CADTM, 8 décembre 2007.
L’Afrique n’est pas une et indivisible. Toutes les sensibilités coexistent dans cette mosaïque. Tous les espoirs, tous les doutes aussi. Pourtant l’identité africaine n’est pas le seul trait d’union des peuples du continent : tous, ou presque, ont connu longtemps la domination et l’oppression. Pendant la première moitié du vingtième siècle, être africain signifiait d’abord être colonisé. Au début des années 1960, ce concept du « colonisé » va être déconstruit. L’horizon semble s’ouvrir.
Le pourtour africain
Vue d’Europe, l’Afrique n’a longtemps été qu’un pourtour. Dès le quinzième siècle, les Portugais furent les premiers à longer ses côtes, mais avant tout pour la contourner et trouver un chemin vers les Indes.
La traite transatlantique des Noirs (au moins onze millions d’Africains, selon l’estimation basse, déportés vers les Amériques entre le 16e et le 19e siècle) consistait surtout pour les négriers à récupérer des esclaves |1| sur les côtes. La traque des futurs esclaves dans l’intérieur du continent était souvent le fait d’Africains eux-mêmes, cédant à l’appât du gain ou à l’occasion de livrer leurs ennemis. Bien sûr, cela n’inverse en rien les responsabilités : la logique même de cette domination-là était imposée par de riches Européens, qui ont dû leur fortune au commerce triangulaire (esclaves africains vendus en Amérique, en échange de sucre, café, tabac, coton rapportés en Europe, avant d’embarquer fusils, étoffes et verroteries vers l’Afrique). Cette riche bourgeoisie européenne, qu’elle soit de Nantes, Bordeaux, Londres, Lisbonne ou Copenhague, a su trouver, dans ce but, des alliés et des subordonnés en Afrique, mais c’est elle qui est à l’origine et à l’aboutissement du processus de domination. Le témoignage du négrier français Théodore Canot (1806-1860) est limpide : « J’affirme sans hésiter que les trois quarts des esclaves exportés d’Afrique sont le fruit des guerres fomentées par la cupidité de notre propre race |2|. » Des résistances ont bien sûr existé : par exemple, le roi Adandozan du Dahomey (l’actuel Bénin) fut renversé en 1818 car il s’opposait à la traite négrière. La force était du côté des riches Européens qui ont pu imposer cette traite pendant plus de trois siècles |3|.(...)
- Lire l’ article www.cadtm.org
« L’homme africain... ». Retour sur le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar le 26 juillet dernier, par Thomas Heams.
Afrique - pillages, massacres et misère : Stop Françafrique.
Commerce - Afrique de l’ Est : L’APE signé pour ’’protéger’’ de petits agriculteurs, par Rosalia Omungo.
Derrière le drame du Darfour ; le changement climatique, par Bruno De Wit.