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Le miracle n’a pas lieu qu’à Lourdes

« Quant à moi, je montre, par contre, comment la lutte des classes en France créa des circonstances et une situation telles qu’elle permit à un personnage médiocre et grotesque de faire figure de héros. » écrivait Karl Marx dans sa préface à « Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte ». Quant à moi, je vois aujourd'hui la même chose, à ceci près qu'il faudrait lire au lieu de « la lutte des classes » : « l'absence d'organisation assumée de la lutte des classes »

Les récents attentats ne sont pas malheureux pour tout le monde.

Les brillantes opérations de maintien de l’ordre menées en Afrique ne suffisaient pas pour que la gloire du chef de guerre influât sur l’opinion que le peuple avait de sa politique.

Il fallait un miracle pour que la courbe s’inversât, celle de sa popularité, s’entend.

Le miracle a eu lieu : de prestigieux chef de guerre qu’il ne fut pas, le Président est devenu le plus sûr garant de l’ordre intérieur.

Mieux, à quelques semaines de la mort du jeune Rémy Fraisse qui n’avaient pas rendu particulièrement populaire l’emploi par les forces de l’ordre de grenades offensives pour disperser les manifestations, chacun a pu constater que les mêmes usagers de ces engins, enfin leurs collègues sans doute, étaient chaleureusement applaudis par des manifestants qui avaient trouvés subitement en eux leurs porteurs d’avenir :

« Regarde Saint-Christophe et va-t-en rassuré »

Pas par tous, certes, mais ceux-là représentaient sans doute tous les autres qui n’y auraient rien trouvé à redire.

Ce qui devrait donner à réfléchir à nos enthousiastes dirigeants de la gauche, eux qui, en mal d’audience, n’ont voulu voir dans ce peuple rassemblé que ce qu’il les arrangeait de voir : la défense des valeurs de la République.

Il n’est pas certain que l’identification de nos responsables à la masse rassemblée soit d’une valeur supérieure à celle d’au moins une partie de cette masse avec les pandores.

Jadis, le populaire attendait son sauveur, maintenant il est le sauveur supposé de ceux qui leur courent derrière.

L’histoire a connu les grands moments révolutionnaires dans lesquels la troupe face au peuple mettait la crosse en l’air pour fraterniser avec lui.

Dimanche dernier, c’est le peuple qui se précipite dans les bras armés de ceux dont la fonction est de veiller sur la propriété.

Alors, qu’est-ce que ce peuple ?

Ne s’agirait-il pas plutôt de téléspectateurs qui ont suivi les événements en direct avec le regard formaté au 16/9, qui furent conviés à se rassembler par ceux-là mêmes qui mènent à l’extérieur une politique dont l’effet collatéral est de produire des victimes d’attentats sur le territoire national ?

Ainsi, chacun enfermé dans sa solitude, s’est trouvé côtoyer pour quelques heures ses semblables sous l’œil des caméras dont ils sont la rétine collective dans la vie de chaque jour. Les cellules en cônes et en bâtonnets.

Et tous d’apprécier aujourd’hui la manière dont l’affaire a été rondement menée ainsi que les beaux jours qu’elle promet.

Quand je lis que François Hollande est né coiffé, je me dis que ce n’est pas seulement de la kippa, celle qu’il éprouve le besoin d’emprunter chaque fois que l’occasion se présente.

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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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