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L’aspect le plus étonnant de l’affaire Assange

La chose la plus extraordinaire à propos de Julian Assange est qu’il est traité comme s’il était un citoyen américain. Le cri initial était "trahison", aujourd’hui transformé en "espionnage".

Il n’y a pas eu d’espionnage. Wikileaks a publié et mis à la disposition du New York Times, du Guardian et d’autres médias des informations ayant fait l’objet d’une fuite. Les médias ont publié ces informations, tout comme Wikileaks, mais ils ne sont pas inculpés. Wikileaks n’est pas non plus inculpé. Seul Julian Assange est inculpé.

La situation n’est pas différente de celle d’Ellsberg, qui a divulgué les Pentagon Papers au New York Times. Le gouvernement américain voulait les poursuivre tous les deux, mais il en a été empêché par le premier amendement et le devoir longtemps accepté des organisations médiatiques de demander des comptes au gouvernement. La détérioration brutale du pouvoir protecteur du premier amendement et de la liberté journalistique depuis 1971 démontre la montée de la tyrannie. C’est de la tyrannie que Julian Assange fait l’expérience, et non d’une poursuite légitime.

Examinons attentivement la question de l’"espionnage". L’espionnage est une fonction de toutes les ambassades, partout dans le monde. Le but des ambassades n’est pas seulement de représenter les intérêts commerciaux et politiques d’un pays. Elles ont également pour mission de collecter des informations, d’autant plus sensibles qu’elles sont nombreuses. Lorsque le personnel d’une ambassade est pris en flagrant délit d’espionnage, il doit quitter le pays. Il n’est pas poursuivi.

Il est bien connu que les ambassades américaines contiennent des agents de la CIA se faisant passer pour des diplomates. En vertu du protocole régissant l’affaire Assange, la Russie, la Chine et d’autres pays pourraient arrêter des membres des ambassades américaines et les juger. En effet, de nombreux pays pourraient agir de la sorte les uns envers les autres. Ce qui l’empêche, ce n’est pas seulement le bon sens, mais le fait que les citoyens étrangers ne sont pas soumis aux lois des autres pays. Seuls les États-Unis, qui s’imaginent être une sorte de puissance internationale unique, affirment la primauté mondiale de leurs lois. Cette affirmation est absurde et ne repose sur aucune base juridique.

Le procès orchestré, en fait juridiquement incorrect, contre Assange n’est fondé sur rien d’autre que la demande de vengeance de Washington. Voici de quoi Assange est coupable : Il a divulgué des informations qui démontrent de manière concluante que le gouvernement des États-Unis est un menteur, qu’il trompe ses alliés et qu’il est un criminel de guerre. L’objectif du procès contre Assange est de le punir et d’intimider tous les journalistes pour qu’ils ne publient plus jamais d’informations défavorables au gouvernement américain.

En d’autres termes, l’objectif de l’affaire Assange est de mettre un terme définitif à la capacité des médias à demander des comptes au gouvernement. L’affaire Assange est le fondement même de la tyrannie. Une fois qu’elle est en place, la tyrannie se déchaîne.

Le fait que tant de "patriotes" abrutis soutiennent l’idée de "faire tomber Assange" témoigne d’une stupidité totale. "Faire tomber Assange" signifie se faire tomber soi-même, et ils sont trop stupides pour s’en rendre compte.

C’est ainsi que la liberté est assassinée.

Paul Craig Roberts

Traduction "une affaire source d’étonnements sans fin" par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

»» https://www.paulcraigroberts.org/20...
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Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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