RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Le marché des écoles de commerces : comment le profit liquide l’enseignement

Pour certains l’éducation est un marché à prendre. Un marché déjà bien existant dans l’enseignement supérieur. Particulièrement juteux dans ce que les milieux « économiques » appelle « les grandes écoles ». On ne parle pas ici des écoles d’excellences, symbole du mérite républicain que sont les écoles d’ingénieurs. Mais des écoles de « commerces ». Ces gardiens du Temple, érigés en modèle de la spéculation sur l’école par le Capital. article publié initialement sur wwww.initiative-communiste.fr site web du PRCF - @PRCF_

Un seul objectif, le chiffre d’affaire

Ce qui compte alors n’est pas la qualité de la formation, l’intérêt pour leurs élèves. Non c’est le chiffre d’affaires, le profit et la part de marché. Pour sûr que dans ce genre d’endroit, on n’enseigne guère les lois du profit et de l’exploitation de l’homme par l’homme du système capitaliste si bien décortiquées par Marx et ses successeurs ! Non, une école de commerce c’est d’abord là pour faire du profit.

Pourquoi s’embarrasser des formations par les classes prépas (accessible à tous) et d’un concours (mode de recrutement le plus égalitariste) freins à une sélection d’une masse d’étudiants riches permettant de développer ce « marché » juteux. Alors que l’on peut recruter massivement.... à l’étranger. Ou mieux s’y délocaliser. Tant pis pour le savoir faire d’enseignement universitaire français, et tant pis pour les jeunes de France ! C’est comme cela que des directeurs d’Ecole de Commerce revendiquent de multiplier par 5 leurs effectifs par une expansion tous azimuts à l’international. tout en divisant par 3 la part réservée au recrutement par concours à l’issu d’une classe prépa (déjà devenu largement minoritaire)

Il suffit de consulter les gazettes des milieux capitalistes autorisées (nombreux parmi les travailleurs, les militants politiques de gauche et les syndicalistes ne les lisent pas : c’est un tort, on y apprend plein de choses !). Jugez plutôt

Bernard Belletante, Directeur de l’EMLyon dans Le Figaro Étudiant du 12 novembre 2014 :

« la croissance de l’école ne passe plus par le marché français, ni par le segment des classes prépas »

« la contribution de ces étudiants au chiffre d’affaire des grandes écoles est régulièrement en baisse »

L’EMLyon compte aujourd’hui 2754 étudiants : « Nous projetons d’accueillir 10 351 [étudiants] en 2020″ « La part relative des prépas va diminuer à 10% »

« De 16% d’étrangers, nous devrions passer à près de 50% en 2020″ « EMLyon recrutera directement des étudiants étrangers à partir de ses sites étrangers »

Le but est affiché à demi-mots : faire du fric en recrutant le plus possible d’étudiants à fort pouvoir d’achat. Dans ces conditions, évidemment le concours – égalitariste – ne permet pas de sélectionner forcement les étudiants les plus rentables – mais justes les plus méritants (horreur !). On comprend aussi comment sont choisis les critères de classement des performances de ces écoles par les médias.

Bien sûr, la logique de ces boites à « managers » est de fournir des têtes bien formatées pour réaliser de la manière la plus efficace l’extraction de la plus-value : pour exploiter un maximum les travailleurs. Dans ces conditions, il ne faudrait pas que ces étudiants puissent en venir à se poser des questions sur le monde qui les entoure.

Ce n’est donc pas un savoir économique, culturel, scientifique que compte leur enseigner Belletante, mais simplement leur « donner du sens et susciter la réflexion« . Au passage, pendant que les étudiants s’auto-formeront en « allant chercher l’information » en autonomie dans des projets – ou mieux travailleront gratuitement dans des stages à rallonge (sans salaire cela va de soit) – et bien c’est autant d’économisé en salaire d’enseignants qui eux sont considérés comme inutiles puisqu’ils ne servent qu’à « transmettre du savoir » dans un « enseignement linéaire dans lequel le prof fait descendre l’info ». Les profs et les enseignants apprécieront.

D’ailleurs, le gouvernement dans cette logique est en train de fermer nombre de petites classes préparatoires pour ne conserver que les quelques classes les plus élitistes (on se souvient d’ailleurs de l’attaque de ce gouvernement PS de droite complexée contre les profs de prépa l’année dernière). Celles-ci étant accusées de couter trop cher par rapport à l’université. Effectivement les classes préparatoires (de proximité) et les concours sont accessibles à tous et permettent un accès (imparfait) pour les classes populaires à l’enseignement supérieur.... Sélectionner sur dossier, c’est accroitre la ségrégation selon l’argent dans l’enseignement supérieur.

Dans son édition du 12 novembre le très patronal journal Les Echos complète le tableau, rapportant les préconisations formulées par un rapport de l’ultra capitaliste Institut Montaigne, pour que les écoles de commerces existent sur « un marché concurrentiel ».

On y apprend que les écoles de commerce ont eu recours à une augmentation massive du nombre d’étudiants et un augmentation non moins massives des frais de scolarité (x2,5 en 20 ans !). Un moyen simple de remplir le tiroir caisse. Utile quand ces écoles sont utilisées « comme des vaches à laits » par les CCI puisqu’une « buisness school est un fabuleux compte de trésorerie ».... Mais cela ne suffit pas pour lutter avec les mastodontes – américains notamment. Rappelons quel merveilleux exemple que l’enseignement aux EU devenu particulièrement prohibitif (on parle de 60 000$ l’année !), inaccessible à la populace (les sans dents !), à moins que les étudiants ne s’endettent avant même d’avoir commencer à travailler pour des décennies. Ce qui permet – avantage non négligeable du point de vue de la classe capitaliste – que d’avoir une main d’œuvre qualifiée pieds et poings liées obligée d’accepter le premier emplois venu. Au passage, on notera qu’en agissant ainsi, le système capitaliste conduit – en sélectionnant par l’argent et en dispensant des formations aux rabais – à alimenter les postes commerciaux de gens issus des mêmes castes – aussi prétentieux qu’incompétents – fragilisant à terme la production. N’est ce pas également ce que l’on constate avec les techniques de management de plus en plus brutale à l’égard de salariés assaillis de montage d’objectifs stupides qui au final nuisent à la production ?

Et le rapport de réclamer l’adossement des écoles de commerces à l’Université... afin de profiter « des infrastructures de recherche qui coûtent cher à développer seul« . Ben tient ! Ou comment essayer de faire financer les coûts des écoles (privés) de commerce par le Public ! Mais aussi de lorgner avec envie sur le très juteux « marché de la formation professionnelle« . Ou développer l’enseignement numérique – non pas en terme de potentialité éducative – mais pour profiter de ses « nombreux avantage comme la réduction, à terme du coûts des enseignements« .

Ne nous leurrons pas, les écoles de commerces sont l’avant garde de l’offensive du Capital dans le domaine de l’enseignement supérieur. Et ce qui s’y passe est le prélude de ce qui est prévu pour le reste. A l’heure de l’aggravation exponentielle de la crise systémique du capitalisme, le Capital se doit de trouver de nouveaux débouchés, et le marché de l’Éducation en est un particulièrement juteux.


source : www.initiative-communiste.fr - site web du PRCF
http://www.initiative-communiste.fr...

Abonnez vous à Initiative Communiste – Inscrivez vous à la lettre électronique hebdomadaire gratuite @IC Hebdo
Suivez le PRCF sur twitter : @PRCF_ et sur facebook : https://www.facebook.com/pages/PRCF-Pôle-de-Renaissance-Communiste-en-France

»» http://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/marche-ecoles-comm...
URL de cet article 27478
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
"Pour sauver la planète, sortez du capitalisme" de Hervé Kempf
René HAMM
Le titre claque comme un slogan que l’on clamerait volontiers avec allégresse. Quel immense dommage que si peu de Vert(-e)s adhèrent à ce credo radical, préférant, à l’image de Dominique Voynet Daniel Cohn-Bendit ou Alain Lipietz, quelques commodes replâtrages ! Les déprédations gravissimes de l’environnement découlent d’un mode de production uniquement mû par « la maximisation du profit ». La crise économique actuelle, corollaire des turbulences qui ont frappé la bulle des hedge funds et des subprimes, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il n’y a pas de moyen plus violent de coercition des employeurs et des gouvernements contre les salariés que le chômage. Aucune répression physique, aucune troupe qui matraque, qui lance des grenades lacrymogènes ou ce que vous voulez. Rien n’est aussi puissant comme moyen contre la volonté tout simplement d’affirmer une dignité, d’affirmer la possibilité d’être considéré comme un être humain. C’est ça la réalité des choses.

Henri Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT
Extrait sonore du documentaire de Gilles Balbastre "Le chômage a une histoire",

Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.