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La Chine joue la carte de l’Euro (Counterpunch)

La Chine envoie aux USA le message clair et net : "Ne dépassez pas les bornes que ce soit avec nous ou avec l’Iran !"

Enfouie en page 3 de la section des affaires du New York Times le 7 janvier, il y avait un article obscur qui relatait que la Chine s’était engagée à acheter 6 milliards d’Euro (7,8 milliards de dollars) en bons espagnols. Ce que n’a pas relevé l’auteur c’est que les conséquences économiques et politiques de cet événement pouvaient être d’une grande portée.

La Chine possède actuellement 2700 milliards de dollars de réserves de devises étrangères, dont plus de 900 milliards sous forme de bons du Trésor étasunien. Cela fait des années que des critiques de la politique monétaire étasunienne avertissent que, en réponse aux bas rendements des billets de trésorerie étasuniens et devant le risque d’un déclin rapide de la valeur du dollar, la Chine pouvait cesser d’investir dans le Trésor étasunien. D’autres affirment que cela n’arrivera jamais parce que l’économie chinoise dépend beaucoup des exportations vers les USA, et elles pourraient se tarir si la Chine provoquait l’effondrement de l’économie étasunienne.

En attendant la Maison Blanche continue à harceler la Chine à la fois au sujet de son manque de respect des droits humains et de la surévaluation, selon elle, de la monnaie chinoise le yuan. Quand la Chine a refusé d’autoriser le gagnant du prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo à aller à Oslo recevoir son prix, la Chine a été l’objet d’intenses critiques de la part de Washington.

Pendant une récente tournée de visites dans les capitales européennes, le vice premier ministre exécutif chinois, LI Kepiang, a promis que la Chine soutiendrait les économies de l’Union Européenne. En s’engageant à acheter des milliards d’euros de bons et en en promettant d’investir des milliards supplémentaires dans des affaires basées en Europe, le Chine entend-elle faire comprendre à Washington que " la coupe est pleine" ? En investissant dans les économies européennes, la Chine renforce un des ses marchés d’exportation les plus importants et devient moins dépendante des USA.

C’est intéressant de constater que pour leurs premiers investissements d’état en euros les Chinois aient choisi les bons du trésor espagnols. L’Espagne est peut-être le pays de l’Union européenne le plus indépendant. Son premier ministre, José luis Rodriguez Zapatero, est le seul leader d’Europe qui ait le cran de s’opposer à Washington, à Tel Avis et au Vatican. Le gouvernement socialiste espagnol est aussi le gouvernement le plus à gauche de tous les gouvernements européens à l’heure actuelle.

L’Espagne a des investissements stratégiques en Amérique Latine et en Afrique, deux parties du monde où la Chine qui est à la recherche de pétrole et de ressources naturelles, aimerait augmenter son influence. Jouer la carte espagnole a été une idée de génie de la part de Beijing.

Je crois qu’il y a deux raisons pour lesquelles Washington n’a pas optempéré à la pression israélienne d’anéantir le programme nucléaire iranien. La première est que la Russie pourrait causer beaucoup de tort à l’économie européenne en cessant de lui fournir le gaz naturel par mesure de rétorsion. La seconde est que la Chine pourrait provoquer l’effondrement de l’économie étasunienne en se débarrassant des bons du trésor étasunien. En se portant au secours de l’économie de l’Union Européenne, la Chine prouve que la menace de se désengager de ses investissements dans les titres d’état étasuniens est une menace réelle.

La seule chose qui soit surprenante dans le glissement de la Chine vers l’Europe est qu’il ne se soit pas produit plus tôt. Mais le message de Beijing à Washinton est clair et net : "Ne dépassez pas les bornes que ce soit avec nous ou avec l’Iran !"

Thomas H. Naylor est professeur émérite d’économie à Duke University. Il est le coauteur de "Downsizing the U.S.A. and The Abandoned Generation : Rethinking Higher Education" et cofondateur du Middlebury Institute.

Pour consulter l’original :
http://www.counterpunch.org/naylor01142011.html

Traduction D. Muselet pour LGS

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Journaliste, écrivain, professeur d’université, médecin, essayiste, économiste, énarque, chercheur en philosophie, membre du CNRS, ancien ambassadeur, collaborateur de l’ONU, ex-responsable du département international de la CGT, ancien référent littéraire d’ATTAC, directeur adjoint d’un Institut de recherche sur le développement mondial, attaché à un ministère des Affaires étrangères, animateur d’une émission de radio, animateur d’une chaîne de télévision, ils sont dix-sept intellectuels, (…)
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