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Le Monde Diplomatique,novembre 2009

Dans le numéro de novembre 2009, Serge Halimi se demande s’il faut "mourir pour Hamid Karzaï."

« Après avoir présenté les combats en Afghanistan comme une « guerre nécessaire », le président Barack Obama est pressé par le général Stanley McChrystal, qu’il a lui-même nommé à la tête des forces américaines dans ce pays, d’y déployer quarante mille soldats supplémentaires. La guerre dure depuis huit ans. » […] « Aujourd’hui, bien que les pertes militaires américaines demeurent relativement modestes (huit cent quatre-vingts morts depuis 2001, contre mille deux cents par mois au Vietnam en 1968), et le mouvement anti-guerre atone, quelles perspectives de « victoire » peuvent escompter des armées occidentales perdues dans les montagnes afghanes, les trafics de drogue, et suspectées de guerroyer contre l’islam ? » […] « S’il refuse l’escalade militaire que réclament les néo-conservateurs, le nouveau Prix Nobel de la paix va donc devoir bientôt expliquer à son opinion publique qu’on réalise rarement le bonheur des peuples en les soumettant à une occupation armée ; que les disciples de M. Oussama Ben Laden ne comptent plus qu’une poignée de rescapés en Afghanistan ; enfin, qu’un éventuel compromis avec une fraction des talibans, moins hallucinée, ne menace pas la sécurité nationale des Etats-Unis. »

Un fort intéressant reportage de Marc Endeweld sur l’aéroport de Roissy. « Derrière les façades rutilantes et les architectures de pointe, des rouages souterrains actionnés par des milliers d’employés tournent pour assurer la continuité du flux. Comme à Roissy - Charles-de-Gaulle, en France, où intervention des pouvoirs publics et intérêts des compagnies aériennes privées ont poussé au gigantisme des installations. »

Bien que n’étant pas historien, j’avais modestement relevé quelques bizarreries dans la série télévisée Apocalypse (http://blogbernardgensane.blogs.nouvelobs.com/archi...). Lionel Richard n’hésite pas à parler d’« histoire malmenée ». « Quelques secondes d’une scène de L’Ange bleu. Aucune source. Il est annoncé que Marlene Dietrich chante à Berlin, Alexanderplatz. Vraiment ? Depuis 1928, cabarets et revues sont terminés pour elle. L’Ange bleu a été tourné en 1929-1930. En 1932, Marlene se trouve à Hollywood, où elle joue dans le nouveau film de Sternberg, Blonde Vénus.
Le film prétend que Thomas Mann savoure son prix Nobel de littérature sous les tilleuls d’Unter den Linden. « Tiens donc ! Cet écrivain habite Munich où il ne cesse de travailler avec acharnement. »

Lionel Richard estime que, en dehors d’erreurs factuelles plus ou moins grossières, « les plans sont détournés pour être soumis à un discours préconçu, où se condensent les poncifs que les médias vulgarisent depuis un demi siècle. » Chaque fois que le commentaire déborde du contenu des images pour oser une digression, le texte aboutit à des allégations calamiteuses, comme pour la fable des Polonais attaquant à cheval les chars allemands.

François Ruffin évoque la « flammèche obstinée qui a embrasé la Guadeloupe. » Le travail militant est opiniâtre, tout comme la volonté d’unité. Une leçon pour la métropole ?

Pour Zeev Sternhell, la gauche israélienne est en déshérence. « Les tentatives du président Obama de relancer le processus de paix s’enlisent ? Le refus de Netanyahou de geler la colonisation entrave la reprise de négociations sérieuses avec une Autorité palestinienne affaiblie par les divisions. La longue agonie du Parti travailliste, rallié au néolibéralisme et à la politique de " conquête de la terre " , contribue au blocage. »

Intéressante contribution de Pierre Conesa sur la stratégie militaire de l’Europe « à l’ombre de la pensée américaine ». « L’institut de recherche stratégique de l’École militaire ne fait que concrétiser la pauvreté de la réflexion française dans ce domaine. Le peu de moyens dont disposera cet organisme récemment créé et ses orientations vers les études internationales plutôt que vers la quête d’une doctrine indépendante laissent penser que le retard de l’Europe ne sera pas comblé, et que les think tanks américains continueront à fixer le cadre des analyses occidentales. »
Un paradoxe soulevé par Patrick Porter : « la surprenante souplesse des talibans ». « Alors que l’armée pakistanaise a lancé une grande offensive dans le Waziristan, le débat s’intensifie aux États-Unis sur l’avenir de l’engagement en Afghanistan. Nombre de commentateurs dressent un parallèle avec l’enlisement américain au Vietnam. Sur le terrain, les troupes étrangères affrontent un ennemi qui, au-delà de sa rhétorique religieuse, fait preuve de pragmatisme tant sur le plan tactique que politique. »

Pour André et Louis Boucaud, en Birmanie les élections sont « au bout du fusil » : « Le pouvoir birman cherche à sortir du bannissement international en se donnant une apparence démocratique. Des élections devraient se tenir en 2010. Soufflant le chaud et le froid, les militaires ont condamné l’opposante Aung San Suu Kyi à 18 mois supplémentaires d’assignation à résidence, puis ils l’ont autorisée à parler aux diplomates étrangers pour obtenir la levée de l’embargo. Ils essaient également de reprendre en main les " régions spéciales " , territoires des minorités ethniques. »

Situation toujours très ambiguë en Guinée (Gilles Nivet) : A la demande des Nations Unies, une commission d’enquête internationale devrait être créée pour faire la lumière sur les massacres du 28 septembre 2009 à Conakry. Plus de 200 manifestants avaient alors été tués par l’armée. La Guinée, qui n’a connu que deux présidents en 50 ans, est dirigée, depuis dix mois, par une junte qui a promis de transmettre le pouvoir aux civils par des élections libres d’ici la fin 2009. Mais les ambitions de son chef, M. Moussa Dadis Camara, inquiètent la population. »

L’élection présidentielle en Côte d’Ivoire aura-t-elle lieu, demande Vladimir Cagnolari ? La situation est plus qu’ambiguë. « La Fesci (syndicat estudiantin) forme un État loubard dans l’État. La police n’entre que rarement sur les campus [moins qu’en France ?]. Les jeunes patriotes de M. Blé Goudé sont armés, habillés et formés sur fonds présidentiel. Ils se constituent en milice : le Groupement des patriotes pour la paix. Eux aussi se livrent au racket. En quelques années, la culture de la violence à diffusé dans toute la RCI son contre-modèle, à mesure que grandissait la paupérisation. »

Jean-Arnaud Dérens trouve que les fiançailles entre l’Europe et les Balkans sont interminables. « Plusieurs pays de l’ex-Yougoslavie ainsi que l’Albanie sont sur les rangs pour rejoindre l’Union européenne, après l’adhésion de la Slovénie en 2004. Le 14 octobre, la Commission de Bruxelles a recommandé l’ouverture de négociations avec la Macédoine et précisé que celles entamées avec la Croatie pourraient être bouclées à l’été 2010. Effet d’annonce ou avancée réelle ?

Bernard Umbrecht s’est rendu sur les « traces estompées de l’Allemagne de l’Est ». « Faite de brèches successives à la frontière austro-hongroise en mai et août 1989 , puis à Berlin en novembre, la chute du Mur précède d’un an celle de la RDA. Créé en 1949, ce pays de 16 millions d’habitants sera absorbé par l’Allemagne de l’Ouest. Dès lors, une " guerre froide de la mémoire " succède à celle des blocs. Malheur aux vaincus ! De leur passé, il ne doit rien rester. »

Vu du Mexique, la crise économique est particulièrement saisissante (Anne Vigna) : « Symboles de conditions de travail d’un autre âge, les usines d’assemblage tourmentent aussi les populations quand elles ferment ou fonctionnent au ralenti, comme à Tijuana. La sélection à l’embauche se fait plus impitoyable tandis que s’allongent les files d’attente pour un travail à la journée. »

Pour Éric Fassin, l’immigration est un " problème " très commode : « La dispersion de la " jungle " de Calais l’a montré : le contrôle de l’immigration constitue une priorité du gouvernement français. Il ne serait désormais plus question de " subir " les immigrants, mais de les " choisir " . Ce mâle discours d’État contribue davantage à entretenir un " problème " , procurant à peu de frais des bénéfices politiques à ceux qui l’exploitent, qu’à prendre la véritable mesure de ses enjeux. »

Claire Brisset brosse un portrait alarmant de la condition des enfants dans le monde. « Malnutrition, travail éreintant, absence d’éducation, abandon, violences de toutes sortes : de par le monde, des millions d’enfants connaissent des conditions de vie lourdes de conséquences pour leur avenir. »

La faim règne de nouveau sur le monde (Stéphane Parmentier). « Le programme alimentaire mondial a vu son budget passer de 6 à 3 milliards de dollars entre 2007 et 2008. 30 milliards de dollars par an suffiraient à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim d’ici 2015. Moins d’un dixième des subventions accordées à l’agriculture des pays riches. »

Jacques Berthelot milite pour un « modèle agricole dans les pays du Sud ». C’est dans le Sud que les terres les meilleures se trouvent de plus en plus accaparées par les puissances occidentales [sans parler de la Chine et des puissances pétrolières] soucieuses d’importer des agro-carburants. »

François Chesnais dresse un bilan un an après le krach. Comparer ce qui s’est passé au krach de 1929 a offert l’avantage de présenter comme « inéluctable » les politiques de sauvetage des banques avec l’argent public et de prêts massifs à de grandes entreprises, ainsi que les licenciements nécessaires…

Marina Da Silva revient sur la carrière et la vie de Kateb Yacine « l’éternel perturbateur ». Il reste un « symbole de la révolte contre toutes les formes d’injustice et l’emblème d’une conscience insoumise. »

Enfin, Évelyne Pieiller explique pourquoi il ne faut pas suivre le Conseil pour la création artistique installé par Sarkozy.

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