RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
20 

Le «  massacre » de Place Tienanmen a été un mythe (Workers World)

LGS : les câbles de Wikileaks parfois n’intéressent pas les média... A la fin de cet article, un lien vers un autre article (en anglais) de Gregory Clark, ancien diplomate australien, publié récemment par Japan Daily qui est encore plus précis sur la création du mythe du massacre de la place Tienanmen.

Combien de fois a-t-il été dit que les Etats-Unis sont une société «  ouverte » et que les media y sont «  libres » ?

D’habitude ces affirmations sont faites quand on critique d’autres pays de n’être pas «  ouverts », en particulier pour des pays qui ne suivent pas l’agenda de Washington.

Il ne fait aucun doute que celui qui vit aux Etats-Unis et dépend des moyens de l’information commerciale, retenus comme «  libres » et «  ouverts », croit que le gouvernement chinois a massacré «  des centaines, peut-être des milliers » d’étudiants sur la Place Tienanmen le 4 juin 1989. Cette phrase a été répétée des dizaines de milliers de fois par les media du pays (USA, NdT).

Mais il s’agit d’un mythe. Et le gouvernement sait que c’est un mythe. Et tous les principaux media le savent. Mais refusent de corriger leurs comptes-rendus du fait de l’hostilité fondamentale de la classe dominante impérialiste des Usa.

Sur quoi fondons-nous cette affirmation ? Sur diverses sources.

La plus récente est une livraison, par Wikileaks, de câbles expédiés par l’ambassade étasunienne à Pékin au Département d’Etat en juin 1989, quelques jours après les événements en Chine.

En second lieu, sur une affirmation de novembre 1989 par le chef du bureau du New York Times à Pékin, affirmation qui n’a jamais été rapportée ensuite par quelque journal que ce soit.

Et en troisième lieu, sur le compte-rendu des événements par le gouvernement chinois même, corroboré par les deux premiers.

Un seul des plus grands media occidentaux a publié les câbles de Wikileaks. C’est le Telegraph de Londres, du 4 juin de cette année (2011, NdT), exactement 22 ans après que le gouvernement chinois ait mobilisé les troupes à Pékin.

Deux câbles datés du 7 juillet 1989 - plus d’un mois après les combats - référaient ce qui suit : «  Un diplomate chilien fournit un témoignage oculaire des soldats qui entrent Place Tienanmen : il a vu les militaires entrer sur la place et n’a noté aucun feu massif sur la foule, même si l’on entendait des tirs sporadiques. Il a dit qu’une grande partie des troupes entrées sur la place n’était en effet armée que d’instruments anti-émeute : des matraques et des barres en bois ; ils étaient appuyés par des soldats armés »

Un câble suivant affirmait : «  Un diplomate chilien fournit un témoignage oculaire des soldats qui entrent sur la place Tienanmen : même si l’on entendait des tirs sporadiques, il a dit qu’excepté quelques coups contre des étudiants, il n’y a eu aucun feu massif sur la foule d’étudiants à côté du monument ».

On se souviendra que le Chili de l’époque était gouverné par le général Augusto Pinochet, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat de droite, violent, anti-socialiste, soutenu par les Usa, et que des centaines de représentants de la gauche, y compris le président Salvador Allende, avaient été tués. Le «  diplomate chilien » cité ne pouvait pas être considéré comme un ami de la Chine.

Pas un journal, pas une télévision ou une station de radio étasunienne n’a rapporté ni commenté ces câbles délivrés par Wikileaks, ni sur l’histoire que le Telegraph a écrite. Comme s’ils étaient tombés dans un abîme sans fond.

Est-ce parce que les media pensent que le rapport n’est pas crédible ? Non, certainement pas.

Ils savaient la vérité dès 1989. Le New York Times sait que c’est crédible. Leur chef du bureau de l’époque, Nicholas Kristof, l’a confirmé dans un ample article intitulé «  China Update : How the Hardliners Won » [1], publié dans le Magazine du Sunday Times le 12 novembre 1989, cinq mois après les présumés massacres de la place.

A la fin justement de ce long article, qui se voulait fournir une vision de l’intérieur du débat interne du groupe dirigeant du Parti Communiste Chinois, Kristof affirmait catégoriquement : «  Sur la base de mes observations dans les rues, ni la version officielle ni de nombreuses versions étrangères ne sont du tout correctes. Il n’y a eu aucun massacre sur la Place Tienanmen, par exemple, même s’il y a eu une quantité de personnes tuées ailleurs ».

Même si l’article de Kristof était âprement critique à l’égard de la Chine, son affirmation qu’il n’y avait eu «  aucun massacre sur la Place Tienanmen » suscita immédiatement des cris de protestation de la part des détracteurs de la Chine aux Usa, comme le reflète la rubrique courrier du Times.

Y a-t-il eu des combats à Pékin ? Absolument. Mais il n’y a pas eu de massacre d’étudiants désarmés sur la place. Ceci a été une invention de l’Occident, destinée à diaboliser le gouvernement chinois et à gagner la sympathie du public pour la contre-révolution.

Le tournant vers une économie de marché sous Deng Xiaoping a éloigné de nombreux travailleurs. Il y a aussi eu un élément contre-révolutionnaire qui a essayé de tirer profit du mécontentement populaire pour restaurer complètement le capitalisme.

Les impérialistes espéraient que les batailles à Pékin auraient fait tomber le Parti Communiste Chinois, et détruit l’économie planifiée -de la même façon que ce qui allait arriver deux ans plus tard en Union Soviétique. Ils voulaient que la Chine s’ «  ouvrît », non pas à la vérité mais au saccage de la propriété populaire par des banques et des corporations impérialistes.

Après de nombreuses hésitations au sommet, l’armée a été mobilisée et la révolte écrasée. La Chine n’a pas été démantelée comme l’Union Soviétique ; son économie n’a pas implosé ni les niveaux de vie subi un déclin. Au contraire, salaires et conditions sociales se sont améliorés à un moment où en tout autre endroit les travailleurs ont subi de graves pertes sous l’effet d’une grave crise économique capitaliste.

Malgré de profondes concessions au capitalisme, à l’extérieur et à l’intérieur, la Chine continue à avoir une économie planifiée fondée sur de fortes infrastructures de propriété de l’Etat.

Workers World, 29 juin 2011.

http://www.workers.org/2011/world/tiananmen_0707/

Traduit par M-A. Patrizio de la version italienne réalisée par Domenico Losurdo :

http://domenicolosurdo.blogspot.com/2011/07/in-italiano-larticolo-sui-fatti-di.html

Deirdre Griswold (http://en.wikipedia.org/wiki/Deirdre_Griswold ) a été candidate à la présidence des Etats-Unis pour le WWP (Workers World Party) en 1980, et s’est occupé pendant plusieurs décennies du journal étasunien Workers World.

L’article original Tiananmen Square "massacre’ was a myth  a été signalé, entre autres, sur le blog de D. Losurdo, le 3 juillet dernier («  Une lecture alternative des faits de Place Tienanmen  ») ; le blog Nuova Libertalia l’a signalé aussi en joignant une image de la première page du Corriere della Sera intitulée : «  Tués par milliers, la mort du rêve chinois ».

Comme, étrangement, il semble que personne n’ait pensé à le traduire en italien (ni en français, NdT), je propose ci-après ma traduction, ne fût-ce que pour fournir l’énième, éclatante, démonstration de combien il est facile de manipuler les masses ou comment un mensonge répété des milliers de fois devient une vérité.

Domenico Losurdo, 20 juillet 2011.

EN COMPLEMENT :

Black info and media gullibility : creation of the Tiananmen myth par Gregory Clark (ancien diplomate australien) publié par Japan Times http://search.japantimes.co.jp/cgi-bin/eo20110701gc.html (en anglais) le 1er juillet 2011

[1« China Update : How the Hardliners Won », N. Kristof, The New York Times, 12 novembre 1989.


URL de cet article 14244
  

Même Thème
Les Chinois sont des hommes comme les autres
Maxime VIVAS
Zheng Ruolin (Ruolin est le prénom) publie chez Denoël un livre délicieux et malicieux : « Les Chinois sont des hommes comme les autres ». L’auteur vit en France depuis une vingtaine d’années. Son père, récemment décédé, était un intellectuel Chinois célèbre dans son pays et un traducteur d’auteurs français (dont Balzac). Il avait subi la rigueur de la terrible époque de la Révolution culturelle à l’époque de Mao. Voici ce que dit le quatrième de couverture du livre de ZhengRuolin : « La Chine se (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Si le Président se présente devant le Peuple drapé dans la bannière étoilée, il gagnera... surtout si l’opposition donne l’impression de brandir le drapeau blanc de la défaite. Le peuple américain ne savait même pas où se trouvait l’île de la Grenade - ce n’avait aucune importance. La raison que nous avons avancée pour l’invasion - protéger les citoyens américains se trouvant sur l’île - était complètement bidon. Mais la réaction du peuple Américain a été comme prévue. Ils n’avaient pas la moindre idée de ce qui se passait, mais ils ont suivi aveuglement le Président et le Drapeau. Ils le font toujours ! ».

Irving Kristol, conseiller présidentiel, en 1986 devant l’American Enterprise Institute

Le 25 octobre 1983, alors que les États-Unis sont encore sous le choc de l’attentat de Beyrouth, Ronald Reagan ordonne l’invasion de la Grenade dans les Caraïbes où le gouvernement de Maurice Bishop a noué des liens avec Cuba. Les États-Unis, qui sont parvenus à faire croire à la communauté internationale que l’île est devenue une base soviétique abritant plus de 200 avions de combat, débarquent sans rencontrer de résistance militaire et installent un protectorat. La manoeuvre permet de redorer le blason de la Maison-Blanche.

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.