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La fin des «  statuts » : vers un renouvellement des élites ?

Les statuts délivrés par les grandes écoles comme l’ENA ou X-Mines sont de moins en moins un passeport vers les sommets. Dans une économie mondialisée, les patrons des grands groupes ont une origine plus diverse qui permet de sanctionner les échecs comme les réussites.

Il y a huit ans, ils étaient huit. Huit hommes issus du corps des mines, c’est à dire des ingénieurs français sortis dans la « botte » de l’école Polytechnique et ayant ensuite intégré la prestigieuse école des Mines. Huit X-Mines a diriger une des 40 entreprises du CAC 40. Ils représentaient ce qu’il y a de plus français dans le choix des dirigeants : ce statut conféré par un diplôme étrangement semblable à un titre de l’Ancien régime, qui vaut passeport vers les sommets. Mais depuis cette date, le statut X-Mines, comme celui délivré par l’ENA, prédispose moins à occuper les premières places.

Dans une économie libéralisée, les relations au sommet d’un Etat pèsent peu pour conclure un marché. Henri Proglio, nouveau patron d’EDF, désormais sur un marché concurrentiel, n’est pas issu de l’ENA, comme l’un de ses prédécesseurs, ces grands serviteurs de l’Etat qui trouvait dans ce poste une sinécure reposante. Dans une économie mondialisée, les « copains » de promotion ne servent à rien pour emporter un contrat en Chine ou en Argentine. Henri Lachman, HEC, a choisi comme successeur à la tête de Schneider Electric, Jean-Pascal Tricoire diplômé de la modeste Ecole supérieure d’électronique de l’Ouest. Mais Tricoire a vendu Schneider autour du globe. Ildébute sa carrière en tant que commercial à l’export pour la zone Scandinavie et Afrique du Nord. Puis il prend la direction marketing d’une branche du groupe. Tricoire a su représenter Schneider autour du globe et accompagner la croissance d’un groupe aujourd’hui très présent à l’international pendant vingt ans de bons loyaux services.

Le patron de Total, entreprise qui comme Elf a toujours été dirigée par un ingénieur issu du corps des mines, est aujourd’hui issu de la modeste ESCP. Encore un patron qui n’arrive pas bardé de statuts mais d’une réussite de terrain attestée.

Les entreprises désormais ouvertes à l’international pour vendre leurs produits le sont également pour trouver des patrons. Deux groupes emblématiques du CAC 40 ont trouvé leurs patrons hors de France, en recherchant des résultats, sans se soucier des diplômes de celui qu’ils vont recruter. Ben Verwaayen est devenu patron d’Alcatel-Lucent avec un modeste diplôme de droit et de politique internationale de l’université d’Utrecht aux Pays-Bas. Chris Viehbacher devient le principal dirigeant de Sanofi-Aventis. Il est diplômé de la Queens University de la province d’Ontario au Canada.

De la même manière, les filiales d’entreprises étrangères en France ne se soucient pas du diplôme ni du statut. TNT Express, le géant de la messagerie propulse à la tête de sa filiale française Eric Jacquemet. L’homme affiche un CV vierge de diplômes. Mais il a le sens de la relation clients. Concrètement cela se traduit par d’excellents résultats. Ainsi il a récemment obtenu des résultats remarquables dans la gestion de sa société. L’édition 2009 de l’étude de référence Plimsoll place TNT Express au premier rang des entreprises les plus profitables de son secteur, celui hyperconcurrentiel des entreprises de messageries. Or, Eric Jacquemet a commencé comme commercial, puis directeur de cette fonction avant de franchir la dernière étape pour devenir finalement le directeur général d’une société qui emploie aujourd’hui 5000 salariés.

Le patron de la filiale française d’IBM, Alain Bénichou, est diplomé de Supelec, très honnête école d’ingénieur, mais bien loin dans l’échelle franco-française du mérite des X-Mines. Mieux, le patron international de Microsoft, le français Jean-Phillipe Courtois, est simplement diplômé du Ceram, devenue Skema, très honnête école de management. C’est un quasi autodidacte, sans statut, dans l’esprit des énarques, qui a été choisi comme l’un des quinze dirigeants de l’entreprise-phare du XXIeme siècle.

Un signe clair de la fin des statuts qui assure un renouvellement des élites et une sanction des échecs comme des réussites. Car ces hommes sans statut ne possèdent pas de parachutes de secours sous forme d’un retour dans l’administration

Webographie :

[http://www.boivigny.com/Grands-patrons-issus-des-grands-corps,-la-fin-d-une-exception_a486.html]

[http://www.lepoint.fr/actualites-economie/2007-01-17/profil-jean-pasca...]

[http://www.challenges.fr/actualites/entreprises/20070510.CHA8190/le_cv...]

[http://www.challenges.fr/actualites/entreprises/20080902.CHA5864/le_cv...]

[http://www.lepoint.fr/actualites-economie/2009-04-16/etat-major-sanofi...]

[http://www.wk-transport-logistique.fr/actualites/detail/25772/portrait...]

[http://www.centpapiers.com/les-patrons-commerciaux-un-remede-a-la-crise/10742/]

[http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-alain-benichou-nouve...]

[http://www.ceramexpert.net/tikiwiki/tiki-index.php?page=Jean-Philippe+Courtois]

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