RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

La trompette de Scapin souffle le vent de la rupture

La beauté de mon pays, ses richesses humaines et matérielles, son climat clément, son emplacement stratégique dans le monde et son peuple merveilleux séduisent nos adversaires. La détermination des hommes honnêtes existe et existera toujours sur la terre des martyrs. Elle nous amènera sain et sauf vers notre destinée. Patience ! Laissez-moi décoder le rythme de la musique finale. La trompette de Scapin souffle le vent de la rupture. Fini les mensonges de la France. L’Algérie doit revenir aux jeunes. Scapin et ses acolytes vont partir chez leurs pères colons et le futur de nos enfants sera florissant par la volonté du peuple.

Dans "les Fourberies de Scapin" de Molière, Octave et Léandre demandent au valet Scapin de convaincre leurs pères respectifs qui veulent les marier contre leur gré. Habile et rusé, celui-ci passera par mille chemins pour parvenir à ses fins. Comme Scapin, certains chefs de parti sont de vrais tartuffes. Ils sont tour à tour fourbes et malins, espiègles ou taquins et déloyales par nature. Ils se comportent comme le charmeur de serpent qui se fait mordre par sa propre trouvaille. Ils critiquent ouvertement l’ombre courbée du roi et évitent de dire à sa majesté de se tenir correctement. Ils préfèrent voir l’arbre et non la forêt. Ils s’amusent comme des gamins et jouent à la politique de l’autruche. Ils sont comme le pécheur halluciné qui voit le reflet des étoiles dans le lac et les poissons sur les branches des arbres. Il oublie le poisson et essaye de capturer avec son hameçon un oiseau perché sur une branche virtuelle. Dans la politique de confusion les poissons nagent entre branches des arbres et les oiseaux volent dans l’eau. Les branches de l’arbre et l’oiseau dans l’eau sont une image. Le poison dans le lac est une réalité. Octave, Léandre et Scapin imagent des personnages politiques de chez nous.

Bien que le mensonge politique n’ait pas changé depuis la nuit des temps, la populace tombe toujours dans le même piège. Avant d’annoncer sa couleur politique FLNiste, Gustave a promis à la populace de transformer Mascara en une nouvelle Californie. Aujourd’hui il s’est rangé dans le camp de Scapin qui l’a qualifié de politicien novice. Il accepte le mariage avec Léandre sous l’ordre de papa. Demain, il promettra aux paysans de Mascara un voyage vers la lune ou la planète Mars pour ramener des navets. Mascara a été depuis toujours la terre du bon navet. Gustave ne fait pas la distinction entre navet et navette. Hélas ! Certains se laissent emporter et adhèrent aux délires « nanotechnologiques » de Gustave sans même penser à leur faisabilité. Mouillons nous dans le lac du pécheur, évitons de décrire les images par les délires gustaviens et parlons réalité.

Pas de souveraineté sans une armée forte. Pas de démocratie sans une éducation solide. Pas de stabilité sans une justice correcte. Pas de bien-être sans une économie clairvoyante. Ces quatre composantes définissent la force d’une nation. A chacun sa responsabilité dans son propre domaine et la nation retrouvera sa propre force.

Le développement économique, la paix permanente et la stabilité durable exigent un Etat légitime et fort d’une part et une gouvernance compétente d’assumer des implications au plan national et international d’ autre part. La stabilité au sens propre du mot demande une gouvernance qui assure à son peuple la paix, le bien-être, le savoir et la dignité. Tous les régimes, quels que soient leurs origines et leur orientation, sont mis à mal à des degrés différents lorsque l’économie du pays approche la faillite. L’Algérie n’est ni la Corée du Nord ni la Norvège. Elle est ce qu’elle est.

Toutes les langues dans les rues algériennes parlent de paix et discutent stabilité. La paix veut dire l’absence de guerre. La stabilité désigne l’équilibre. Jusqu’à preuve du contraire l’Algérie n’est en guerre contre personne et l’armée fait son travail avec conscience, expérience et connaissance. Cela veut dire que nous sommes en paix. Par contre, l’équilibre fait défaut chez nous. La défaillance est marquée par une éducation boiteuse et une justice dépendante. L’école est loufoque pour ne pas dire, comme le professeur Rabeh Sebaâ, la risée de la planète. La loi est rongée par la corruption et le clientélisme.

Un système politique est en équilibre si la somme des forces qui réagissent sur ce système est nulle. Ces forces sont représentées par les vecteurs gouvernant, l’armée, l’élite et l’opposition. Génialement décrit, un système est dit stable si le pouvoir comme force de gouvernance, l’opposition comme force de correction de cette gouvernance, l’élite comme force tampon et l’armée comme force médiatrice équilibrent la balance des intérêts et assurent le caractère légitime dans les normes de la conduite politique.

Aux yeux du roi loyaliste, si loi existe, Louisa est égale à Amar comme Abderrazak est égal à Ahmed. Sous le même angle, Ali et Bachir commercent avec une égalité de chance. Bachir s’occupe production d’huile et Ali s’occupe des rails et des routes. Ali et Rachid doivent être loin des forces de stabilité. C’est ainsi que le pays maintient son équilibre.

Actuellement, la force de gouvernance est désarçonnée et cherche une issue de secours, la force d’opposition est divisée et ne peut pas former une force commune. Entre ces deux forces l’élite est très faible ou sans influence. La seule force qui reste cohérente est la force armée.

Généralement la stabilité politique est atteinte par deux moyens : par la dictature ou la démocratie. La Corée du Nord est stable par la dictature et la Norvège est stable par la démocratie. Certains pensent que la stabilité obtenue par la violence et la répression ne dure pas longtemps. La Chine est un contre-exemple pour ceux qui pensent ainsi. D’autres pensent que la stabilité basée sur la démocratie civile est permanente. Cette hypothèse reste à vérifier.

Si on suppose que l’Algérie est stable on doit forcément reconnaitre que cette stabilité est menacée par le vieillissement des forces qui la maintiennent. Les vrais décideurs doivent injecter du sang jeune dans le système des forces pour maintenir la stabilité supposée. Ce mode de remédiation est universel. L’ancien empire soviétique était gouverné par des vieillards. Ces vieillards ont mené cet empire à la dislocation et l’explosion. La Chine a compris la leçon soviet. Ses décideurs ont injecté du sang jeune dans le système chinois. L’essor économique Chinois n’est pas magique. Il est dû tout simplement au rajeunissement du pouvoir.

J’illustre cette idée par les paroles de la danseuse Sylvie Guillem quand on lui a demandé, pourquoi cesser la danse fin 2015, l’année de ses 50 ans ? Elle répondit : « Parce que je ne veux pas me décevoir, ni décevoir le public. Parce que je n’ai pas envie d’être mal jugée, moins aimée. Parce que je fais encore les choses aujourd’hui comme je veux les faire, parce que j’ai beaucoup de plaisir à les faire ainsi, et que je ne veux surtout pas les faire moins bien. Parce que je ne veux jamais danser en me reposant... Je sais ce que ça va me coûter, fin décembre, après les ultimes représentations dans ce Japon qui me fascine tant et dans la province française... Le moment sera dur. Mais je suis prête à payer. Je préfère arrêter avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’on ne décide pour moi. Il faut une fin claire et nette. » La danse politique suit les mêmes règles. Nos politiciens doivent prendre l’exemple de cette danseuse pour laisser la chance aux jeunes une petite place de danse sur la piste d’Ouyahya.

A la manière de Sylvie Guillem, Si Mhamed de l’ALN justifie son retrait du parti FLN en disant « Quand les serpillières du pouvoir font rideau décoratif d’une vitrine politique peu crédible, la personne normalement normale dira ‘stop et fin ‘. » Boumehdi n’est pas Ben Mhidi, Si Affif n’est pas Didouche, Arioui n’est pas Krim Belkacem, Saïd Bouhadja n’est pas Ait Ahmed, Khaoua n’est pas Ben Boulaid, Sadek Bouguetaya n’est pas Khider, Tayeb Louh n’est pas Si Tayeb Boudiaf et Scapin n’est pas Bitat. En plus clair, les hommes du FLN du 23 octobre 1954, réunis chez Mourad Boukhechoura, au 24 avenue Bachir Bedidi, rue Comte-Guillot du temps de l’Algérie française, n’ont rien à voir avec les hommes du FLN du 10 Mai 2015, réunis chez Scapin, à la rue du stade à Hydra du temps d’Algérie algérienne. Hélas ! Les circaètes du FLN sont morts pour notre liberté et les corbillats du parti FLN jouent aux aigles pour séduire quelques poules mouillées au faubourg Saint Denis. La confusion diffuse dans la politique fusionnelle. Ils sont tous devenus FLN pour montrer un changement brouillonné dans une confusion constitutionnelle. Dans ce changement, la trompette de Scapin prétend rajeunir les danseurs politiques et Khaïra la vendeuse de galettes au marché Michelet d’Oran aspire au pouvoir.

L’été s’annonce bien. Les cigales chantent l’extraordinaire au seuil de Hydra. Mourad l’intelligent écoute les cigales. Il regarde la constitution et interprète le chant. Les cigales annoncent l’arrivée d’un visiteur important. La visite de complaisance de François Hollande le 15 juin prochain. Cette visite embellit le décor chez Scapin. Elle est en effet l’objet de plusieurs mythes ou contes. Elle justifie les relations bidon entre corbillats et les poules hollandaises.

Depuis des dizaines d’années, la croyance populaire façonne des idées reçues sur ce vieux parti qui n’a rien avoir avec le front qui a libéré l’Algérie. Le parti FLN a beau être l’un des fuels les plus essentiels au moteur du système, le grincement de l’engrenage ces dernières années fait peur aux gens de la rue. Les algériens sont loin de tout connaitre sur ce grincement quand le vieux Saleh lubrifie les dents usées de l’engrenage du système. Les spécialistes de la mécanique du pouvoir nous informent que le grincement justifie le retour de l’homme des sales besognes, le retour en force des messieurs Popeye chez Scapin et l’éjection de Ben Saleh du parti RND. Ce grincement est particulièrement compliqué. Il cache de nombreux secrets que les plus intelligents des citoyens et même les scientifiques les plus habiles ne sont pas encore parvenus à le démystifier. Ce grincement image la période près Octobre 1988. Que Dieu protège notre nation des désastres inutiles.

Ainsi, face à tant de mystère, il n’est pas étonnant que certaines idées reçues de l’autre rive créent des contradictions visibles à l’œil nu.

Les raisons de Si Mhamed sont claires et se confirment. Entre truands, les bénéfices ça se partage, la réclusion, ça s’additionne disait Michel Audiard qui ne connait pas Si Mhamed. Si vous prétendez être libre penseur, demandez à Belayat ou Abada. Ils vous diront qui a ramené Scapin. Ils vous confirment ce que Michel Audiard raconte la vérité.

En conclusion : L’homme de la rue crie à haute voix : A quand un changement radical de la classe politique actuelle. Une classe préoccupée à se maintenir en place au sein d’un système usé par les discordes et prêt à s’écrouler ? Je rappelle aux jeunes un passage d’une leçon de Victor Cousin « Donnez-moi la carte d’un pays, sa configuration, son climat, ses eaux, ses vents et toute sa géographie physique ; donnez-moi ses productions naturelles, sa flore, sa zoologie, etc., et je me flatte de vous dire à peu près quel sera l’homme de ce pays et quelle place ce pays jouera dans l’histoire, non pas accidentellement, mais nécessairement, non pas à telle époque, mais dans toutes, enfin l’idée qu’il est appelé à représenter ».

La beauté de mon pays, ses richesses humaines et matérielles, son climat clément, son emplacement stratégique dans le monde et son peuple merveilleux séduisent nos adversaires.

La détermination des hommes honnêtes existe et existera toujours sur la terre des martyrs. Elle nous amènera sain et sauf vers notre destinée. Patience ! Laissez-moi décoder le rythme de la musique finale. La trompette de Scapin souffle le vent de la rupture. Fini les mensonges de la France. L’Algérie doit revenir aux jeunes. Scapin et ses acolytes vont partir chez leurs pères colons et le futur de nos enfants sera florissant par la volonté du peuple.

URL de cet article 28798
   
« Cremada » de Maïté Pinero
Bernard Revel
Prix Odette Coste des Vendanges littéraires 2017 Maïté Pinero est née à Ille-sur-Têt. Journaliste, elle a été correspondante de presse en Amérique Latine dans les années quatre-vingts. Elle a couvert la révolution sandiniste au Nicaragua, les guérillas au Salvador et en Colombie, la chute des dictatures chiliennes et haïtiennes. Elle a écrit plusieurs romans et recueils de nouvelles dont « Le trouble des eaux » (Julliard, 1995). Les huit nouvelles de « Cremada », rééditées par Philippe (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’écart gigantesque entre ce que les dirigeants des Etats-Unis font dans le monde et ce que les habitants des Etats-Unis croient qu’ils font est une des grandes réussites de propagande de la mythologie politique dominante.

Michael Parenti

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.