Mardi, l’Union Européenne a mis sur liste noire Mohammad Sarafraz, le directeur exécutif de Press TV et Hamid Reza Emadi, le directeur de l’information, pour avoir diffusé en 2009 un interview de 10 secondes du journaliste canadien-iranien, Maziar Bahari, après les heurts qui ont suivi les élections en Iran. Emadi a contacté Michael Mann, le porte-parole de Catherine Ashton, la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, pour avoir des éclaircissements mais ce dernier à éludé le problème.
Press TV a interviewé Hamid Reza Emadi sur cette question. Deux autres personnes ont été invitées à l’émission, le débat de Press TV : Scott Rickard, un ex-linguiste des services secrets étasuniens de Floride et Charlie Wolf, un écrivain et journaliste de Londres. Ce qui suit est une retranscription approximative des paroles de Hamid Reza Emadi.
Press TV : M. Emadi pouvez-vous d’abord nous dire ce que vous pensez de cette décision ?
Emadi : Oui. Je suis journaliste et je viens d’être l’objet de sanctions de la part de l’UE. J’ai parlé à quelques officiels de l’UE. Il y a quelques heures, j’ai parlé à Michael Mann, le porte-parole en chef de Catherine Ashton, la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, et il ne m’a donné aucune explication.
Je lui ai posé une question très simple : Pourquoi l’UE m’inflige-t-elle des sanctions sans même m’avoir demandé une explication ?
Je suis privé de mon droit le plus élémentaire de me défendre ; je me suis levé le matin et j’ai vu mon nom sur la liste des sanctions de l’UE sans même savoir pourquoi.
Et quand je consulte le Journal officiel du Conseil de l’UE, je vois qu’on m’accuse de quelque chose que je n’ai jamais fait et ça n’a aucun sens. C’est tout à fait irresponsable d la part de l’UE. Cela montre une grande désorganisation.
J’ai parlé aux porte-paroles du président de l’UE. Je leur ai dit qu’il y avait un gros problème d’organisation. C’est vraiment très très gênant pour l’UE de ne pas être capable de défendre ses propres décisions.
Ils ne sont pas capables de me dire pourquoi je suis l’objet de sanctions.
Mr. Wolf, pouvez-vous me dire si, en tant que journaliste, vous êtes vous aussi préoccupé de ce que l’UE impose des sanctions à un journaliste comme moi ?
Press TV : M. Emadi, le problème qu’Ofcom* a évoqué est la plainte que M. Maziar Bahari a déposée concernant le clip vidéo de 10 secondes où il apparaissait mais nous savons qu’à l’époque Press TV a rejeté ces allégations et les sanctions décrétées par l’UE n’y changent rien, Press TV rejette toujours ces allégations. Pourquoi selon Press TV les accusations de Maziar Bahari sont-elles sans fondement ?
Emadi : Eh bien Maziar Bahari n’a jamais pu prouver que l’interview avait eu lieu sous la contrainte.
Il a dit beaucoup de choses mais n’a jamais rien pu prouver. Et après avoir été libéré et être rentré à Londres, il n’a pas tout de suite porté plainte. C’est seulement plusieurs mois plus tard qui’il l’a fait.
Cela signifie donc qu’il a consulté des gens et qu’ils lui ont conseillé de faire cela, de porter plainte contre Press TV.
Il faut se rappeler de ce qui s’est passé. Les dépêches de Wikileaks parues en 2010 faisaient état de rencontres à Londres, à l’ambassade des Etats-Unis, entre des diplomates étasuniens et des officiels anglais des Affaires Etrangères pour discuter de la manière de limiter les moyens d’action de Press TV et c’est exactement ce qui est en train de se produire.
Ils ont essayé d’enlever ses moyens d’action à Press TV. Mais ils n’y sont pas parvenu. Ils ont essayé de nous priver de diffusion par satellite. Ils ont demandé à ce type d’Eutelsat d’ordonner aux autres firmes de satellites de bannir Press TV. Mais ils ont échoué parce que Press TV a fait affaire avec une autre entreprise de satellite et a réussi à émettre en Europe et en Amérique, alors maintenant ils essaient de nuire à Press TV en sanctionnant ses officiels.
Mais je n’ai toujours pas de réponse. Je veux juste une toute petite preuve que les allégations contre moi sont vraies et que j’ai bien diffusé des confessions, forcées ou volontaires, comme dit l’UE.
Ce que je veux dire, c’est qu’ils n’ont pas apporté la moindre preuve à l’appui de leurs dires. Ils vous accusent de quelque chose et puis ils vous jugent et vous condamnent, en violation du droit international.
Je me battrai jusqu’au bout parce qu’on ne peut pas laisser faire une chose pareille.
Press TV : M. Emadi, je pense qu’il est très important pour Press TV et pour vous-mêmes en tant que représentant de Press TV de nous expliquer pourquoi Press TV parle de la dernière tentative de l’Occident d’empêcher Press TV de fonctionner ?
Emadi : Eh bien Press TV est attaqué depuis 2012. La première attaque est venue d’Ofcom, comme notre invité londonien l’a dit ; Ofcom avait révoqué la licence de Press TV puis il y a eu le fournisseur allemande de diffusion par satellite et enfin l’espagnol.
Donc Press TV a subi de nombreuses attaques. Aucun média n’a été attaqué de la sorte auparavant. C’est un fait unique dans l’histoire de la télévision.
Aucune autre chaîne de télévision n’a eu à subir des attaques à si grande échelle, financées par l’état, de la part de gouvernement européens et c’est la preuve du succès que rencontre Press TV.
Press TV a mis en lumière ce qui se passe en Occident, dans les capitales européennes.
Press TV a réussi à montrer la violence policière contre les manifestants en Grèce, Espagne et Angleterre.
Les forces de police de ces pays passent les manifestants à tabac et Press TV montre les images de ces violences et en parle.
Cela montre que les pays occidentaux, qui ne cessent de parler de démocratie et de droits humains, ne respectent pas eux-mêmes ces principes.
Ces attaques sont donc la preuve du succès de Press TV… et ce qui nous vivons actuellement est le dernière épisode de la campagne européenne contre Press TV.
Note :
*En janvier 2012, l’Ofcom, la haute autorité britannique de régulation de l’audiovisuel , a annoncé la révocation de la licence de la chaîne d’information internationale iranienne Press TV, arguant du fait qu’elle avait diffusé une interview censément « sous contrainte » de Maziar Bahari, un journaliste irano-canadien détenu en Iran, puis fait état de l’incapacité et du refus de la chaîne de payer une amende de 100 000 livres sterling.
Maziar Bahari a été emprisonné en Iran durant un peu plus de trois mois pour avoir comparé le guide suprême Khamenei au Shah d’Iran.
Pus tard Bahari a été libéré et est retourné en Angleterre où il a porté plainte contre Press TV.
Pour consulter l’original : http://www.presstv.com/detail/2013/03/13/293321/eus-antipress-tv-move-baseless/
Traduction : Dominique Muselet