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Le Monde Diplomatique (novembre 2019)

Jusqu’à quand l’Otan, demande Serge Halimi : « Depuis que l’adhésion du Royaume-Uni au Marché commun a ouvert la voie à un élargissement continu de l’Union européenne, on peine à détecter chez elle une politique étrangère digne de ce nom. Car parfois, plus, c’est moins : le compromis verbeux, pas l’affirmation ; l’effacement, pas la puissance. Dorénavant, l’Union compte une majorité d’États qui ont participé aux aventures impériales des États-Unis (seize de ses membres actuels ont contribué à la guerre d’Irak) ; elle relaie l’ingérence de Washington en Amérique latine (d’où la reconnaissance absurde de l’opposition vénézuélienne comme gouvernement légal) ; elle feint de s’opposer aux caprices de l’administration Trump, mais rentre dans le rang sitôt que celle-ci menace de la punir (sanctions économiques contre les entreprises qui commercent avec l’Iran). L’Europe pesait davantage au Proche-Orient avant son élargissement. Et si Charles De Gaulle s’opposait à l’adhésion du Royaume-Uni au Marché commun parce qu’il pensait que ce pays deviendrait le cheval de Troie américain sur le Vieux Continent, les États-Unis n’ont rien à craindre du Brexit. Car, au fil des décennies, l’Union européenne est devenue leur écurie. »

Rachel Knaebel et Pierre Rimbert racontent l’histoire de l’annexion de l’Allemagne de l’Est : « Mythe fondateur de l’Union européenne, l’année 1989 est pourtant un symbole équivoque. Ainsi, en Allemagne de l’Est, l’accès aux libertés politiques et à la consommation de masse fut payé au prix fort — celui d’un effondrement social et d’une prédation économique souvent ignorés à l’Ouest. »

Pour Boris Grésillon, dans l’ex-RDA, « Un mur peut en cacher un autre. En Allemagne, les scores importants de l’extrême droite dans plusieurs Länder de l’Est et le malaise de la population ravivent un débat sur les échecs de l’unification. Trente ans plus tard, la plupart des institutions économiques, juridiques ou intellectuelles sont dirigées par des personnalités de l’Ouest. »

Claire Lecœuvre estime que « Les écologistes tentés par l’action directe : Depuis plusieurs mois, les militants écologistes multiplient les coups d’éclat. Le durcissement concerne autant leurs modalités d’action que leur projet politique. Ils ne croient plus la préservation de l’écosystème compatible avec le modèle capitaliste de croissance. Cette nébuleuse saura-t-elle pour autant se rapprocher d’autres luttes et s’entendre sur des stratégies susceptibles de renverser l’ordre établi ? »

Pour Alexander Zevin, le libre-échange a toujours été imposé à la canonnière : « L’hebdomadaire le plus influent du monde, « The Economist », se proclame libéral. Mais, s’il est en effet partisan du laisser-faire, il n’a jamais rechigné devant les guerres. Bien avant d’être l’avocat éditorial de toutes les opérations militaires occidentales (Indochine, Kosovo, Irak, Libye, etc.), il avait approuvé sans aucun état d’âme les conquêtes coloniales les plus sanglantes de l’Empire britannique. »

Pierre Souchon a suivi les Gilets Jaunes d’Ardèche pendant un an : « Surgi en novembre 2018, le mouvement des « gilets jaunes » poursuit ses mobilisations, inégalement suivies. D’autres causes se sont rapidement ajoutées à la défense du pouvoir d’achat : l’environnement, la lutte contre les violences policières, le référendum d’initiative citoyenne. Déjà déstabilisé l’année dernière, le pouvoir redoute que sa réforme des retraites ne rallume le feu sous les braises. »

Pour Pauline Perrenot et Vladimir Slonska-Malvaud, « Le franquisme déchire toujours l’Espagne. Le 10 novembre, les Espagnols se rendront aux urnes pour les quatrièmes élections générales en quatre ans. La situation troublée que connaît le pays a favorisé l’émergence d’une formation d’extrême droite : Vox. Celle-ci revendique sa nostalgie du dictateur Francisco Franco – responsable d’une répression violente qu’elle élude – dans une société où la mémoire du « generalísimo » divise encore. »

Rafael Correa estime que l’Équateur a été détruit en deux ans : « Avant le Chili, l’Équateur a connu au mois d’octobre une explosion sociale déclenchée par l’augmentation subite du prix des carburants. Une partie de la population s’estime trahie par le virage néolibéral du président Lenín Moreno, qui avait promis de poursuivre la « révolution citoyenne » de son prédécesseur Rafael Correa. Ce dernier présente ici son analyse de la crise que traverse le pays. »

Et si l’on parlait de l’“ ukrainegate ”, demande Aaron Maté : « Mme Hillary Clinton a récemment accusé une parlementaire démocrate, Mme Tulsi Gabbard, candidate à l’investiture pour l’élection présidentielle de 2020, d’être une agente russe… C’est dans ce climat que le Congrès américain a engagé une procédure de destitution contre le président Donald Trump. Une conversation de celui-ci avec son homologue ukrainien sert de pièce à conviction. »

Jean-Louis Rocca estime qu’une guerre commerciale a été « maquillée en choc des civilisations. Quand, en janvier 2017, M. Xi Jinping prononce un hymne au libre-échange et vante les performances de la Chine, dirigeants politiques, sinologues et journalistes applaudissent, en l’opposant au protectionniste Donald Trump. Près de trois ans plus tard, les mêmes dénoncent sa politique au nom des « valeurs occidentales », comme au plus beau temps de la guerre froide. Curieuse volte-face… »

Tandis qu’Alain Bihr demande : « pourquoi le capitalisme n’est-il pas né en Chine ? Plusieurs siècles avant l’Europe, l’empire du Milieu avait accumulé un capital marchand ; il connaissait des innovations technologiques et un essor du commerce. Pourtant, il a raté la révolution scientifique et industrielle qui a fait décoller l’Occident. »

Pour Akram Belaïd, Ankara et Moscou jouent « jeu de dupes en Syrie. L’opération « Source de paix » a permis à l’armée turque de prendre le contrôle d’une partie du Nord-Est syrien. La Turquie met ainsi fin à l’expérience de confédéralisme démocratique du Rojava. L’accord conclu à Sotchi avec la Russie le 22 octobre consacre l’influence d’Ankara dans la zone frontalière. Il permet aussi au régime syrien de récupérer des territoires jusque-là sous le contrôle des forces kurdes. »

Louis Bertrand a répéré à Canton une « menace sur la “ petite Afrique ”. Dès son ouverture à la mondialisation, au début des années 1980, la Chine s’est tournée vers l’Afrique, dont les marchés lui paraissaient plus accessibles. Dans la foulée, de nombreux commerçants africains ont émigré dans l’empire du Milieu, notamment à Canton. Avec les nouvelles routes de la soie lancées par M. Xi Jinping, leurs conditions d’installation et de résidence changent profondément. »

Audrey Lebel décrit en Russie « le fléau des violences domestiques. Dans un pays où il est courant de périr sous les coups de son conjoint, la société doit-elle réprimer davantage les violences conjugales ? Certains Russes le refusent, mettant en avant la protection de la famille et des enfants, la réconciliation du couple. Mais de nombreuses femmes, notamment sur les réseaux sociaux, leur répliquent que ce sont elles que la loi doit d’abord défendre. »

Cédric Leterme analyse la « batailleautour des données numériques. Chaque utilisateur d’Internet est un importateur-exportateur de données qui, le plus souvent, s’ignore. Mais selon quelles règles ces précieuses informations circulent-elles à travers les frontières ? Les puissances occidentales, qui considèrent les données personnelles comme des marchandises ordinaires, aimeraient régler la question en toute discrétion au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). »

Frédéric Lemaire et Dominiqie Pilhon expliquent pourquoi les taux d’intérêts négatifs, héritage de la crise des subprimessont devenus un poison : « Depuis la crise de 2007-2008, les tentatives de relance de l’économie opérées par les banques centrales occidentales reviennent à amasser des barils de poudre dans une usine d’allumettes. De façon à placer le secteur financier sous perfusion, les grands argentiers ont adopté une politique de taux d’intérêt planchers, voire négatifs. Au prix de déséquilibres profonds, qui préparent les conditions d’une nouvelle crise. »

Ibrahim Warde raconte « comment un homme d’affaires pakistanais a berné les élites économiques mondiales. L’entrepreneur pakistanais Arif Naqvi a créé Abraaj à Dubaï, en 2002, pour gérer 116 millions de dollars appartenant à des investisseurs du Proche-Orient. Seize ans plus tard, un portefeuille de près de 14 milliards de dollars avait hissé le groupe au rang de plus importante société de capital-investissement spécialisée dans les marchés émergents. Puis ce fut la chute... »

François Albera revient sur les formes de l’engagement en peinture : « De la Russie révolutionnaire au Paris des années 1930-1960, le parcours de Nadia Léger illustre les grandes questions esthétiques qui se sont posées dans la première moitié du XXe siècle aux artistes engagés : abstraction ou figuration ? Par quels moyens inscrire l’art dans toutes les manifestations de la vie ? Doit-il se mettre au service d’une cause, et comment ? »

Enfin, Serge Halimi revient sur les récidives d’Éric Zemmour : « Depuis le 14 octobre, Éric Zemmour est la tête d’affiche de quatre heures d’émission hebdomadaires sur CNews. Il y a quelques années, cette chaîne (qui s’appelait alors i-Télé) avait pourtant renvoyé le chroniqueur du Figaro en raison de propos qui allaient lui valoir une condamnation judiciaire pour provocation à la haine envers les musulmans. Zemmour ne s’est pas amendé depuis : le 17 septembre dernier, juste avant d’être embauché par la chaîne de M. Vincent Bolloré, il a été condamné une nouvelle fois pour provocation à la haine religieuse.

Pour son démarrage en fanfare, la nouvelle émission de CNews avait choisi un thème aussi original que plein de fraîcheur : « Islam et République, une querelle française ». Zemmour n’eut pas trop à se contenir pour demeurer dans les clous de « la question d’actualité : le voile ». Et, comme aucune mauvaise action ne demeure jamais impunie à la télévision, CNews a triplé son audience habituelle ce soir-là.

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Même Auteur
Roberto Saviano. Gomorra. Dans l’empire de la camorra. Gallimard, 2007.
Bernard GENSANE
Il n’est pas inutile, dans le contexte de la crise du capitalisme qui affecte les peuples aujourd’hui, de revenir sur le livre de Roberto Saviano. Napolitain lui-même, Saviano, dont on sait qu’il fait désormais l’objet d’un contrat de mort, a trouvé dans son ouvrage la bonne distance pour parler de la mafia napolitaine. Il l’observe quasiment de l’intérieur pour décrire ses méfaits (je ne reviendrai pas ici sur la violence inouïe des moeurs mafieuses, des impensables tortures corporelles, (…)
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Ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature ; elle se venge de chacune d’elles.

Friedrich Engels

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