L’émir du Qatar, Cheikh Hamed Ben Khalifa Al-Thani, a entamé, aujourd’hui lundi, une visite officielle en Algérie, à l’invitation du président Bouteflika. De source officielle, cette visite est destinée à procéder à l’évaluation de la coopération bilatérale et à signer des accords de partenariat entre les deux pays. Ce sera aussi l’occasion, ajoutent les mêmes sources, d’échanger les points de vue sur les questions arabes, régionales et internationales d’intérêt commun. Ce qui est apparemment laissé dans l’ombre, ce sont les profondes divergences d’intérêt qui opposent les deux pays sur les questions de politique régionale mais aussi au plan économique. Le plus grave a été révélé il y a quelques mois par un hebdomadaire français concernant l’implication du Qatar dans l’occupation du Nord-Mali par les groupes terroristes qui ont déstabilisé le Mali et constituent une menace sur les frontières de notre pays. Les insurgés touareg du MNLA (indépendantistes et laïcs), les mouvements Ansar Dine, Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest) auraient reçu une aide en dollars du Qatar. Cela rejoint une autre révélation faite, celle-là , par l’ancien ambassadeur tunisien à l’Unesco, Mezri Haddad, qui avait déclaré au journal arabophone El-Khabar que le Qatar oeuvrerait à la déstabilisation de l’Algérie. « Après avoir détruit la Tunisie, l’Egypte et la Libye, semé la discorde en Syrie, maintenant, vous complotez contre l’Algérie », a-t-il lancé à l’adresse des responsables qataris. Mezri Haddad est convaincu que le Qatar « concentre ses efforts de déstabilisation actuellement sur l’Algérie ». Il serait reproché à notre pays, entre autres, d’avoir empêché l’expulsion de la Syrie de l’Unesco. La position sur ce qui se passe en Syrie est l’autre point de divergence avec le Qatar qui est devenu la tête de pont des pays occidentaux qui oeuvrent à détruire ce pays. Tout le monde a encore en mémoire la violente campagne lancée par la chaîne qatarie Al Jazeera contre l’Algérie. Enfin, au plan économique, on sait que le Qatar, qui a énormément investi pour accroître sa production de GNL dont il domine le marché mondial depuis le début de 2006, risque d’évincer l’Algérie non seulement des marchés actuels, en Europe, mais y compris des marchés potentiels sur d’autres continents.
Kamel Moulfi
http://www.algeriepatriotique.com/article/lalgerie-et-le-qatar-reussiront-ils-aplanir-leurs-divergences
Le prix à payer pour être présenté par les média comme un candidat "responsable et sérieux" est généralement d’être en accord avec la distribution actuelle de la richesse et du pouvoir.
Michael Lerner