Excellent cet article sur l’impossibilité de la croissance. Il y a un troisième tabou, comme le démontre Mickael Ruppert dans ses livres (Crossing the Rubicon, ...), l’augmentation exponentielle du nombre d’habitants de cette planète n’a pas été rendu possible par le capitalisme ou par le communisme mais par l’augmentation exponentielle de l’usage d’énergie, essentiellement le pétrole. Nous sommes aujourd’hui sur le plateau de pic pétrolier et heureusement (malheureusement diront certains), il n’y aura pas d’uranium pour plus longtemps que de pétrole.
La croyance rendue populaire par nos élites n’est rien de plus que du scientisme, une forme de superstition particulièrement extrémiste car celles et ceux qui en souffrent ne s’en rendent pas compte et sont persuadés d’avoir raison : les nouvelles technologies résoudront les problèmes posés par les anciennes, alors qu’en pratique les nouvelles technologies ne font que rajouter de nouvelles sources de pollution et d’exploitation des ressources aux anciennes, que leurs promoteurs sont souvent les mêmes, et que dans tous les cas leur but est toujours le même : le profit.
Le futur de l’humanité passe donc par ce que certains appellent la décroissance, un mot à ne pas confondre avec optimisation. La décroissance implique de mettre fin au productivisme, pas de l’optimiser, et ce qu’il soit capitaliste, communiste ou je ne sais quoi iste. Comme dans le marxisme, l’économie doit être mise au service de l’être humain et pas l’inverse, mais en plus l’économie doit respecter tout le vivant, et pour ce faire elle doit être mise au service de la planète, de la nature, de notre environnement. Comme ils disent à Cuba, il faut cesser de travailler contre la nature, ce qui coûte énormément de travail et d’énergie pour se mettre à travailler avec la nature. C’est beaucoup de travail au début pour remettre en place les cycles naturels, mais une fois que ceux-ci sont partis, c’est beaucoup moins de travail.
Certains, même à gauche, entretiennent volontiers la confusion entre société respectueuse de l’environnement et retour à l’âge des cavernes, alors qu’en vérité c’est le scientisme béat de nos élites qui est en train de condamner l’espèce humaine. Aujourd’hui même, les espèces animales et végétales disparaissent à un rythme plus rapide que durant tout le reste de l’histoire de la terre. Visiblement, ce fait têtu ne suffit pas à convaincre ceux qui ne veulent pas l’être, et pourtant les indiens d’Amérique du nord nous avaient averti : "Vous ne vous rendrez compte que l’argent ne se mange pas que le jour où il ne restera rien d’autre."
Exploitation de la nature par l’homme et exploitation de l’homme par l’homme ne sont que les deux faces d’un processus qui commence avec l’exploitation de la nature par l’homme. Et c’est bien cette double exploitation qui rend possible le capitalisme, lequel n’est jamais que la dernière version des civilisations de domination qui nous asservissent depuis que l’être humain s’est séparé de la nature et s’est mis à vouloir la dominer. Se battre pour changer la société est bien, mais sans changer la cause de toutes les causes, notre rapport avec la nature, nous ne ferons que changer la forme des choses et cela n’aura donc aucune influence autre que cosmétique.