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Comment un faux document de la CIA sur la « nationalisation » des enfants par l’Etat cubain a provoqué l’exode juvénile du siècle et brisé des milliers de familles.

La CIA, Cuba et l’Opération Peter Pan (CounterPunch)

Où est le Capitaine Cook dans le conte de fée de NPR ?

"Los niños nacen para ser felices*." - José Martà­

Le 19 novembre 2011, la chaîne NPR a diffusé un reportage intitulé : "Les enfants de Cuba se souviennent : Leur voyage en avion pour l’Amérique." Le reporter Greg Allen affirme que le départ de 14000 enfants cubains pour l’Amérique en 1960-62 "a pu se faire grâce à un accord entre un prêtre du diocèse de Miami [le père Bryan Walsh] …et le Département d’Etat des Etats-Unis. L’accord lui permettait de signer des dispenses de visa pour les enfants de 16 ans et en dessous." Allen a ensuite invité plusieurs Cubains américains de centre-droit à commenter "objectivement" le déroulement de l’Opération Peter Pan.

Bizarrement Allen a oublié de mentionner la CIA dans son reportage, bien qu’il soit amplement prouvé que l’Agence a conspiré avec l’Eglise au début des années 1960 pour subtiliser ces enfants Cubains.

Une fois rendus dans les frontières maternelles du plus grand pays du monde "les enfants Pedro Pan se sont bien portés," a conclu Allen sans expliquer ce que "bien" signifie. Aujourd’hui les enfants Pedro Pan devenus adultes sont fermement opposés à la normalisation des relations avec le régime castriste, le régime coupable d’avoir brisé leurs familles et de les avoir forcés à quitter leur pays.

Les journalistes de NPR aurait pu découvrir une histoire plus sinistre et plus complexe -s’ils s’en étaient donné la peine. La CIA refuse de communiquer les documents concernant l’Opération Peter Pan, mais de nombreux témoignages montrent que l’Agence a forgé des documents et répandu des mensonges avec l’aide du père Walsh et de la hiérarchie catholique régionale. Leur but était de séparer les enfants de l’élite cubaine de leurs parents (une ponction de cerveaux cubains) tout en générant une instabilité politique.

Un des conspirateurs de l’opération Peter Pan, Antonio Veciana, qui habite aujourd’hui Miami nous a raconté comment Maurice Bishop (alias l’officiel de la CIA David Atlee Phillips) l’a recruté en 1960 "pour mener une guerre psychologique -et déstabiliser le gouvernement." Vaciani nous a expliqué que l’Agence avait fabriqué un texte de loi pour faire croire aux Cubains influents que le gouvernement révolutionnaire projetait de prendre le contrôle de leurs enfants. Les agents de Bishop à Cuba ont répandu la rumeur dans les classes professionnelles et possédantes en se servant d’un faux texte de la fausse loi. Le faux document "déclarait que les parents allaient perdre le contrôle de leurs enfants au profit de l’état."

Veciani nous a dit que "les agents de la CIA ont prétendu avoir volé le document au gouvernement cubain." Le faux document "a crée une terrible panique". Le 26 octobre 1960, la station de radio de l’île Swan au sud de Cuba contrôlée par la CIA a annoncé que "le gouvernement cubain projetait de prendre les enfants à leurs parents afin de les endoctriner. La radio Swan ajoutait un autre mensonge : l’opposition clandestine s’était procuré une copie de la "loi" à venir.

Un minimum de recherches aurait révélé que Leopoldina et Ramón Grau Alsina, la nièce et le neveu de l’ancien président cubain Ramón Grau San Martà­n, avaient avoué aux officiels de la sécurité cubaine après leur arrestation en 1965 qu’ils avaient imprimé la fausse loi à la Havane, qu’ils l’avaient fait circuler sous le manteau et avaient ensuite menti aux parents.

L’article 3 du faux document disait que "quand la loi prendrait effet, la garde des personnes de moins de 20 ans serait exercée par l’état via les personnes ou organisations à qui ce pouvoir serait conféré." les prêtres et les agents de la CIA ont recruté des mineurs et persuadé les parents de "nous faire confiance. Le gouvernement étasunien en prendra soin."

Le clergé a fait circuler le document dans des classes moyennes supérieures cubaines. Les officiels des écoles catholiques craignaient que la rapide expansion du programme d’instruction publique de Castro ne brise le monopole virtuel qu’ils détenaient dans l’éducation des classes fortunées.

En mars 1960, le président Eisenhower a ordonné à la CIA de renverser le gouvernement cubain. Les conspirateurs de l’agence ont mis au point l’opération Peter Pan ainsi que de la propagande politique et des politiques d’étranglement économique. Toutes ces actions conjointes devaient affaiblir le gouvernement de Castro pendant que des entraîneurs étasuniens entraînaient une force d’invasion composée d’exilés cubains qui, à son tour, devait se coordonner avec les terroristes urbains et les guérilléros soutenus par les Etats-Unis.

L’opération Peter Pan (vous vous souvenez du film de Walt Disney ?) a utilisé les enfants et les parents cubains pour renverser le gouvernement révolutionnaire. L’affirmation de NPR selon laquelle il n’y a aucune "preuve" de l’implication de la CIA n’aurait pas tenue s’ils avaient parlé à Veciani ou s’ils s’étaient demandé pourquoi la CIA continue de refuser de rendre publiques plus de 1500 documents sur cette opération —alors qu’ils ont déclassifié les archives concernant la Baie des Cochons et la crise des missiles de 1962.

Angel Fernandez Varela, le père de l’écrivain Alvaro Fernandez, a été recruté par la CIA à la Havane pendant ses études chez les Jésuites au Colegio Belen. Avant sa mort à Miami, selon Alvaro, Angle a dit à sa famille "qu’il faisait partie de ceux qui avaient rédigé la fausse loi qui avait provoqué l’hystérie."

Le reportage de NPR ne se préoccupe pas de savoir qui a fourni aux enfants des visas, des billets d’avion gratuits et des contacts à l’étranger ainsi que des visas à la plupart des parents qui restaient à Cuba.

Et Allen, de NPR, ne dit pas ce qui s’est passé ensuite. Le gouvernement étasunien n’a pas maintenu le contact entre les parents et les enfants, ni délivré des visas aux nombreux parents restés à Cuba. Le Haut Commissariat à l’ONU a essayé de réunir les parents et les enfants mais Washington ne l’a pas soutenu dans cette entreprise.

Veciana a aidé à mettre au point l’ignoble stratagème mais plus tard il a dit : "Ensuite je me suis demandé si ce que nous avions fait était bien ; parce que nous avons créé une terrible panique aux dépens du gouvernement et nous avons aussi séparé beaucoup d ’enfants de leurs familles."

En fait Cuba a souvent été félicité pour la manière dont les enfants y sont traités. "A Cuba il n’y a pas d’enfants dans les rues, pas d’enfants non scolarisés, pas d’enfants qui ne puissent accéder aux services de santé ou à la culture, et il n’y pas d’enfants privés d’opportunités de développement" selon José Juan Ortiz, le représentant de l’ UNICEF à Cuba.

Paradoxalement, la CIA a attribué son propre objectif au gouvernement cubain : séparer les enfants de leurs parents. Peut-être que si les journalistes de NPR avaient vu l’ironie de la chose, ils auraient fait un meilleur reportage sur l’opération Peter Pan.

Saul Landau, Nelson Valdes

Le livre de Saul Landau : WILL THE REAL TERRORIST PLEASE STAND UP est diponible sur dvd à cinemalibrestore@gmail.com. Counterpunch a publié son BUSH AND BOTOX WORLD.

Nelson Valdes est arrivé en Floride par l’Opération Peter Pan est professeur émérite à l’université de New Mexico.

Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2011/12/16/the-cia-cuba-and-operation-peter-pan/

Traduction : Dominique Muselet pour LGS

Note : (*) Les enfants naissent pour être heureux

EN COMPLEMENT

THEME OPERATION PETER PAN : http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/spip.php?mot64

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