RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
La politique économique de la BCE est un article de foi

La ligne Maginot économique de la BCE (The Guardian)

Avant la seconde guerre mondiale, l’armée française avait mis en place la ligne Maginot. Cette barrière, le nec plus ultra de la défense militaire, devait protéger la France du féroce assaut des armés hitlériennes. Quand Hitler a finalement attaqué, la ligne Maginot n’a servi à rien car les Allemands l’ont contournée en passant par la Belgique.

L’obsession de la Banque Centrale Européenne (BCE) de ne pas dépasser 2% d’inflation est comparable à la construction de la ligne Maginot. La BCE pense qu’en maintenant cet objectif, elle fait tout ce que doit faire une Banque Centrale pour maintenir une croissance stable en Europe, exactement comme les généraux français pensaient que la ligne Maginot empêcherait les Allemands d’envahir la France.

Après la conquête germanique, les généraux français ont reconnu leur erreur. Par contre, bien que l’obsession des 2% d’inflation ait entraîné un désastre économique, les responsables de la BCE sont toujours en place et mènent la même politique.

Au point où nous en sommes, on a peine à imaginer ce qui pourrait convaincre la BCE de changer de politique. Comme la crise le montre, un système financier et économique mal régulé peut provoquer d’énormes bulles financières. L’explosion de ces bulles conduit à de longues périodes de chômage massif et à une baisse du PIB potentiel, comme on le voit à l’heure actuelle dans la zone euro, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

Cela signifie que des Banques Centrales conscientes de leurs responsabilités ne peuvent pas se contenter de maintenir l’inflation à 2% pour assurer une croissance stable. Il leur faut prendre les mesures nécessaires pour empêcher que les bulles spéculatives ne grossissent au point de mettre en danger l’économie. Beaucoup de gens l’avaient compris avant la crise ; cela devrait être évident pour tous désormais.

Les Banques Centrales ont aussi la responsabilité de consolider l’économie et de ramener le plein emploi. Dans ce but elles peuvent utiliser la sorte d’assouplissement quantitatif qui permet de baisser les taux d’intérêt à long terme comme l’ont fait la Banque Fédérale et la Banque d’Angleterre et à un moindre degré la BCE.

Il faudrait aussi viser des taux d’inflation plus élevés de l’ordre de 3-4% comme l’ont conseillé Paul Krugman, Ben Bernanke quand il était professeur à Princeton et Oliver Blanchard, le chef économiste du FMI. Ken Rogoff, un ancien chef économiste du FMI a même suggéré de laisser monter l’inflation à 6%.

Il y a deux raisons pour viser un taux d’inflation plus élevé. La première, c’est que cela réduira les taux d’intérêt réels. Si les entreprises s’attendent à ce que les prix aient augmenté de 15-18% dans trois ans, cela les incitera à investir tout de suite parce qu’elles pourront vendre ce qu’elles fabriquent à ces prix plus élevés. La seconde est qu’une plus grande inflation réduira le poids de la dette. Si les prix et les salaires augmentent en moyenne de 15% en trois ans, il deviendra possible d’honorer beaucoup d’hypothèques impossibles à rembourser actuellement puisque le prix des maisons augmentera aussi sans doute de 15%. De même, si les salaires augmentent de 15%, un taux mensuel fixe de remboursement d’hypothèque pèsera moins lourd.

Voilà pourquoi la BCE et d’autres Banques Centrales devraient insister pour qu’on laisse l’inflation augmenter. Mais au lieu de cela, la BCE s’arc-boute sur son engagement à maintenir les 2%. Le fait que le chômage soit élevé et qu’il continue d’augmenter dans la zone euro ne semble lui faire ni chaud ni froid.

En fait, les politiques d’austérité que la BCE impose aux pays lourdement endettés de la zone euro ne font qu’empirer les choses. Les coupes dans les budgets de l’état et les augmentations d’impôts en pleine récession ont pour conséquence prévisible de ralentir encore plus la croissance. Le refus persistant de la BCE d’assumer la fonction de prêteur de dernier recours auprès des états exacerbe aussi la crise en provoquant l’augmentation des taux d’intérêt et donc du poids de la dette des pays hautement endettés.

Cela fait environ deux ans que la BCE a adopté la voie de l’austérité. Les résultats ont été presque partout mauvais. Le chômage a fort augmenté et la croissante a été plus faible que prévu. Inutile de dire que les pays, les uns après les autres, ont dépassé les objectifs de déficits qui étaient censés être la raison principale des plans d’austérité.

Si nous avions des économistes sérieux à la BCE, ces résultats entraîneraient une révision de la politique. Malheureusement, au lieu de remettre les choses à plat, nous voyons les dirigeants de la BCE s’entêter à réaffirmer éternellement leur intention de maintenir le cap. (Ils ont même publié une petite brochure de propagande sur le "monstre de l’inflation" pour les incrédules). On dirait que rien au monde ne pourra conduire les généraux de la BCE à remettre en question la sagesse de la ligne Maginot.

Dean Baker

Dean Baker est co-directeur du Center for Economic and Policy Research (CEPR). Il est l’auteur de Plunder and Blunder : The Rise and Fall of the Bubble Economy and False Profits : Recoverying From the Bubble Economy.

Cet article a été originellement publié dans The Guardian.

Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2012/04/12/europes-economic-maginot-line/

Traduction : Dominique Muselet pour LGS

URL de cet article 16386
  

« Fidel Castro, Biographie à deux voix », interview d’Ignacio Ramonet
Hernando CALVO OSPINA, Ignacio RAMONET
« Ce livre est une semence qui va germer » Paris le 22 février 2007. Ignacio Ramonet est le directeur du mensuel français de référence Le Monde Diplomatique, mais aussi l’une des personnalités les plus prestigieuses parmi les intellectuels progressistes à travers le monde. Voici un an qu’est sortie en Espagne la première édition de son livre « Fidel Castro, Biographie à deux voix » où il s’entretient longuement et sans réserves avec le dirigeant principal de la révolution cubaine. Le livre se vend (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Nous faisons semblant de ne pas comprendre le lien entre notre confortable niveau de vie et les dictatures que nous imposons et protégeons par une présence militaire internationale.

Jerry Fresia

Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.