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La femme oubliée (Countercurrents)

LGS publie ci-dessous un article « venu d’ailleurs » qui va échauffer des esprits. Mais il nous a semblé qu’il contenait quelques éléments utiles à la réflexion et d’autres susceptibles d’ouvrir une polémique. Si vous intervenez, merci de rester courtois(e)s.
Le Grand Soir.
(Les illustrations dans le corps de l’article ont été ajoutées par LGS).

Le dernier livre de Sheryl Sandberg met une fois de plus le projecteur sur le Mouvement féministe. Il n’y a aucun doute que la plupart du temps, dans le cours de l’histoire, les femmes ont été dépréciées. Il n’y pas non plus de doute que les leaders des mouvements féministes méritent que leurs efforts soient reconnus.

Mais il y a un aspect du problème qui a trop souvent été vu comme une conséquence fortuite et de ce fait ignoré. Le mouvement n’a pas toujours libéré les femmes ni élargi leurs options. Les femmes ont souvent été forcées d’aller travailler à l’extérieur à des tâches encore moins intéressantes que celles qu’elles faisaient chez elles. De quelle libération bénéficiait une femme obligée de travailler en usine ? Beaucoup de femmes sont passées de femmes au foyer à fabricantes de gadgets. Abandonner la poêle à frire pour être jetées dans le feu, voilà à quoi s’est résumé le mouvement de libération pour beaucoup de femmes.

Le mouvement n’a pas aidé la maman de couleur de Detroit, ni la maman blanche des Appalaches, ni la maman latino du Texas, ni la famille de fermiers immigrants de Californie. Celles qui étaient en bas de l’échelle économique ont été oubliées. Et dans beaucoup de cas, leur sort a même empiré. Beaucoup on dû quitter leurs foyers pour se rendre, sans moyen de transport, à un travail à peine rémunéré. Les mamans étaient parfois forcées par les services sociaux et la pression sociale de laisser leurs enfants sans garde adéquate pour aller travailler. Cela a engendré une génération d’enfants négligés qu’on a appelés les enfants avec une clé autour du cou.

Dans les centres urbains, beaucoup de femmes ont été forcées de déposer leurs enfants dans des garderies où les enfants ne bénéficiaient pas toujours de l’attention nécessaire. Les mamans ont quitté leurs foyers pour prendre des emplois abrutissants et mal payés. Demandez donc à une mère obligée de laisser son enfant malade dans une garderie ce qu’elle ressent. Le mythe qu’une mère ou un père aimants puissent être remplacés sans encombre par une assistante de garderie aussi gentille soit-elle a fait beaucoup de mal et continue d’en faire. La relation enfant-parent a été compromise par cette évolution sociétale. Une employée payée ne peut jamais remplacer l’amour d’une mère ou d’un père.

Il est facile de voir qui a le plus profité de cette situation. Il n’y a qu’à suivre l’argent. Beaucoup de familles sont au bord de la faillite aujourd’hui. Les grandes entreprises sont florissantes. Elles sont les grands bénéficiaires. L’arrivée sur le marché du travail de toutes ces femmes a presque doublé la force de travail. L’échelle des salaires a vite reflété la nouvelle donne. En 1950, un salarié en possession d’un bon diplôme pouvait entretenir sa famille. Maintenant il faut presque toujours deux salaires pour y arriver. Le capitalisme a fait une bonne affaire : deux travailleurs pour le prix d’un.

Une des conséquences du mouvement a été la banalisation du rôle de mère. Les femmes qui préféraient se consacrer à élever leurs enfants plutôt que de travailler étaient mal vues.

On peut dire qu’il n’y a pas de plus haute vocation dans la vie que de s’occuper des autres. Et il est remarquable que le soutien des familles, des mères célibataires, des mères en général et même des pères n’aient absolument jamais fait partie des préoccupations du mouvement féministe. Aujourd’hui, de plus en plus de familles choisissent de ne pas envoyer leurs enfants à l’école et de les former à la maison. C’est chose impossible si les deux parents travaillent.

Quelques femmes bardées de diplômes ont vraiment eu un plus grand choix de métiers. L’histoire du mouvement a reflété la culture et les valeurs des femmes capables de s’élever dans la société. Aujourd’hui toutefois, beaucoup de féministes se rendent compte que consacrer sa vie à une entreprise est moins satisfaisant qu’il n’y paraît.

Title nine* et salaires égaux ont toujours été les revendications phares du mouvement. Cela donne l’illusion que toutes les femmes en tirent profit. Mais la femme au foyer est devenue une citoyenne de seconde zone. Ce choix de vie devrait pourtant être respecté et celui de ne pas avoir d’enfants aussi.

Nous avons besoin d’un vrai mouvement de libération des femmes. Un mouvement qui inclurait toutes les femmes, qui donnerait aux femmes le choix de rester chez elles en recevant une compensation financière. Cela n’est pas aussi impossible que ça en a l’air. Il suffirait de changer une seule chose à savoir de considérer tous les revenus d’une famille comme le revenu de la famille. Cela éliminerait le poids injuste qui pèse sur le parent-qui-reste-à -la-maison dans le calcul de Sécurité Sociale. Cela protégerait les enfants au cas où le seul parent salarié se retrouverait dans l’incapacité de subvenir aux besoins de son ou ses enfants. De plus, cela permettrait davantage de mamans de rester chez elles pour le plus grand profit non seulement de leurs enfants mais de toute la force de travail. Moins de travailleurs en compétition pour le même nombre d’emplois ferait remonter les salaires. Ce serait un scénario gagnant-gagnant.

Le nouveau mouvement de libération doit moins mettre l’accent sur le genre et plus sur notre humanité commune. Ceux qui ont le plus besoin de libération sont ceux dont on n’entend pas la voix... ceux qui sont en situation de précarité économique, les sans abris, les personnes handicapées et surtout les enfants.

Rosemarie Jackowski est une journaliste engagée. Elle a écrit Banned in Vermont.

Note :

* Titre IX est le nom usuel de l’amendement Title IX of the Education Amendments of 1972 voté en 1972 aux États-Unis qui interdit toute discrimination sur la base du sexe dans les programmes d’éducation soutenus par l’État.

Pour consulter l’original : http://www.countercurrents.org/jackowski150313.htm

Traduction : Dominique Muselet

URL de cet article 19788
  
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