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L’Algérie est-elle condamnée à la situation de statu quo ?

Depuis le recouvrement de l’indépendance du pays, jamais une élection, quelle que soit son importance, n’a été aussi porteuse de dangers. La prochaine élection présidentielle l’est à tous les niveaux. En plus du statu quo politique, les fléaux risquent de se décupler, à l’instar de la corruption. Malgré les préoccupations exprimées ici et là, le paysage politique ne va pas évoluer. En ce moment, bien que la scène politique bouge un tant soit peu, les voix contestataires –et c’est le moins que l’on puisse dire –n’ont pas assez d’écho dans la société. Or, pour qu’il y ait un changement, il faudrait que ce projet soit porté par les citoyens. Dépendant de ces voix pour être élus, y compris pour les mandats locaux, on ne risque pas de voir les politiques pointer du doigt ces défaillances.

D’une façon générale, sur le plan politique, depuis le retrait de Hocine Ait Ahmed de la vie politique, il n’y a plus d’hommes politiques qui appuient là où ça fait mal, tout en étant raisonnables. Doté d’une capacité exceptionnelle à simplifier le message politique, Hocine Ait Ahmed parvenait toujours à susciter un engouement autour de son positionnement. Sa crédibilité et ses positions fermes envers le régime ont fait de lui le recours possible. En 1991 ou en 1999, sa présence suffisait à convaincre les plus réticents. Et à l’époque, l’espoir était réellement permis. D’où tenait-il sa force ? S’il participait un scrutin, il n’omettrait jamais de signaler la mauvaise foi du régime et le caractère antinomique de son projet avec celui du régime.

D’ailleurs, depuis l’indépendance du pays, il a toujours combattu, sans fard ni acrimonie, l’orientation politique des décideurs. Faut-il rappeler que sa divergence avec ceux-ci remonte au moins au lendemain de la signature des accords d’Evian. En réalité, le désaccord remontait à 1956. En effet, parmi les allumeurs de la mèche en 1954, il y avait, d’un coté, ceux qui croyaient au primat du politique sur le militaire [Abane (à partir de 1955), Ait Ahmed, Ben Mhidi), et, de l’autre coté, ceux qui défendaient le contrat moral entre les membres d’un groupe restreint en vue de gérer la guerre d’Algérie. Hélas, ce dernier groupe, dont le chef de file fut Ben Bella, réussit à imposer son orientation.

Avant l’indépendance du pays, ce groupe se renforçait, avec l’arrivée de Boumediene, Bouteflika, etc. En s’imposant en 1962 contre l’instance légitime de la révolution [dominée par les 3B, dont la conception de pouvoir ne différait guère du groupe dominant], le groupe auquel appartient l’actuel chef de l’État s’est emparé violemment du pouvoir. Pour ceux qui croient qu’une lueur d’espoir puisse venir de ce régime, ils doivent savoir que les hommes qui ont perpétré le coup d’État en 1962 sont toujours aux commandes. Par ailleurs, bien que certains décrivent la nature de ce régime en termes conciliants, force est de reconnaitre que la situation d’aujourd’hui n’est pas si éloignée de celle de 1962.

Quoi qu’il en soit, selon les circonstances, le régime a toujours su s’adapter à la situation. Lors de la crise pétrolière des années 1980, où le régime fut incapable de subvenir aux besoins alimentaires de la population, il a accepté, sans y croire absolument, une ouverture politique. Dans les années 2000, où les caisses sont renflouées, le régime revient sur ces parcelles concédées. Du coup, ceux qui concentrent les critiques contre un seul homme, notamment les opposants de circonstance réclamant l’application de l’article 88 de la constitution, se trompent de cible. Mais, en s’opposant à Bouteflika, certaines voix sont-elles vraiment opposantes au régime dans sa globalité. La réponse est non.

Voilà grosso modo la situation à quatre mois de l’élection présidentielle. Faut-il pour autant laisser le terrain libre à ce régime et à cette pseudo-opposition qui a toujours tourné le dos à l’idéal démocratique en Algérie ? Incontestablement, le retrait des forces vives de la nation de l’arène risque de déboucher sur une explosion. Cela dit, bien qu’il n’y ait quasiment pas de chance pour changer le régime en 2014, il faudrait que l’opposition revoie sa copie. Enfin, à mesure que le rendez-vous s’approche, on ne peut que regretter le retrait de Hocine Ait Ahmed de la scène politique. Développant un discours clair, tranchant et sans concession, son engagement a toujours suscité un grand espoir. En prenant part à un scrutin ou en le boycottant, on a toujours compris sur quelle base il a fait son choix. Et malgré sa stature et sa renommée internationale, il s’est toujours adressé aux militants pour qu’ils partagent le combat avec lui.

Pour conclure, il va de soi que le prochain scrutin va consacrer le maintien du statu quo. D’ailleurs, comment la situation pourrait-elle être autrement ? Entre un peuple démissionnaire, une pseudo-opposition qui souffle le chaud et le froid et une autre opposition qui n’est pas prête, le régime va être reconduit sans peine. Et s’il devait y avoir une bataille, elle serait entre les clans du régime. Quant aux responsabilités, bien que les dirigeants soient responsables en grande partie, les organisations politiques, syndicales, ont toutes leur part de responsabilité. Enfin, pour minimiser les dégâts et surtout pour ne pas tourner le dos à l’Algérie, il faudrait que les vrais opposants disent haut et fort leur désapprobation à la politique du régime.

Ait Benali Boubekeur

»» http://ait-benali.over-blog.com/
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Analyste politique progressiste de tout premier plan aux États-Unis, Michael PARENTI, docteur en Sciences Politiques de l’Université de Yale, est un auteur et conférencier de renommée internationale. Il a publié plus de 250 articles et 17 livres. Ses écrits sont diffusés dans des périodiques populaires aussi bien que dans des revues savantes, et ses textes engagés l’ont été dans des journaux tels que le New York Times et le Los Angeles Times. Ses livres et ses conférences, informatives et (…)
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