On ne va peut-être pas toujours taper sur les Anglo-américains et sur la manière dont nous nous aliénons par rapport à eux.
Parlons, pour une fois, des Africains.
Soit une petite fille de huit ans, née à Neuilly et résidant dans cette ville de rêve. Vous allez l’entendre dire, fort naturellement, "Ma poupée , elle est trop belle", ou encore, "Cette glace à la vanille, elle est trop bonne". Ce qu’elle veut dire, c’est que cette poupée est TRES belle ou que sa glace est TRES bonne.
Cette enfant n’a aucun contact avec aucun Arabe, aucun Africain noir. Et pourtant, elle leur doit cette inexactitude.
Il existe en Afrique de l’Ouest une langue véhiculaire (langue seconde parlée couramment) qui s’appelle le dioula (environ 20 millions de locuteurs). Cette langue ne fait pas la distinction entre très et trop. Elle utilise dans les deux cas le mot caman (prononcez tiaman). La confusion très/trop a d’abord concerné ce qu’on appelle désormais les "quartiers" avant de se répandre dans toute la société.
Si la petite habitante de Portum Lulliaco est vraiment sous influence, elle ira jusqu’à dire que sa glace est "trop bonne, même" (caman dè).