La loi d’orientation sur l’École de François Fillon inscrit définitivement l’Éducation Nationale dans un cadre libéral européen. Avec pour objectifs, 100% de jeunes qualifiés et 50% de diplomés du supérieur, elle se veut très ambitieuse alors que celui de 80% d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat n’est encore pas atteint. Qu’il fixe la recherche de la qualité et de connaissances de base est une bonne chose en soi, mais encore faudrait-il s’en donner les moyens. N’oublions pas que 80 000 postes seront supprimés en 2005. L’objectif de l’École sauce Fillon sera essentiellement de préparer les jeunes à trouver un emploi et devra répondre aux besoins économiques de la France et de l’Europe. De ce fait, elle devient un instrument au service des entreprises.
Bien sûr que l’École doit assurer aux jeunes un niveau de formation le plus élevé possible afin de leur permettre une insertion professionnelle la plus efficace et la plus épanouissante. Qui oserait dire le contraire ! Mais on balaie ainsi des années d’éducation à la citoyenneté.
Non, Monsieur Fillon, l’École n’est pas une marchandise au service du patronat. Le rôle primordial de l’École est de former des citoyens libres et indépendants capables de penser par eux-mêmes. L’École est un service public donc au service du public.
A cet effet, il ne serait pas inutile que vous relisiez, ou que vous lisiez tout simplement, quelques ouvrages d’Henri Peña-Ruiz ou de Charles Coutel. Allez, Monsieur Fillon, pour votre prochaine fin de semaine de détente, une petite lecture d’une centaine de pages, qui devrait être à votre portée. C’est de Charles Coutel et ça s’appelle : « Que vive l’école républicaine ! ». Peut-être cela vous inspirerait-il dans vos prochaines réflexions pour un autre concept du rôle de l’École.
Mais, sans doute, n’avons nous pas non plus la même idée de la République !