« C’est tout de même invraisemblable tous ces débats entre socialistes, dont presque tous ont été ministres ou Premier ministre il y a quelques semaines encore ».
Du coup, je suis allé chercher qui sont précisément ces sept candidats :
Manuel Valls : ancien ministre, ancien Premier ministre de Hollande il y a encore quelques semaines. Apparatchik qui n’a jamais occupé un emploi salarié, addict au 49-3. Son premier mandat électoral PS date de 1986 (Conseiller régional d’Ile-de-France).
Arnaud Montebourg : ancien ministre de Hollande, adhérent du PS depuis 1985, ex-secrétaire national du Parti socialiste, ex-membre du bureau national et du conseil national du Parti socialiste, ex-député PS, ex-vice-président du conseil de surveillance de la chaîne d’ameublement Habitat, président du conseil de surveillance de New Wind, une start-up dont il possède une partie du capital.
Benoit Hamon : ancien ministre de Hollande, ancien porte-parole du PS. Il fut secrétaire des jeunesses socialistes en 1993, ex-directeur du planning stratégique de l’institut de sondages Ipsos, ex-député européen PS, ex-membre du conseil d’administration de l’université Paris-VIII en tant que personnalité extérieure.
Vincent Peillon : membre du PS depuis 1992, ex-membre du bureau national du PS, ancien ministre de Hollande, ex-député PS, député européen, ex-porte-parole de Ségolène Royal, ex-soutien à Dominique Strauss-Kahn en cas de sa candidature à la primaire citoyenne en 2011, ex-membre de l’équipe de campagne de François Hollande.
François Henri Goullet de Rugy, dit François de Rugy : ex-militant de Génération écologie, le parti de Brice Lalonde, ancien d’EELV qu’il a quitté pour se rapprocher du PS, fondateur du parti « Les écologistes », député, vice président de l’Assemblée nationale, conseiller municipal de Nantes, adjoint au maire (l’ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault). Rêve d’être ministre.
Sylvia Pinel : ancienne ministre de Hollande, membre du Parti radical de gauche (sic), ex-chef de cabinet du président du conseil général de Tarn-et-Garonne (Jean-Michel Baylet), députée.
Jean-Luc Bennhamias : député européen, ex-EELV, ex-secrétaire national des Verts, ex-vice-président du MODEM, président du Front démocrate, ex-conseiller régional d’Île-de-France, puis de Provence-Alpes-Côtes d’Azur, conseiller d’arrondissement de Marseille et conseiller communautaire de la Communauté Urbaine de Marseille. Rêve d’être ministre.
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Cinq ont été ministres de Hollande, deux sont députés, deux sont députés européens, quatre sont membres du PS, trois sont membres de partis alliés du PS.
Les quatre candidats membres du PS depuis 2 à 3 décennies n’ont jamais pensé à le quitter. Les trois autres lui ont apporté le concours de leur parti. Mais chacun des sept, s’il est élu, fera à peu près le contraire de ce que fit Hollande avec son assentiment.
Bien. Et notre lecteur de poursuivre :
« Il faut tout de même rappeler ici que le PS n’est pas encore dans l’opposition, qu’il dispose de la présidence et de la majorité parlementaire. Aussi les voir tous parler au futur, comme si...
Il leur suffit de mettre en œuvre tout ce qu’ils disent pendant qu’ils le peuvent encore […]. Le parti au pouvoir se projetant dans une politique fiction comme si il était dans l’opposition. Tout ce qui est proposé ici peut être débattu demain par l’assemblée et voté après demain ».
Bon sang, mais c’est bien sûr !
On objectera que tous ne sont pas députés. Certes. Mais tous rassemblent autour d’eux des députés en soutien actif à leur candidature. Et, à eux sept, ils portent LES désirs de changement : le leur et celui des sympathisants qui viendront voter à la primaire et qui n’auraient certes pas voté pour François Hollande à cause de sa politique mise en oeuvre avec l’appui de ces sept mercenaires miraculeusement frappés par la grâce des repentis.
Portés par cette foule, les députés frondeurs, les députés qui soutiennent les candidats à la primaire (ces derniers sont devenus des sortes de frondeurs), les députés de toute la gauche, vont intervenir à l’Assemblée nationale et hop ! sale temps pour Bernard Cazeneuve qui sera le premier chef de gouvernement à voir en quelques semaines se défaire le travail de 5 ans de ses prédécesseurs. Et le mieux, c’est qu’aucun des sept candidats ne voudra s’y opposer, ne serait-ce que par la parole, puisque tous veulent dorénavant faire autre chose pour le bonheur du pays.
Ils nous l’ont dit au cours de trois débats télévisés : tous vont s’attaquer à la pauvreté, aux injustices, à la finance (encore ! Mais Hollande l’a déjà fait ! C’est du Rothschild bashing !). Tous vont veiller jalousement à la souveraineté de la France.
Tous vont embaucher des fonctionnaires (qu’ils aiment tous).
Même le 49-3 va être supprimé pour une meilleure écoute du peuple.
Ah ! à entendre leurs envolées prolétariennes inspirées (un peu) par Jaurès, parfumées (à dose homéopathique) au robespierrisme, je me serais laissé avoir si, entre deux légitimes somnolences du citoyen blasé, l’hologramme de JLM ne s’était interposé entre l’écran et mon canapé pour me souffler : « Ils font du bruit avec leur bouche ».
Maxime Vivas