Dans cette livraison d’octobre 2018, Serge Halimi brosse un tableau bien sombre de la vie politique aux Etats-Unis à court et moyen termes : « Le scrutin législatif du 6 novembre prochain marquera en revanche une nouvelle étape de la polarisation politique des États-Unis, ce tourbillon qui a accru depuis deux ans la déstabilisation de l’ordre international. Car le vote déterminera le destin de l’occupant de la Maison Blanche. Bien décidé à se représenter en 2020, M. Donald Trump obsède tant chacun des deux camps qu’on croirait qu’il leur a mangé le cerveau. Ses adversaires l’accusent d’être un traître cherchant à saper l’Alliance atlantique et les valeurs démocratiques de l’Occident. Il réplique que ses accusateurs sont les auxiliaires d’un gang d’Amérique centrale, MS-13, qui sème la terreur aux États-Unis. Amplifiées par les réseaux sociaux, ces bouffées de paranoïa sont devenues une musique d’ambiance qui ne marque plus aucune interruption postélectorale. Elles ont pour conséquence que les deux partis ont cessé de s’accorder sur les règles du jeu de leur affrontement — cette « démocratie américaine » dont ils étaient tellement fiers qu’ils la présentaient en modèle à la planète entière. »
Lorsque vous buvez en Afrique de l’Ouest, vous buvez Castel (Olivier Blamangin ) : « Castel, l’empire qui fait trinquer l’Afrique. Excès d’alcool et de sucre, multiplication des bouteilles en plastique. Ces fléaux se répandent à grande vitesse en Afrique, pour le plus grand profit de quelques acteurs-clés du marché. Grâce à ses juteuses affaires sur le continent noir, la très discrète famille Castel a pu devenir le numéro un du vin français. Cette réussite repose sur l’obsession du secret, une parfaite maîtrise des réseaux de la « Françafrique » et une fine connaissance de la géographie des paradis fiscaux.
Martine Bulard se demande où s’arrêtera l’escalade des sanctions entre la Chine Etats-Unis : « En croisade contre les importations, M. Donald Trump menace de surtaxer l’ensemble des produits chinois entrant aux États-Unis. Le président américain espère former un front avec l’Europe contre Pékin. De son côté, la Chine cherche à se dégager de l’emprise occidentale sur son économie en accélérant sa modernisation et en trouvant de nouveaux débouchés, notamment avec les « routes de la soie ». »
Pour Mona Chollet, les sorcières sont de retour : « L’Europe de la Renaissance a exécuté comme « sorcières » des dizaines de milliers de femmes. Par défi, des féministes des années 1970 ont revendiqué cette identité, ajoutant parfois à cette démarche politique une pratique spirituelle liée au monde naturel. Aujourd’hui, alors que le rapport de l’humanité à son milieu vital engendre le chaos, faut-il s’étonner que la sorcière hante à nouveau l’Occident ? »
Angélique Mounier-Kuhn voit le Qatar prendre le large à cause du blocs : « Plus d’un an après sa mise au ban du Conseil de coopération du Golfe, le Qatar n’a rien concédé aux exigences de ses voisins et mène sa bataille d’influence sur le plan international. À Doha, les officiels clament que le blocus renforce la cohésion de la population et encourage la diversification économique du pays. Pour autant, les déséquilibres structurels demeurent. »
Renaud Lambert et Sylvain Lederse demandent comment résister aux marchés et les combattre : « Après un premier article analysant l’emprise de la finance sur les États (« L’investisseur ne vote pas », juillet 2018), ce second volet s’intéresse aux moyens d’y résister. Sur le mode de la fiction, il imagine une crise profonde conduisant une population à engager le combat, avant de proposer un plan de bataille ouvrant des perspectives d’émancipation, mais sans en ignorer les coûts.
Pour Cédric Gouverneur, la lutte contre l’héroïne en Suisse connaît un certain succès : « L’échec de l’interdiction des drogues conduit un nombre croissant de pays — tel le Canada, à partir d’octobre pour le cannabis — à légaliser leur usage, voire leur commerce. Dès les années 1990, la Confédération helvétique a pris à bras-le-corps le problème social posé par la consommation d’héroïne, en préférant l’encadrement à la prohibition. Cette approche est désormais plébiscitée par les personnes dépendantes, les médecins, la population et… les forces de l’ordre. »
Pour Frédéric Courleux et Aurélie Trouvé, la politique agricole européenne est bien peu commune : « Les projets de la Commission européenne en matière agricole pour les sept prochaines années reflètent la déconfiture politique de l’Europe communautaire. La répartition des subventions entre agriculteurs ou les normes environnementales seraient laissées au bon vouloir des États membres, dessinant une politique à la carte, loin des impératifs sociaux et écologiques contemporains. »
Abdelwahab Biad et Elsa Edynaknous emmènent à Chagos, le porte-avions de corail : « Loin de toute autre terre émergée, les îles coralliennes des Chagos n’ont pas échappé aux conflits du XXe siècle. La création de la base militaire américaine de Diego Garcia entraîna la déportation des habitants de ce confetti de l’Empire britannique. Ceux-ci espèrent désormais que la Cour internationale de justice reconnaîtra leur droit au retour et la souveraineté de la République de Maurice sur ces sept atolls de l’océan Indien. »
Lucie Tourette revient sur les luttes des sans-papiers depuis dix ans : « Les lendemains de grève sont souvent amers et démobilisateurs. Les travailleurs sans papiers qui avaient combattu avec audace pour leur régularisation en 2008 n’y ont pas échappé. Certains sont restés proches des syndicats, d’autres s’en sont éloignés. Leurs trajectoires, très diverses, montrent le lien entre luttes collectives et conditions d’existence individuelles. »
Guillaume Beaulande explique pourquoi le Paraguay est le pays de l’or bleu : « Enclavé entre les géants argentin et brésilien, le Paraguay n’occupe pas une position stratégique sur l’échiquier sud-américain. Il détient cependant une ressource précieuse : l’eau. Longtemps convoité par ses voisins pour ses voies navigables, le pays recèle un potentiel hydrique souterrain colossal, mais mis en danger par la surexploitation et la pollution. »
La répression s’accentue au Nicaragua (Bernard Duterme) : « Depuis avril, le Nicaragua est en proie à des affrontements de rue. D’un côté, des manifestants d’origines sociales variées et aux ambitions souvent incompatibles. De l’autre, le chef de l’État, M. Daniel Ortega, que la répression n’effraie pas. Dans les années 1980, le dirigeant sandiniste pouvait compter sur le soutien de la gauche internationaliste. Qu’en est-il aujourd’hui ? »
Angélique Mounier-Kuhn voit le Qatar prendre le large à cause du blocs : « Plus d’un an après sa mise au ban du Conseil de coopération du Golfe, le Qatar n’a rien concédé aux exigences de ses voisins et mène sa bataille d’influence sur le plan international. À Doha, les officiels clament que le blocus renforce la cohésion de la population et encourage la diversification économique du pays. Pour autant, les déséquilibres structurels demeurent. »
Renaud Lambert et Sylvain Lederse demandent comment résister aux marchés et les combattre : « Après un premier article analysant l’emprise de la finance sur les États (« L’investisseur ne vote pas », juillet 2018), ce second volet s’intéresse aux moyens d’y résister. Sur le mode de la fiction, il imagine une crise profonde conduisant une population à engager le combat, avant de proposer un plan de bataille ouvrant des perspectives d’émancipation, mais sans en ignorer les coûts.
Pour Cédric Gouverneur, la lutte contre l’héroïne en Suisse connaît un certain succès : « L’échec de l’interdiction des drogues conduit un nombre croissant de pays — tel le Canada, à partir d’octobre pour le cannabis — à légaliser leur usage, voire leur commerce. Dès les années 1990, la Confédération helvétique a pris à bras-le-corps le problème social posé par la consommation d’héroïne, en préférant l’encadrement à la prohibition. Cette approche est désormais plébiscitée par les personnes dépendantes, les médecins, la population et… les forces de l’ordre. »
Pour Frédéric Courleux et Aurélie Trouvé, la politique agricole européenne est bien peu commune : « Les projets de la Commission européenne en matière agricole pour les sept prochaines années reflètent la déconfiture politique de l’Europe communautaire. La répartition des subventions entre agriculteurs ou les normes environnementales seraient laissées au bon vouloir des États membres, dessinant une politique à la carte, loin des impératifs sociaux et écologiques contemporains. »
Abdelwahab Biad et Elsa Edynak nous emmènent à Chaos, le porte-avions de corail : « Loin de toute autre terre émergée, les îles coralliennes des Chagos n’ont pas échappé aux conflits du XXe siècle. La création de la base militaire américaine de Diego Garcia entraîna la déportation des habitants de ce confetti de l’Empire britannique. Ceux-ci espèrent désormais que la Cour internationale de justice reconnaîtra leur droit au retour et la souveraineté de la République de Maurice sur ces sept atolls de l’océan Indien. »
Lucie Tourette revient sur les luttes des sans-papiers depuis dix ans : « Les lendemains de grève sont souvent amers et démobilisateurs. Les travailleurs sans papiers qui avaient combattu avec audace pour leur régularisation en 2008 n’y ont pas échappé. Certains sont restés proches des syndicats, d’autres s’en sont éloignés. Leurs trajectoires, très diverses, montrent le lien entre luttes collectives et conditions d’existence individuelles. »
Attendons-nous à voir bétonner le Grand Paris comme jamais (Hacène Belmessous) : « Attractivité, mobilité, innovation, excellence : pour se faire une place dans la compétition urbaine internationale, les grandes villes appliquent toutes les mêmes mots d’ordre. La capitale française ne fait pas exception. Elle s’est engagée, avec le Grand Paris, dans une course au gigantisme qui fait le bonheur des bâtisseurs privés, mais qui risque d’accentuer les inégalités. »
Guillaume Beaulande explique pourquoi le Paraguay est le pays de l’or bleu : « Enclavé entre les géants argentin et brésilien, le Paraguay n’occupe pas une position stratégique sur l’échiquier sud-américain. Il détient cependant une ressource précieuse : l’eau. Longtemps convoité par ses voisins pour ses voies navigables, le pays recèle un potentiel hydrique souterrain colossal, mais mis en danger par la surexploitation et la pollution. »
La répression s’accentue au Nicaragua (Bernard Duterme) : « Depuis avril, le Nicaragua est en proie à des affrontements de rue. D’un côté, des manifestants d’origines sociales variées et aux ambitions souvent incompatibles. De l’autre, le chef de l’État, M. Daniel Ortega, que la répression n’effraie pas. Dans les années 1980, le dirigeant sandiniste pouvait compter sur le soutien de la gauche internationaliste. Qu’en est-il aujourd’hui ? »
Gabriel Gorodetsky offre une nouvelle lecture passionnante des accords de Munich : « Il y a quatre-vingts ans, deux démocraties, la France et le Royaume-Uni, abandonnent la Tchécoslovaquie à l’Allemagne nazie. Au fil des décennies, cet accord est éclipsé par le pacte germano-soviétique, une entente présentée comme naturelle entre deux totalitarismes. C’est oublier que Paris et Londres, aveuglés par leur souci d’isoler Moscou, l’ont poussé à s’entendre avec Berlin, précipitant ainsi la guerre. »
Depuis quand existe-t-il des classiques pour le peuple (Anthony Glinoer) : « Il a fallu que se rencontrent la notion de peuple, dégagée de connotations négatives, et l’industrialisation des techniques de production pour que se déploie l’idée de créer des collections proposant les grandes œuvres littéraires et politiques à bas prix. Souvent portée par l’esprit des Lumières et par une espérance d’émancipation collective, l’entreprise fut couronnée de succès. »
Glenn Greenwald et Victor Pougy expliquent comment au Brésil se fabriquent les démagogues : « Une main sur le cœur, les médias, la justice et le patronat brésiliens se lamentent de l’ampleur de la corruption. Depuis trois ans, ils l’ont érigée en principal problème du pays. Leur préoccupation est telle que, en 2016, ils ont joint leurs forces — sans se soucier des voix dissonantes — pour soutenir la mesure la plus draconienne que l’on puisse prendre dans une démocratie : destituer la présidente, Mme Dilma Rousseff, élue en 2011. Cette indignation concernant la corruption et la criminalité n’était toutefois qu’un prétexte pour déclencher la procédure de destitution. En se débarrassant de Mme Rousseff, les acteurs de cette mauvaise série B ont placé aux manettes de vrais criminels, des gens dont les turpitudes et le comportement mafieux relèguent les acrobaties budgétaires de l’ex-présidente au rang de peccadille. Dans le festival des prouesses criminelles qui caractérisent le Brésil de l’« après-Dilma », les manipulations comptables qui ont justifié sa destitution semblent si ingénues qu’on se demande comment ses ennemis politiques et les journalistes-vedettes de la chaîne Globo parviennent à garder leur sérieux lorsqu’ils trompettent leur indignation.