On n’a pas construit toute cette histoire d’armes chimiques pour la voir démolir par une Carla Del Ponte ou par qui que ce soit. La communauté internationale veut des preuves ? Eh bien qu’à cela ne tienne, on va leur en trouver (fabriquer). Et voilà les vaillants reporters de la maison, au mépris du danger, au milieu des mercenaires, risquant leur vie à tout moment pour confondre Bachar Al Assad.
Mais risquent-ils vraiment leur vie ? Premier constat, les armes chimiques de la Syrie ne tuent pas. C’est un scoop. Après, disent-ils, plusieurs bombardements avec ces armes, au point que les stocks d’atropine se sont épuisés, pas un seul mort. Dommage pour les preuves tant attendues. Quelles belles images ils auraient jetées à la face du monde pour étayer enfin ce que tout le monde conteste.
Non seulement il n’y a pas de morts, mais ceux qui sont ‘’touchés’’ (et filmés) sont en bonne santé. Tout au plus éprouvent-ils, devant la caméra, une petite gêne respiratoire qui n’égale même pas celle d’un fumeur passif. Ce n’est pas facile de simuler l’étouffement ! À défaut de morts et de crises respiratoires aigües, ils auraient pu nous montrer quelques lésions cutanées ou ne serait-ce qu’une toute petite rougeur. Rien. En revanche le ‘’journaliste’’ nous récite ses notes tirées de Wikipédia décrivant toute la symptomatologie des gaz sarin et autres gaz toxiques. Cette récitation monotone rappellerait plutôt celle d’un étudiant en médecine à l’oral d’un examen de toxicologie.
Les armes chimiques de M. Assad seraient-elles donc inoffensives ? Les Syriens ont dû trouver une nouvelle technologie pour des armes qui ne laissent aucune trace, que l’on n’entend pas venir, qui n’ont ni odeur ni couleur, invisibles, qui n’existent finalement que sur le bout de papier que le courageux reporter est en train de déchiffrer.
À moins que le photographe du Monde ne déclassifie les photos prises le jour où il a assisté à une attaque, comme le reportage le prétend. Il aurait même été touché, puisqu’il ‘’ souffrira, quatre jours durant, de troubles visuels et respiratoires’’. Un petit examen sanguin aurait détecté la présence de produits toxique dans son sang. La publication de ces résultats, même falsifiés, aurait été la bienvenue. Là non plus, rien de rien. Quel manque de professionnalisme, pour des journalistes d’un journal de référence !
La moindre des choses aurait été de faire apprendre leur leçon aux mercenaires. Une petite répétition n’aurait pas fait de mal. Quand on dit inodore, ça fait tache quand un témoin ressort ses souvenirs olfactifs. De même quand on décrit un bruit de canette de Pepsi qu’on ouvre, le djihadiste doit atténuer les bruits d’explosion qu’il a dans sa tête. Manque de professionnalisme encore, mais cette fois, dans l’art de la manipulation.
Du vent ! Que du vent dans ce reportage qui ne repose que sur le narratif. Des mots, rien que des mots. Rien de concret. C’est ça le journalisme de référence.
Avic / Réseau International