« Aboli bibelot d’inanité sonore » (Sonnet en YX, Stéphane Mallarmé.)
« Le PCF appelle les féministes et les progressistes du pays à se mobiliser largement pour que la proposition de loi soit votée, en deuxième lecture, avec l’abrogation du délit de racolage et la responsabilisation des clients. »
Bien ; mais plus haut, dans sa déclaration, émise à la suite du vote du Sénat il énonce : « Cette orientation [celle du Sénat] est un renoncement de fait à la perspective d’abolir la prostitution... »
Ce qui appelle à réflexion sur le degré de confusion mentale (qu’il faudrait elle aussi sans doute « abolir ») qui règne quand il s’agit de cette question.
La prostitution n’est pas une institution légale ; la législation est floue, comme par hasard elle aussi, puisque l’acte lui-même, le fait de vendre son corps n’est pas un délit, mais tout ce qui l’entoure, si ; alors comment peut-on parler de « la perspective d’abolir la prostitution » ?
Certes, des coutumes peuvent être abolies, mais la question de la prostitution peut-elle être envisagée sous l’angle de la « coutume » ? Est-ce aussi léger que cela ?
Abolir la prostitution ce n’est pas comme abolir la peine de mort qui, elle, était une « violence » inscrite dans la loi.
Il suffisait d’abroger la loi pour abolir la peine de mort. Et pourquoi ne pas s’en aller clamer maintenant sur « la perspective d’abolir le crime » ?
De même, si l’on peut abroger les lois répressives relatives à l’usage des stupéfiants, ou les détourner avec les salles de « shoot », comment envisager « d’abolir l’usage des stupéfiants » ?
Pour ouvrir « la perspective d’abolir la prostitution » dans l’état actuel de la société, il faut envisager de rétablir la guillotine en tant que coupe-cigare, et la ceinture de chasteté.
Parce que, sinon, ne pas inscrire dans la loi l’interdiction de l’acte de prostitution lui-même, l’acte de vendre son corps, mais au lieu de cela pénaliser le client, l’acte d’acheter un corps, c’est hypocritement tourner autour du pot.