A Alep et dans sa région, le cessez-le-feu décrété à la mi-mars en Syrie n’avait aucune chance d’être observé au vu que la rébellion armée dans cette région est le fait du Front El Nosra classé par les Nations unies dans la liste des organisations terroristes et en tant que telle exclue de l’accord de trêve conclu par Moscou et Washington. Faire grief à Damas comme le font les puissances anti-régime d’avoir violé le cessez-le-feu en tentant de reprendre à cette organisation terroriste le contrôle d’Alep et ses environs, c’est vouloir insidieusement que cette zone reste sous le contrôle de celle-ci.
Pour masquer le cynisme de leur attitude en cette affaire, ces puissances minimisent la présence prédominante des combattants du Front El Nosra parmi les forces de la rébellion armée présente dans les quartiers de la ville qu’elle occupe et sur-dimensionnent celle des prétendus groupes armés « modérés » appartenant à l’opposition anti-régime soutenus par elles et partie prenante au cessez-le-feu décrété. Or de l’avis quasi unanime des observateurs internationaux impartiaux, ces combattants « modérés » dont le sort fait s’agiter ces puissances sont en alliance avec ceux d’El Nosra et dans l’allégeance à El Qaïda et pour certains à l’Etat islamique.
La défaite de la rébellion armée à Alep et sa région n’arrangerait pas les desseins des puissances en question car elle raffermirait la position du régime de Damas. D’où les pressions qu’elles exercent sur celui-ci et ses alliés pour que cesse l’offensive de ses forces armées contre la ville et que soit observé le cessez-le-feu quitte à ce qu’il ne profite qu’à El Nosra et aux groupes de combattants « modérés » qui lui sont proches.
C’est pour mettre à nu l’ambiguïté de la position de ces puissances à l’égard de ces groupes armés « modérés » qui à Alep épaulent le Front El Nosra, pourtant décrété comme étant terroriste et comme tel aussi ceux qui collaborent avec lui, que la Russie défend au Conseil de sécurité un projet de résolution assimilant ces groupes armés à des organisations terroristes. Les renseignements américains sont exactement informés de la nature et de l’objectif politique de ces groupes armés mais Washington fait mine de douter de celle-là et de celui-ci et persiste à les considérer comme constitutifs de la rébellion « modérée » syrienne en lutte contre le régime.
Pour Washington et les autres capitales, l’obsession est la chute du régime de Bachar El Assad. Pour y parvenir, peu leur importent les alliés syriens qui y contribueront, même si ceux-ci appartiennent de fait à la nébuleuse du terrorisme international contre laquelle il y a prétendument une coalition de combat dont leurs Etats respectifs sont membres. Demander dans ces conditions au régime syrien de cesser son offensive contre Alep en partie occupée par El Nosra et ses alliés, et à la Russie de faire pression sur lui pour s’en tenir au statu quo d’une ville et sa région sous autorité partagée entre lui et les groupes armés terroristes, revient à faire accepter par Damas et Moscou qu’il existerait en Syrie des terroristes « fréquentables » à qui revient le droit de décider de l’avenir de la Syrie. C’est pourtant ce que les puissances en question envisagent cyniquement pour ce pays.