mais les Palestiniens sont toujours considérés comme faisant partie, en quelque sorte, d’une histoire politique plus vaste comme tout un chacun. Leurs souffrances ne sont jamais dues à la particularité du nationalisme juif et du racisme juif ni même au fait que l’AIPAC domine la politique étrangère des Etats-Unis, non, les Palestiniens sont les victimes d’une dynamique banale, sans intérêt - une dynamique générale, abstraite et qui manque totalement de traits distinctifs.

Cela soulève quelques sérieuses questions.

Y a-t-il un autre mouvement de libération ou de solidarité qui se targue d’être banal, ordinaire et sans intérêt ? Y a-t-il un autre mouvement de solidarité qui réduise sa cause à une simple pièce de musée dans un musée rassemblant des événement historiques concrets ? Je ne le crois pas ! Les Sud-Africains se considéraient-ils comme n’importe qui d’autre ? Martin Luther King pensait-il que ses frères et soeurs n’avaient, au fond, rien de particulier ? Je ne le pense pas. Alors comment le Mouvement de Solidarité avec la Palestine a-t-il pu tomber si bas que ses porte-paroles et ses supporters se sentent obligés de rivaliser entre eux à qui pourra le mieux éliminer la spécificité de la lutte palestinienne et en faire une simple composante de mouvements historiques tels que le colonialisme ou l’Apartheid ?

La réponse est simple. Le Mouvement de Solidarité avec la Palestine est un territoire occupé et comme tous les territoires occupés, il doit se consacrer au combat contre "l’antisémitisme". Tout le monde y est consciencieusement uni contre le racisme et engagé de toutes ses forces aux cotés des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) en Palestine et dans le mouvement lui-même, mais le mouvement dans son ensemble se montre à peu près indifférent au sort des Palestiniens vivant dans des camps de réfugiés et à leur Droit de Retour dans leur patrie.

Mais tout cela pourrait changer. Les Palestiniens et leurs supporters pourraient se mettre à voir leur cause pour ce qu’elle est, unique et spécifique. Cela ne devrait pas être trop difficile. Après tous si le nationalisme juif est intrinsèquement exceptionnel, il est normal que les victimes d’une entreprise raciste aussi unique soient elles-mêmes au moins aussi uniques.

Jusqu’ici le Mouvement de Solidarité avec la Palestine n’a pas réussi à libérer la Palestine mais il a réussi à créer une Industrie de la Solidarité Palestinienne qui surpasse ses rêves les plus fous et qui est, de plus, largement financée par les Sionistes libéraux. Nous sommes parvenus à galvaniser des militants qui promeuvent dans le monde entier le "boycott" et les "sanctions" alors même que le commerce entre Israël et l’Angleterre est en plein expansion et que le Hoummous Tzabar est en vente dans tous les supermarchés.

Tous ces efforts pour réduire le calvaire palestinien à un évènement historique ordinaire, dépassé et sans intérêt doivent être dénoncés pour ce qu’ils sont -des efforts pour amadouer les Sionistes libéraux. La souffrance palestinienne est en réalité unique dans l’histoire, au moins aussi unique que le projet sioniste.

Hier je suis tombé sur ces paroles du ministre sud-africain Ronnie Kasrils à propos de l’Apartheid israélien : "C’est bien pire que l’Apartheid... A côté des mesures israéliennes, de leur brutalité, l’Apartheid était une partie de plaisir. Nous n’avons jamais attaqué nos propres villes avec des avions de guerre ; nous ne les avons jamais assiégées pendant des mois. Nous n’avons jamais détruit des maisons avec des tanks."

Kasrils a tout à fait raison. C’est bien pire que l’Apartheid et bien plus raffiné que le colonialisme. Pourquoi ? Parce que ce que les Sionistes ont fait et continuent à faire n’est ni de l’Apartheid ni du colonialisme. L’Apartheid avait pour but d’exploiter les Africains. Israël veut se débarrasser des Palestiniens. Le colonialisme est un échange entre un état-mère et un état colonial. Israël n’a jamais eu d’état-mère, bien qu’il ait peut-être eu quelques "mères porteuses".

Le temps est venu de voir le caractère spécifique du calvaire palestinien. Il est temps aussi de voir le crime sioniste à la lumière de la culture et des politiques identitaires juives.

Le Mouvement de Solidarité en est-il capable ? Sans doute, mais il a d’abord besoin d’être libéré, comme la Palestine.

Le dernier livre de Gilad Atzmon est : The Wandering Who ? A Study of Jewish Identity Politics

Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2013/03/08/is-palestinian-solidarity-an-occupied-zone/

Traduction : Dominique Muselet

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Je ne pense plus que les journalistes devraient bénéficier d’une immunité particulière lorsqu’ils se trompent à ce point, à chaque fois, et que des gens meurent dans le processus. Je préfère les appeler "combattants des médias" et je pense que c’est une description juste et précise du rôle qu’ils jouent dans les guerres aujourd’hui.

Sharmine Narwani

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