Le journaliste du Times, Philip Beresford explique que " la période d’austérité n’affecte pas les Anglais les plus riches dont la fortune collective a augmenté de 18% pendant l’année dernière". Il ajoute : "Tous ensemble les 1000 multimillionnaires de la liste de riches possèdent 60,2 milliards de livres (une livre : 1,15E) de plus qu’en 2010."
Les 1000 personnes les plus riches d’Angleterre possèdent aujourd’hui la somme colossale de 396 milliards de livres.
Selon Beresford, la richesse amassée maintenant par l’oligarchie financière basée en Grande Bretagne "se rapproche étonnamment du montant le plus important qu’elle ait jamais atteint, celui d’avant la crise en 2008 qui était de 413 milliards de livres."
Le crash économique de 2008 a tout d’abord diminué les revenus et la richesse des super riches dont on a pu constater les pertes dans la liste de 2009. Mais la collaboration avec d’abord le parti travailliste qui a donné presque un billion de livres de fonds publics aux banques et maintenant avec la coalition des libéraux démocrates et des conservateurs, lui a permis de prospérer en transférant le fardeau sur les épaules des travailleurs.
Alors que les salaires des travailleurs britanniques vont baisser au cours des quatre années qui viennent pour la première fois depuis la première "grande dépression" des années 1870, la fortune des super riches devient astronomique. Le sort économique et la part de richesse globale des masses anglaises et ceux de la toute petite minorité de 1% les plus riches prennent deux directions opposées.
Face, les responsables de l’oligarchie financière ont gagné, pile les masses ont perdu. Les activités financières qui les ont rendu horriblement riches ont causé un crash économique dont ils ont encore profité en baissant les salaires, en réduisant leur personnel et en se débarrassant de la concurrence.
L’Institut National de recherche Economique et sociale prévoit, et c’est une prévision optimiste, que la production anglaise ne retrouvera pas son niveau d’avant la crise avant trois ans. Mais l’oligarchie financière elle exhale un parfum de roses.
Le pays tout entier est mis au service d’une poignée d’individus super riches. Les gouvernements successifs ont fait de Londres leur terrain de jeu et les politiques de tous les partis officiels sont calculées pour satisfaire leurs plus petits désirs.
La composition de la liste de plus grandes fortunes reflète les secteurs dominants du capital. La richesse issue de la construction a pris un coup et il y a huit noms de moins sur la liste pour ce secteur et l’industrie n’a amené que cinq noms supplémentaires. Une fois de plus, les gains les plus importants ont été réalisés par les capitalistes financiers y compris les directeurs de hedge fund, dont le nombre a augmenté de onze, passant de 169 à 180.
La liste des riches de cette année contient un nombre record de directeurs de hedge fund, de négociants de matières premières et autres personnes du même genre. 55 d’entre eux figurent sur la liste représentant 5,5 pour cent de la richesse totale répertoriée. Le roi de ce groupe est le financier Nat Rothschild dont la conduite imprudente et criminelle a fait l’effet d’un catalyseur de la crise économique actuelle ; sa fortune personnelle a augmenté d’un milliard de livres en seulement un an, ce qui est incroyable.
Le nombre de milliardaires a considérablement augmenté. La liste de l’année dernière comptait 53 personnes dont la fortune était supérieure à un milliard de livres. Aujourd’hui il y en a 20 de plus ce qui fait monter leur nombre à 73 milliardaires résidant dans les Iles britanniques seulement deux de moins que le record de 2008 en Angleterre, qui était de 75 milliardaires.
La moitié au moins des 1000 personnes les plus riches de Grande Bretagne vivent dans la capitale et les comtés avoisinants.
Fait remarquable, à côté du magazine consacré à la liste des riches, on ne trouvait dans les pages intérieures du Sunday Times qu’un seul article supplémentaire qui était consacré aux 100 femmes qui se trouvaient pour la première fois sur la liste des 1000 plus grandes fortunes. Et comble du ridicule, le journal présentait cela comme servant la cause de l’égalité.
Il n’y a pas eu beaucoup d’articles dans les autres médias sur la manière dont les super riches ont réussi à contourner la récession. Cela montre qu’on craint la réaction qu’une pareille cupidité peut provoquer dans la population.
Le Sunday Times a essayé sans y croire vraiment d’apaiser les lecteurs en leur promettant des lendemains qui chantent : "L’augmentation de la prospérité des riches devrait bientôt se faire sentir dans les échelons inférieurs de l’échelle sociale. L’expérience montre que lorsque les riches se sentent plus riches, ils se mettent à dépenser davantage et alors l’économie dans son ensemble en bénéficie."
Beresford ne s’encombre pas trop des faits historiques. Depuis le gouvernement Tory dirigé par Margaret Thatcher des années 1980, le dogme que la richesse des super riches descend dans toutes les classes sociales et finit par profiter aux classes laborieuses a reçu le nom de "trickle down". C’est de la pure propagande : laissez les riches faire ce qu’ils veulent, supprimer toutes les règles commerciales qui ligotent ceux qui génèrent la richesse et ils créeront assez de richesse pour tout le monde, prétendaient les tenants de ce dogme.
Ce qui s’est réellement passé et qui a été mis en lumière en 2008 c’est que la richesse amassée par l’élite principalement par la spéculation et des méthodes criminelles menace de détruire l’économie de pays entiers ainsi que leurs populations. La richesse ne "ruisselle pas jusqu’en bas" ("trickle down") bien au contraire, les nombreux milliards de livres de garantie donnés au banque coulent dans la direction opposée et inondent les plus riches.
Pour consulter l’original : http://www.wsws.org/articles/2011/may2011/rich-m14.shtml
Complément intéressant de lecture : http://www.lepost.fr/article/2011/05/09/2489092_grande-bretagne-les-riches-toujours-plus-riches-et-en-france.html
Traduction : D. Muselet pour LGS