Appelons un chat un chat…
Donc, au sujet de la réquisition des logements vacants pour les sans-abris et les mal logés, suggérée par Cécile Duflot, Marine Le Pen s’insurge en déclarant sur LCI :
"C’est une grave violation du droit à la propriété ! La révolution française a fait de la "propriété" un des grands principes de notre République. "
Passons sur l’amalgame, comme si son parti, qui se fait ici le défenseur des propriétaires, était un héritier de la révolution française. Les montagnards sont là !!
Notons tout de suite que ceux que défend Mme le Pen ne sont pas des propriétaires lambdas, propriétaires de l’appart dans lequel ils vivent. Non. Il s’agit de propriétaires qui possèdent plusieurs appartements. Si j’appartenais à la classe des ouvriers et des modestes qui votent FN, j’ouvrirais quand même un peu les yeux pour voir que ma chef, au nom de la sacro-sainte règle « révolutionnaire » de la propriété, préfère qu’on meure dehors.
Bien. Continuons.
« Si les mots de Mme Duflot se transforment en actes, cela aura pour conséquence d’empêcher les investissements dans l’immobilier parce que l’immobilier deviendra risqué. »
Ah ! Là voici donc préoccupée à présent des investisseurs. Mais on croyait qu’elle n’était pas de droite Mme le Pen. De quels investisseurs parle-t-elle ??? Ceux qui mettent de côté sur un livret A de quoi s’acheter un garage à Romorantin ??
Mais le meilleur reste à venir.
« La solution à la crise du logement passe par la lutte contre l’immigration. »
What a surprise !
Après avoir cligné de l’oeil à ses électeurs fortunés, elle se tourne sans perdre de temps vers son électorat populaire qui pense que l’Islam, plus que le libéralisme américain, nous conduit au chaos.
En fait, n’importe quelle phrase prononcée par Mme Le Pen pourrait se terminer par « la solution à …passe par la lutte contre l’immigration ».
C’est le torchon rouge qu’elle agite frénétiquement : « Immigration ! »
Et elle en vient alors à cette démonstration d’une bêtise grave, bêtise, on s’en doute destinée à des électeurs qu’elle doit juger bêtes et pour lesquels on peut raconter n’importe quoi.
"Mme Duflot nous dit qu’il manque 800.000 logements et nous avons accueilli 1 million d’étrangers en cinq ans en France. Alors commençons par arrêter l’immigration et l’on va résoudre assez facilement le problème des logements manquants"
Ahahahahahahahaaa !
Je dois dire que je n’en ai jamais entendu une d’aussi bonne à un tel niveau (présidentiable) si ce n’est dans les discours de Romney ! Comme quoi, elle a quand même un grand avenir devant elle !
Donc résumons les propos de Mme le Pen. 1 million d’étrangers arrivés en France depuis 5 ans habitent donc des logements alors que les Français sont à la rue.
800 000, si je suis bien.
Donc, si on chassait ce million d’étrangers qui laisserait alors 1 million de logements vacants, les 800 000 français pourraient être logés « assez facilement ». (Sauf qu’il s’agit de SDF qui n’ont pas d’argent. Mais « chut !! » Madame s’adresse à ses électeurs !)
Nous notons l’emploi de « facilement », adverbe démagogue qui ouvre de nouveaux horizons au public et « assez » qui modère tout de même l’enthousiasme.
Je vous fiche mon billet que si on chasse 1 million d’immigrés ça ne va guère changer le problème du logement dans les centre ville où même les purs français qui travaillent n’arrivent pas à se loger...
Ceci dit, revenons au sujet oublié par notre blonde radicale : il y a des gens qui meurent dans la rue. Il y a des appartements qui sont vides.
Que fait-on ?
Ah ! J’ai compris ! On chasse les immigrés et les propriétaires d’appartements vides, enfin rassurés, les louent à des SDF et à de pauvres travailleurs !
Mais rassurons Mme Le Pen. Mme Duflot « envisage » seulement cette éventualité.
On a le temps de voir venir…
Et avec cette fin du monde en décembre 2012, peut-être que tous les problèmes seront réglés.
Pour conclure, merci à Mme Le Pen de nous avoir bien amusés de son talent indéniable de femme politique, dans un monde où ce mot, trop souvent hélas, mais pas toujours quand même, n’évoque que démagogie, complaisance, intérêt, mépris et manque total de réflexion.
Stupidité : caractère d’une chose qui est produite sans intelligence, sans discernement. Parole qui manque de jugement.
Ariane Walter