RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

La prochaine intifada devrait être une révolution palestinienne jusqu’à la fin de l’occupation (Middle East Monitor)

Le discours de Mahmoud Abbas aux Nations unies, qui a été précédé par une propagande exagérée disant qu’il serait une « bombe », s’est avéré n’être rien de plus qu’une litanie de plaintes habituelles et d’appels à la communauté internationale. Le discours a indéniablement échoué à soulever de nouveaux défis, à offrir de nouvelles stratégies ou d’inspirer l’espoir aux palestiniens bouillant sous l’occupation. Quelques jours après le discours, quand Israël a annoncé que l’Autorité palestinienne a aidé à l’arrestation d’un groupe à Naplouse accusé d’avoir attaqué des colons illégaux, la réponse d’Abbas – la menace lasse habituelle de ne pas s’engager dans des accords qui ne sont pas respectés par Israël – s’est révélée n’être rien d’autre qu’une « bombe assourdissante ».

La jeunesse palestinienne a espéré que cette annonce signifiait que l’AP allait arrêter de se comporter comme le sous-traitant d’Israël pour écraser la résistance palestinienne. Ils se sont alors levés pour combattre l’appropriation par Israël du lieu saint qu’est al-Aqsa à Jérusalem, pour résister à la fermeture de la ville à son propre peuple et pour s’opposer aux attaques sans relâche des colons dans des villages de Cisjordanie, comme celle qui a conduit à brûler vive une famille, un crime pour lequel personne n’a eu à rendre de comptes.

Ces oiseaux de la liberté sont traqués, un par un. Ils sont poussés dans des cages israéliennes mais aussi palestiniennes, pourtant ils sont blâméspar cette dynamique typique de violence : « Ils ont amené toute cette souffrance sur eux-mêmes et leurs familles ! ». Nous avons entendu des commentaires similaires lorsqu’une femme s’est fait violer : « Elle l’a cherché, elle l’a provoqué, elle est celle à blâmer pour cela ». Israël a autorisé à tirer sur tout enfant palestinien qui est vu en train de jeter des pierres, demandant au minimum 4 ans de prison et exigeant des amendes prohibitives de la part des parents. Toutes ces mesures ont pour seule conséquence d’inviter plus d’enfants à défier la cruauté des lois israéliennes.

Muhannad, 19 ans ; Amjad, 17 ans ; Fadi, 18 ans ; Hadil, 18 ans ; et Shurouq, 18 ans sont seulement quelques-uns des jeunes palestiniens à avoir été exécutés sans procès dans les dernières semaines, accusés de porter des armes ou d’attaquer des colons ou soldats israéliens avec des couteaux. Leurs maisons vont être détruites pour punir leurs parents pour leur lien biologique avec leur enfant (même si les châtiments collectifs sont interdits par le droit international).

La police israélienne a la gâchette facile quand il s’agit de palestiniens mais tellement patiente avec les criminels juifs. Yishai Schlissel a poignardé 6 participants à la gay pride en mars dernier, mais aucun officier de police ne lui a tiré dessus. Les crimes de colons à l’encontre des palestiniens sont vus, couverts et même encouragés par les autorités israéliennes, tandis qu’aucun palestinien ne s’en sort avec n’importe quel acte de résistance. La police israélienne sous couverture entre dans des hôpitaux palestiniens pour kidnapper des blessés sous le regard de la police palestinienne, mais Israël échoue toujours à arrêter des israéliens qui ont tué des palestiniens ; quand des palestiniens prennent des photos d’actes criminels, les autorités israéliennes trouvent des excuses sans fin pour minimiser la sanction.

Lors des affrontements récents, Israël a fait usage de colons hors-la-loi opérant en toute impunité pour terroriser les palestiniens, tirant sur les passants et brûlant leurs propriétés, leurs cultures et leurs oliveraies, leurs véhicules et leurs maisons. Des colons armés ont été vus précédant les soldats israéliens lors des incursions dans les villages entourant Naplouse. Etant donné la totale impunité des autorités israéliennes, ce n’est pas surprenant que de jeunes audacieux essaient de briser les chaînes de leur impuissance, retrouvant le sens du collectif dans une action dramatique et cherchant à venger leur nation humiliée et leur pays violé.

Aujourd’hui, nombreux se demandent si oui ou non la révolte actuelle va mener à une 3ème intifada ; ce nom même, comme les 1ère et 2ème intifada, prédit une inquiétante destinée, celle d’une interruption avant la fin de l’occupation. En effet, ce sera interrompu aussi vite que les politiciens et les négociateurs auront récolté des avantages pour leurs intérêts personnels. Ma peur est que cette motivation – la perte de la liberté et de la vie qui nous a apporté une angoisse indescriptible – sera exploitée par nos mêmes fatigués et momifiés représentants qui se soucient peu de libération ou de la cause nationale, dont le seul objectif en tant que sous-traitants est de prendre l’avantage sur la résistance palestinienne afin de maintenir leur job de « médiateurs » et de garder le silence.

Ne laissons pas cela être cette 3ème intifada dans laquelle nos espoirs sont ainsi anéantis. Laissons- la devenir une révolution finale palestinienne qui mettra un terme à l’occupation. Laissons tous les palestiniens dignes, et leurs soutiens internationaux, faire ce qu’il faut pour assurer la survie de nos oiseaux de liberté. Nous devons maintenir la gestion collective et l’ardeur morale de notre révolution face à tous les oppresseurs, de l’intérieur comme de l’extérieur, pour la libération ultime de notre peuple et de notre terre.

Source : https://www.middleeastmonitor.com/articles/middle-east/21515-the-next-intifada-should-be-a-palestinian-revolution-until-the-occupation-ends

Traduit de l’anglais par FS pour ISM-France

»» http://www.ism-france.org/analyses/...
URL de cet article 29424
   
Même Auteur
Derrière les fronts : chroniques d’une psychiatre psychothérapeute palestinienne sous occupation
Samah JABR
EN LIBRAIRIE LE 22 MARS 2018 En coordination avec la sortie en salle du documentaire d’Alexandra Dols – Derrière les fronts : résistances et résiliences en Palestine – nous vous proposons en coédition avec Hybrid Pulse le premier livre de la psychiatre et écrivaine Palestinienne Samah Jabr. Le livre ne sera pas disponible en librairie pour le moment mais seulement sur notre site ou par demande par courrier à PMN Éditions. « Nous voulons une vie décente, pas n’importe quelle vie. Notre (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre.

Karl Marx

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.