RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

La prostitution du langage au service d’un texte sur la prostitution.

Le projet de loi de la majorité sur la prostitution a été repoussé par le Sénat pour repasser devant l'Assemblée nationale qui l'adoptera. Il ne s'agit pas ici d'entrer dans le détail, ni de prendre parti (quand même, si, un peu, à la fin) mais de s'interroger sur ce qu'on a dans la tête quand on s'exprime sur le sujet de la prostitution.

« Aboli bibelot d’inanité sonore » (Sonnet en YX, Stéphane Mallarmé.)

« Le PCF appelle les féministes et les progressistes du pays à se mobiliser largement pour que la proposition de loi soit votée, en deuxième lecture, avec l’abrogation du délit de racolage et la responsabilisation des clients. »

Bien ; mais plus haut, dans sa déclaration, émise à la suite du vote du Sénat il énonce : « Cette orientation [celle du Sénat] est un renoncement de fait à la perspective d’abolir la prostitution... »

Ce qui appelle à réflexion sur le degré de confusion mentale (qu’il faudrait elle aussi sans doute « abolir ») qui règne quand il s’agit de cette question.

La prostitution n’est pas une institution légale ; la législation est floue, comme par hasard elle aussi, puisque l’acte lui-même, le fait de vendre son corps n’est pas un délit, mais tout ce qui l’entoure, si ; alors comment peut-on parler de « la perspective d’abolir la prostitution » ?

Certes, des coutumes peuvent être abolies, mais la question de la prostitution peut-elle être envisagée sous l’angle de la « coutume » ? Est-ce aussi léger que cela ?

Abolir la prostitution ce n’est pas comme abolir la peine de mort qui, elle, était une « violence » inscrite dans la loi.

Il suffisait d’abroger la loi pour abolir la peine de mort. Et pourquoi ne pas s’en aller clamer maintenant sur « la perspective d’abolir le crime » ?

De même, si l’on peut abroger les lois répressives relatives à l’usage des stupéfiants, ou les détourner avec les salles de « shoot », comment envisager « d’abolir l’usage des stupéfiants » ?

Pour ouvrir « la perspective d’abolir la prostitution » dans l’état actuel de la société, il faut envisager de rétablir la guillotine en tant que coupe-cigare, et la ceinture de chasteté.

Parce que, sinon, ne pas inscrire dans la loi l’interdiction de l’acte de prostitution lui-même, l’acte de vendre son corps, mais au lieu de cela pénaliser le client, l’acte d’acheter un corps, c’est hypocritement tourner autour du pot.

URL de cet article 28339
   
Sélection naturelle. Un roman capitaliste.
Alexandre Grondeau
John, Yan et Jean ont des quotidiens et des parcours professionnels très différents, mais ils arrivent tous les trois à un moment clef de leur vie. John est un avocat d’affaires sur le point de devenir associé monde dans un grand cabinet. Yan, un petit dealer toujours dans les embrouilles et les galères. Jean, enfin, est un retraité qui vient d’apprendre que ses jours sont comptés. Malgré leurs différences, ces trois antihéros se débattent dans les contradictions de la société de (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

On ne mesure pas la puissance d’une idéologie aux seules réponses qu’elle est capable de donner, mais aussi aux questions qu’elle parvient à étouffer.

Günter Anders
L’Obsolescence de l’homme (1956)

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.