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La Norvège, comme l’OTAN, dissimule les rapports sur les pertes civiles en Afghanistan

De nouvelles révélations de Wikileaks par le journal norvégien Afgtenposten continuent d’embarrasser les gouvernements de la Norvège et des USA. Elles montrent que les ambassadeurs norvégiens ont suivi l’exemple de l’OTAN et de son leader étasunien dans leur effort pour éviter un débat gênant au sujet des pertes civiles en Afghanistan.

Les câbles de la délégation étasunienne à l’OTAN qui ont fuité ont été rédigés en septembre 2008. On y lit : "L’ambassadeur de Norvège a souligné la nécessité d’éviter un débat public sur le nombre de civils tués." D’après ces câbles l’ambassadeur de l’époque et l’ancien ministre adjoint aux affaires étrangères, Kim Traavik auraient jeté le discrédit sur le bilan des morts présenté par l’ONU en disant que : "Même les employés de l’ONU en poste à Kaboul doutaient de la méthode utilisée."

Traavik -qui est actuellement l’ambassadeur de Norvège en Grande Bretagne- a nié avoir consciemment omis des faits, et a dit à Aftenposten que le rapport des câbles de l’ambassade des USA devait être un "malentendu". Il a affirmé que la Norvège était un des pays qui "demandait le plus vivement" que l’OTAN et la FAIS (la force internationale d’assistance et de sécurité, missionnée par l’OTAN en Afghanistan) prennent des mesures pour éviter les pertes civiles. "Nous l’avons fait pour des raisons humanitaires" a dit Traavik à Aftenposten, "mais aussi pour prendre en considération l’opinion publique des nations membres et d’Afghanistan."

"Tout à fait inacceptable"

Les organisations des droits de l’homme internationales ont cependant été promptes à émettre des critiques et le secrétaire général de la branche norvégienne d’Amnistie Internationale, John Peder Egenaes, a dit : "il est tout à fait inacceptable que la Norvège ait accepté de dissimuler le bilan des victimes." Il a qualifié les révélations de "contraires à ce que l’on attend des autorités norvégiennes et à l’image que le gouvernement veut donner de lui-même."

Le malaise de la Norvège et de ses alliés a propos des écarts entre le bilan établi par l’ONU et celui établi par l’OTAN, a conduit l’OTAN à demander à l’ONU de mener des études conjointes sur les morts civiles. Le représentant spécial de l’ONU en Afghanistan, Kai Eide, s’y est fermement opposé en disant, selon le compte-rendu étasunien, qu’une telle coopération, "compromettrait l’indépendance de l’ONU et provoquerait un tollé chez les militants des droits de l’homme." Eide était déjà considéré comme "trop indépendant" par les alliés de l’OTAN et Victoria Nuland, l’ambassadeur étasunien à l’OTAN a demandé à un diplomate norvégien expérimenté de "faire cause commune avec la FAIS en public et de défendre la mission chaque fois que des tragédies inévitables comme des pertes civiles se produisaient."

"Sans contact avec la réalité"

Eide a beaucoup critiqué la position de l’OTAN sur la question en disant qu’il "s’était rendu compte au cours des discussions que l’OTAN avait complètement perdu le contact avec la réalité du terrain en Afghanistan."

Le bombardement de Bala Baluk a particulièrement contrarié Eide ; des documents révélés aussi pendant le week-end indiqueraient que les USA ont caché un rapport de la Croix Rouge qui faisait état de 89 civils tués dans ce bombardement alors qu’un officiel étasunien prétendait qu’il n’y avait eu que 26 victimes. Eide va bientôt sortir un livre qui relate apparemment en détails ses désaccords avec les USA notamment en ce qui concerne la dissimulation des pertes civiles.

D’autres documents de Wikileaks ont montré que, lorsqu’on les questionne sur les pertes civiles, la réponse habituelle de l’OTAN, que les USA ont concoctée, a été de s’excuser pour les victimes qui ont perdu la vie, de promettre une enquête et d’accuser les Talibans d’être responsables des morts.

Pour consulter l’original : http://www.newsinenglish.no/2011/02/21/norway-joined-nato-in-suppressing-reports-of-civilian-afghan-deaths/

Traduction : D. Muselet pour LGS

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Prix Odette Coste des Vendanges littéraires 2017 Maïté Pinero est née à Ille-sur-Têt. Journaliste, elle a été correspondante de presse en Amérique Latine dans les années quatre-vingts. Elle a couvert la révolution sandiniste au Nicaragua, les guérillas au Salvador et en Colombie, la chute des dictatures chiliennes et haïtiennes. Elle a écrit plusieurs romans et recueils de nouvelles dont « Le trouble des eaux » (Julliard, 1995). Les huit nouvelles de « Cremada », rééditées par Philippe (…)
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